La princesse du rythme
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Elle s’appelle Guylaine Guy. Elle est québécoise. Vous ne la connaissez pas? Elle a été la muse de Charles Trenet, qui l’a présentée comme sa fiancée. Elle a participé à la création d’une des plus célèbres comédies musicales de Cole Porter à Broadway. Elle a été choisie par Louis Armstrong pour faire la première partie de son spectacle à l’Olympia de Paris, où il l’a sacrée «princesse du rythme». Au bout d’un long et imprévisible périple, elle est venue se poser à Trouville, en Normandie, tandis que les ténèbres menaçaient d’engloutir son esprit et tous ses souvenirs. Pour nous raconter cette vie on ne peut plus romanesque, Catherine Genest a choisi d’écrire non pas une biographie, mais bel et bien un roman. Elle se glisse dans la peau de Guylaine Guy, elle emprunte sa voix. Elle nous parle de son enfance à Montréal, de l’école de jeu et de chant de sa mère, elle-même artiste aux ambitions frustrées. Elle nous fait revivre ses débuts dans les années 1950, dès la fin de l’adolescence, dans les cabarets du Red Light, dont le fameux Faisan Doré, repaire de la pègre. Ses passages au El Morocco, son pendant anglophone, où on insiste pour la présenter comme une pure Parisienne, mais où au moins elle a le bonheur d’improviser avec Oscar Peterson et tous ces fabuleux jazzmen qui y sont également invités. Et puis Paris, New York, et le monde entier, où son tour de chant l’a fait monter sur les mêmes scènes que les plus grandes, les Dietrich, les Piaf, aussi bien à Rio qu’à Istanbul. La Princesse du rythme témoigne du combat d’une femme dans un domaine encore farouchement régenté par les hommes. Son combat contre la malhonnêteté des impresarios, contre la solitude de l’artiste à qui on demande de tout sacrifier, contre l’impitoyable machine du showbiz qui dévore les talents et les vies. C’est un fascinant tableau du monde du music-hall de l’après-guerre, aussi bien en France qu’au Québec. Mais c’est surtout, grâce à l’art de la romancière, le portrait d’une femme au tempérament de feu, qui saisit la vie à bras le corps, poussée par ce besoin irrésistible de créer, quelle que soit la forme artistique.