Michel Marc Bouchard est l’une des plus brillantes étoiles de la dramaturgie québécoise. Ses pièces, jouées partout dans le monde et souvent portées à l’écran, ont un impact considérable sur la vie des gens. Il partage les valeurs qui le guident dans son travail et sa vie.
Propos recueillis par Catherine Genest.
Trouver son exutoire
L’écriture, et particulièrement l’écriture dramatique, a été un prolongement de ce que je suis, et ce, depuis mon jeune âge. Elle a été fantasmatique et «réconciliante» avec les paradoxes et les monstres qui m’ont habité. Avec le temps et le recul, elle a été un exutoire sans véritable objectif.
Mes obsessions, si l’on avait à les résumer ainsi, ont été la place de l’art dans notre société, le regard de l’étranger sur ce que nous sommes et les amours marginales. Finalement, partager avec ma société les questions qui m’habitent a été ma principale motivation.
Se ressaisir quand sa tête commence à enfler
Je suis vaniteux de nature. J’aime les honneurs et les honneurs m’aiment bien. Tout jeune, on m’a fait croire au génie et dans l’extase du dithyrambe, je suis devenu mauvais.
André Brassard, lors d’une soirée montréalaise célébrant le succès des Feluettes (1985), a remarqué que je n’allais pas bien. N’habitant pas Montréal, fraichement diplômé de l’université, donc un peu snob, je n’étais pas familier avec la faune du showbiz québécois. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi toutes ces stars de la télé et du cinéma devenaient instantanément mes amies et me couvraient de compliments. J’étais trop jeune pour une ascension si rapide dans cet univers, et ça me donnait un vertige avec les nausées qui l’accompagnent. C’est alors que Brassard m’a dit: si tu les crois lorsqu’elles te consacrent génie, aie la décence de les croire lorsqu’elles te traiteront d’imbécile.
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