Trente livres à lire cet été

Œuvre: Jan Toorop, «Portrait de Marie Jeanette de Lange» (recadré), 1900. (Rijksmuseum Amsterdam)
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Les choix de la rédaction

Trente livres à lire cet été

Les vacances, c’est toujours un bon prétexte pour faire un brin de rattrapage sur les nouveautés de la dernière année ou pour jeter notre dévolu sur des titres pas forcément récents, qui dorment parfois déjà dans nos bibliothèques, ou qu’on peut acheter pour trois fois rien dans les librairies de seconde main.

Voici, à ce chapitre, 30 suggestions de romans, bédés et essais que recommande la grande famille de Nouveau Projet pour l’été 2025.

Les parutions récentes

La mère des larves 

Maude Jarry (Les éditions de ta mère)

J’ai appris à 17 ans que j’avais un kyste ovarien de la grosseur d’un ballon de football; le premier roman de Maude Jarry était donc fait pour me rentrer dedans de façon viscérale. Sarah, la trentaine, navigue un système de santé qui ne reconnait pas ses douleurs et un entourage qui accueille mal sa décision de ne pas avoir d’enfant. Que les petites natures soient prévenues: ici, les parasites s’infiltrent, les larves se font un nid. Mais les créatures qui assaillent le corps offrent aussi des cadeaux insoupçonnés—autant d’occasions de solidarité et de reprise de contrôle sur sa santé reproductive. Caustique, vif, le livre brasse autant qu’il guérit.

Amélie Panneton, critique littéraire, Nouveau Projet


Alerte: nouvelle héritière de Kafka en vue! En pondant ce premier roman, l’autrice et diplômée en thanatologie  Maude Jarry livre un récit d’horreur corporelle où parasites, plaies, corps éventrés, putréfaction et autres choses peu ragoutantes sont au rendez-vous. À travers l’histoire du personnage principal, Sarah, se cache plusieurs critiques sociales: la pression de la famille pour faire des enfants, le système médical qui dépossède les femmes de leur propre corps, l’autoguérison via les sectes sataniques… À ceux et celles qui ont une fascination pour la mort et l’esthétisme qui l’entoure, ce roman est pour vous. 

Amélie Labrosse, coordonnatrice de production, Atelier 10


Uncommon People: Britpop and Beyond in 20 Songs

Miranda Sawyer (John Murray Press)

J’ai découvert Blur et Miranda Sawyer à peu près en même temps, en 1991. J’avais 18 ans. Le groupe avait lancé son premier album, tandis que la jeune journaliste écrivait dans les magazines britanniques auxquels je m’abreuvais. L’un comme l’autre ont marqué mes années 1990: le premier avec sa musique, les paroles de ses chansons, son look, son arrogance joyeuse; la seconde avec ses articles que je lisais et relisais, essayant d’absorber leur cadence et leur structure pour arriver à en écrire des semblables. En 1999, Sawyer a publié dans l’Observer un long portrait du groupe—le prétexte était le lancement de l’album 13, marqué par la rupture entre le chanteur Damon Albarn et Justine Frischmann (de Suede puis Elastica), mais aussi par l’imminence de celle entre Albarn et le guitariste Graham Coxon. J’ai lu le texte étendu sur l’herbe d’un parc londonien, par un jour radieux de printemps—plus tard je comprendrais que mes années 1990 s’étaient terminées autour de ce moment, mais je ne le savais pas encore. On perçoit rarement la fin des époques, sur le coup.

Dans Uncommon People, Miranda Sawyer s’attarde à 20 chansons marquantes de la scène britannique des années 1990: leurs artistes, leurs créations, leurs conséquences. L’étiquette britpop était douteuse à l’époque (jamais aucun groupe ne s’en est réclamé—Frischmann racontera plus tard avoir lu le terme pour la première fois dans le NME et avoir ressenti «this horrible feeling that it was gonna catch on»), et elle l’est encore aujourd’hui, comme Sawyer est la première à le reconnaitre. De toute façon, ce qui reste, ce sont des chansons, pas des inventions journalistiques ou des rivalités tribales, et Uncommon People nous offre une plongée dans plusieurs des perles pop de cette période: de «Girls and Boys» des susmentionnés Blur à «Setting Sun» des Chemical Brothers, en passant par des pièces de Suede, Elastica, The Verve et autres artistes marquants—incluant bien sûr le «Common People» de Pulp, qui a inspiré le titre du livre. 

Ces 20 textes en disent beaucoup sur la musique qui a façonné cette décennie. Mais ce qu’on en retient peut-être surtout, c’est la plongée douce-amère dans ce que c’était que d’avoir 20 ans durant les années 1990 (et un peu n’importe quand, sans doute): la soif d’expériences et de subtances psychoactives, l’obsession pour les bands et les subtilités vestimentaires, l’amour et ses aléas, le sexe, l’ambition, la musique qui semble plus importante que tout. 

À la toute fin de la décennie, en juin 1999, deux amis âgés eux aussi de 20 ans lanceront une plateforme numérique de partage de fichiers. Napster et les changements de mœurs qu’il provoquera allaient donner à l’industrie musicale un dur coup qui, s’il ne s’est pas tout à fait avéré mortel, l’a transformée de manière fondamentale. Les choses ne seraient plus jamais les mêmes par la suite. Mais bien sûr nous ne le savions pas encore, à l’époque.


Nicolas Langelier, rédacteur en chef, Nouveau Projet 


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