L’aventure chez soi

Gilles Pellerin
Jean-Marie Lanlo / L’instant même
Publié le :
In memoriam

L’aventure chez soi

François Blais (1973-2022)

Avec ses décors dénués de vernis et sa plume aussi précise qu’économe, François Blais s’est fait romancier du quotidien. Et son œuvre lui survit, espiègle, brillante, pleine de promesses comme un 14 mai dans l’arrière-pays.

«J’aime bien l’idée que cette phrase ne parle de rien sinon d’elle-même.»

François Blais, «Sam»

Au centre, au cœur de l’œuvre de François Blais se trouve Grand-Mère. La ville doit son nom à un rocher au profil de vieille Algonquine, qui reposait autrefois dans la rivière Saint-Maurice, avant d’être démonté (rien que ça) et remonté en pleine terre, un peu au-dessus de ce qu’on appelait quartier des Anglais1Qui a, depuis, été rasé pour faire place à un éphémère stationnement.. Quoi qu’il y paraisse, la mémé de pierre a un jour été jeune: afin de prouver sa valeur et de se montrer digne d’elle, du moins aux yeux du père d’icelle, son fiancé avait pris la route du nord, via la Tapiskwan sipi, à la recherche de belles peaux, qu’on appellera ici «pelleteries», à l’ancienne, aïeule oblige.

Comme dans les opéras, dans les légendes, et parfois dans la réalité, les pères des jouvencelles sont parfois l’équivalent des fortifications dont on entourait les villes pour les rendre imprenables. Et les vierges font la promesse d’attendre, quoi qu’il advienne–en l’occurrence rien.

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