Grands faiseurs

Samuel Vandenberg
 credit: Photo: Luis Quintero
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Photoreportage

Grands faiseurs

Les artisans

Souvent dépeints comme des victimes de la modernité et de la mondialisation, les artisans n’ont pourtant pas complètement disparu. L’engouement des années 10 pour le local et le durable leur donne même un nouveau souffle.

Pour plusieurs, le carnet de commandes déborde et la relève se presse dans l’embrasure de la porte. Point commun de ceux qui s’en tirent le mieux dans l’économie du 21e siècle: si les fondements de leur art sont restés intacts, ils ont su dépoussiérer leur image et profiter des occasions nouvelles, notamment celles qui sont offertes par l’internet. 


L’horloger

Daniel Pelletier

«J’ai beau avoir l’heure sur des dizaines de cadrans dans mon atelier, je manque de temps pour tous les réparer! L’horlogerie est un métier qui nécessite beaucoup de patience; c’est très important d’établir un climat de confiance avec les propriétaires des horloges à réparer. Ils confient un objet précieux avec une histoire et ne veulent pas que n’importe qui mette les mains dedans. J’essaye la plupart du temps de leur faire visiter mon lieu de travail et de leur montrer ce que je fais. Le contact est un aspect très important de la profession, ce qui me fait dire qu’il y aura toujours des horlogers.»


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 Le forgeron

Mathieu Collette

«La forge n’est pas morte. C’est important de la garder en vie, et je ne suis pas inquiet. Les gens sont tannés d’acheter des outils de mauvaise qualité, on le voit notamment avec l’avènement du bio. La forge est indispensable, si on veut retourner à une économie locale, durable et écoresponsable. On est capables de produire des objets de longue durée, contrairement à tout ce que l’on peut trouver sur le marché aujourd’hui. Le prix est plus élevé que dans les grandes surfaces, mais quand on y pense, c’est plus intéressant d’acheter du matériel de qualité une fois dans sa vie que de le renouveler tous les cinq ans.»



La typographe

Kiva Stimac

« ’ai toujours eu l’encre dans le sang. Mes parents travaillaient avec une presse à la maison, j’ai donc su m’en servir très jeune. Aujourd’hui, la typogravure revient à la mode, beaucoup de jeunes s’intéressent à la profession. C’est assez facile d’apprendre par soi-même. Tout est disponible sur l’internet, ce n’est plus vraiment nécessaire d’aller à l’école. Le plus difficile n’est pas d’apprendre le métier, mais de trouver du matériel en bon état : quand j’ai commencé, dans les années 1990, les gens jetaient leurs presses dans la rue, alors que maintenant tout le monde se les arrache à prix d’or. Une fois l’équipement de base acheté, il ne reste plus qu’à écrire sa propre histoire.» 


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Le cordonnier

Seïdou Dembélé

«J’ai appris le métier de cordonnier à l’âge de neuf ans dans les rues d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ici, dans ma cordonnerie, rien ne se perd, tout se répare. Si on fait bien son travail, on n’en manquera jamais: des trous dans les chaussures et des semelles à réparer, il y en aura toujours. Beaucoup de jeunes viennent me voir et me demandent de leur apprendre le métier, car il n’y a pas d’école au Québec. D’ici quelques mois, quand je serai tout à fait installé, je prendrai un apprenti, parce que je n’oublie pas d’où je viens.»



Le tailleur de pierres

Alexandre Maquet

«Beaucoup de gens pensent que l’industriel est une menace pour l’artisanat. La réalité, c’est qu’en ce qui concerne la taille de la pierre, la profession n’est absolument pas en danger. Il suffit de regarder mon emploi du temps: je suis occupé tous les jours, du matin au soir. Oui, j’ai dû m’adapter aux nouvelles technologies, mais aujourd’hui ce sont les machines qui sont au service de l’artisan, pas l’inverse. Le taux de placement des jeunes qui sortent de l’école avoisine les 98%. Tout va bien pour nous, il n’y a pas de quoi s’inquiéter!»

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Samuel Vandenberg a été stagiaire à Nouveau Projet au printemps et à l'été 2015. Il étudie le journalisme à Bruxelles.

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