L’aventure chez soi
Avec ses décors dénués de vernis et sa plume aussi précise qu’économe, François Blais s’est fait romancier du quotidien. Et son œuvre lui survit, espiègle, brillante, pleine de promesses comme un 14 mai dans l’arrière-pays.
Il y a un an, Mathieu Lefèvre est parti tenter sa chance à New York et jamais nous n’aurions pu imaginer que cette ville nous l’aurait ravi à ce point. Né à Edmonton mais ayant choisi le Québec pour développer son grand talent, Lefèvre est mort à Brooklyn, écrasé par un camion dans la nuit du 18 au 19 octobre dernier, alors qu’il circulait à vélo. Les circonstances de son décès restent nébuleuses et l’enquête semble avoir été bâclée. Il avait 30 ans.
La nouvelle a frappé de stupeur le milieu des arts québécois. Depuis 2005, Lefèvre avait monté 21 solos et participé à 32 expositions collectives, dont la Biennale de Prague, Artefact 2007 et le Symposium d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. Il nous laisse une oeuvre critique, caustique et mordante, essentielle dans un milieu de l’art—et une société—où la superficialité domine trop souvent.
Avec ses décors dénués de vernis et sa plume aussi précise qu’économe, François Blais s’est fait romancier du quotidien. Et son œuvre lui survit, espiègle, brillante, pleine de promesses comme un 14 mai dans l’arrière-pays.