Ce qui nous lie
L'indépendance pour l'environnement et nos cultures
« Il est temps de nous tourner vers ce qui nous lie. Il est aussi temps de prendre nos responsabilités et de regarder les choses en face. (…) Faire un pays souverain avec les peuples qui habitent ce territoire, pour moi, c’est plus que possible. C’est ce qui nous attend.»
Ainsi s’ouvre l’avant-propos de Natasha Kanapé Fontaine, militante et artiste autochtone bien connue qui a décidé de joindre sa voix à celle des dix député.e.s de Québec Solidaire et du militant autochtone Michaël Ottereyes dans leurs plaidoyers pour l’indépendance du Québec. Chacun.e à leur façon, ils et elles nous disent pourquoi cette idée indémodable reste un objectif central dans leur action politique. En effet, pourquoi parler de souveraineté aujourd’hui?
Pour les auteur.e.s, il est temps de retrouver les « raisons fortes » de l’autodétermination, qui s’articulent autour de l’écologie et de la défense de la culture. Contrairement à la façon dont le discours autour de l’indépendance s’est articulé ces cinquante dernières années, ils et elles insistent pour que ce combat politique assure la souveraineté des peuples du Québec. L’indépendance doit être le fruit d’une lutte conjointe entre peuples autochtones et allochtones. Penser un avenir meilleur qui tourne le dos à la destruction de la nature, aux injustices et à l’érosion de nos cultures, telles devraient être les raisons fortes de l’autodétermination. Cet ouvrage s’adresse autant à la jeune génération pour qui l’avenir semble bien sombre quand la planète se détraque, qu’aux souverainistes déçu.e.s ou aux gens qui n’ont jamais vraiment saisi pourquoi s’embarquer dans un tel projet.
L’écologie et la souveraineté des peuples doivent être les lignes maîtresses pour réconcilier les jeunes générations avec l’idée d’indépendance, et inviter les Autochtones à devenir des allié.e.s dans cette lutte. Comment protéger notre territoire des exploitations irresponsables si nous n’avons pas en mains tous les leviers de pouvoir pour le faire? En matière de protection des écosystèmes, on ne compte plus les secteurs qui restent sous contrôle canadien: transport ferroviaire, limites de pesticides dans nos champs, pêche, navigation sur le fleuve, lacs et rivières… Impossible par exemple de décider des règles minimales pour protéger notre fleuve d’un déversement de pétrole, alors qu’il est la source d’eau potable de près de la moitié des Québécois.e.s, qu’il abrite des écosystèmes fragiles et que le trafic sur la voie maritime du Saint-Laurent est appelé à augmenter.
Il devient impératif de s’attarder à ce qui nous relie, sur ce territoire malmené qui façonne nos cultures et dont dépend notre avenir. Par l’exercice d’assemblée constituante, il y a là une opportunité historique de remettre en question les institutions qui maintiennent la domination coloniale envers les Autochtones et nous empêchent de protéger adéquatement nos territoires.
Décortiquer le cadre colonial historique canadien, le saccage néolibéral de la globalisation, l’appauvrissement de nos cultures, de nos langues, l’autodétermination avec les Autochtones, les pouvoirs à obtenir pour protéger l’environnement, ceux à repenser pour l’ensemble des régions du Québec, et pour une fiscalité plus juste, tels sont les sujets que les auteur.e.s abordent dans ce livre riche de propositions.
L’indépendance ne peut passer que par un projet de transformation de la société pour le mieux. C’est la conviction profonde de ces hommes et femmes qui prennent la plume et défendent ce projet tous les jours sur le terrain ou à l’Assemblée nationale du Québec.
Faire un pays pour changer le monde, en somme.
« Ce projet de souveraineté sera un geste collectif inédit pour les peuples du Québec, mais c’est la seule façon d’être à la hauteur de notre siècle.»
Gabriel Nadeau-Dubois