La rue dévore
Est-ce une chute si l’on doit tomber ?
Dans La rue dévore, le narrateur semble avoir pris parti. Lâcheté ou clairvoyance ? Affect ou lucidité ?
À de nombreuses reprises, dans les années qui suivirent, je continuai fréquemment à penser à la rue. Avant un examen pour lequel je n’avais pas étudié, je pensais à la rue. Après une âpre dispute avec ma blonde ou avec mes parents, je pensais à la rue. Lorsque je me faisais chier au travail, je pensais à la rue – et comme je m’y faisais toujours chier, je pensais souvent à la rue. Ce qui me donnait un certain vertige, toutefois, c’est qu’il m’arrivait de penser à la rue non seulement dans les moments de contrariété ou de difficulté, mais aussi dans des situations tout à fait banales : à l’épicerie, en écoutant la télévision, en marchant.
C’est que la rue aussi pensait à moi.