L’aide à l’énergie solaire: une priorité?

Bertrand Schepper-Valiquette
Publié le :
Économie environnementale

L’aide à l’énergie solaire: une priorité?

Bien que les surplus hydroélectriques s’accumulent, la perspective d’intégrer l’énergie solaire à la production d’Hydro-Québec refait régulièrement surface. Serait-ce une bonne idée ? 

Soyons clair: l’énergie solaire (photovoltaïque) est présentement bien plus dispendieuse à produire que l’énergie hydroélectrique. De plus, sur le plan environnemental, une diminution de la consommation énergétique, de quelque nature qu’elle soit, demeure certes plus intéressante que l’intégration de la production d’énergie solaire. 

Cependant, le développement de ce créneau pourrait s’avérer important pour l’avenir énergétique de la planète, et il serait absurde de décourager le projet d’emblée. Au Québec, la production photovoltaïque provient essentiellement d’agriculteurs et de résidents qui comblent leurs besoins énergétiques (ou une partie de ceux-ci) grâce à l’énergie solaire. Pour le moment, ces autoproducteurs avant-gardistes sont dans l’impossibilité de vendre leurs surplus à Hydro-Québec. Alors que les petites centrales hydroélectriques privées et les parcs éoliens offrent leur production à fort prix (10,7¢/kWh), ils héritent plutôt d’un crédit sur leurs factures subséquentes.

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Pourtant, plusieurs juridictions, comme celle de l’Ontario, proposent un tarif de rachat garanti des surplus électriques provenant de l’autoproduction d’énergie solaire. La mesure, fortement encouragée par le gouvernement ontarien, constitue une manière de diminuer la production d’électricité provenant de centrales thermiques ou nucléaires, même si cette dernière coute de quatre à six fois moins cher.

Quelle serait donc la solution, au Québec, pour ne pas hausser les couts d’achat d’électricité—et donc la facture des résidents—tout en encourageant les projets de production photovoltaïque?

Présentement, le prix moyen du kilowattheure vendu aux Québécois se situe autour de 8,3¢, alors que le prix moyen de vente des exportations aux États-Unis demeure sous la barre des 4,5¢. Il -serait absurde d’appliquer, pour les auto-producteurs d’énergie solaire, le dispendieux système de rachat à 10,7¢/kWh consenti aux centrales privées; ce ne serait tout simplement pas rentable pour Hydro-Québec.

En revanche, il serait intéressant de considérer la proposition de messieurs Mousseau et Lanoue, énoncée dans leur rapport Maitriser notre avenir énergétique. Les auteurs suggèrent un rachat des surplus de production photo-voltaïque au Prix d’achat fixe selon les opportunités du marché (paso), qui correspond au prix disponible sur le marché d’exportation en période hors pointe (autour de 3¢/kWh). Cette mesure aurait pour effet de ne pas engendrer beaucoup de surplus tout en encourageant l’autoproduction d’énergie solaire, avec un impact marginal sur les tarifs hydroélectriques.


Bertrand Schepper-Valiquette est chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Diplômé en administration des affaires de HEC Montréal, il possède également une maitrise en science politique de l’UQAM. Il s’intéresse plus spécifiquement aux défis énergétiques et environnementaux du Québec.

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