Biorégion ou barbarie
Et si le projet biorégional pouvait nous aider à traverser l’effondrement? Dans cet extrait de l’essai «Faire que!», récemment paru chez Lux Éditeur, l’auteur et philosophe Alain Deneault appelle à un certain retour à la terre.
Immigrer au Québec vient avec un jargon, sorte de langage secret, que les gens nés en France sont souvent les seuls à comprendre, à maitriser. Notre collègue en résume les grandes lignes.
Photos: Mathieu Choquell
À celles et ceux qui n’en ont jamais entendu parler, et aux autres,
Dans tout territoire existent des réalités que ne pourront jamais connaitre ceux et celles qui y sont né·e·s. Cela dit, ils et elles ont bien de la chance de pouvoir se passer de faire le tour du poteau.
À mon arrivée au Québec, j’ai découvert les joies d’être du mauvais côté de la flèche migratoire. Français, j’étais habitué à me trouver tout au bout de la pointe. Ici, c’était une autre affaire. Je faisais mes premiers pas dans ce territoire drapé de blanc, et je tombais nez à nez avec une réalité que je n’avais pas envisagée: les institutions québécoises, comme celles des Russes peut-être, conçoivent leur fun sous forme de poupées qui en enfantent d’autres, puis d’autres, et ce, jusqu’à épuisement de la dernière. Sur ce principe, ma poupée québ avait accouché d’une poupée administrative dont je me serais bien passé. Mais j’étais loin d’imaginer que celle-ci donnerait bientôt naissance à une poupée «jeunes pros1En référence au permis Jeunes professionnels au Canada, un contrat de travail de deux ans pour les étranger·ère·s qui détiennent une promesse d’embauche.», une poupée RAMQ, une poupée SAAQ et bien d’autres encore. Et chaque accouchement amène son lot d’emmerdes, tant il est un poncif avéré que celles-ci viennent en grappe.
Pour moi comme pour beaucoup, ma rencontre avec le fun à la québécoise fit le son d’un animal sauvage qu’on renverse en voiture: IRCC.
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