La solastalgie
Marqué par une quête de beauté, l’essai «Les paysages intérieurs» dit le deuil des paysages disparus ou transformés à travers le concept de solastalgie. Voici un extrait du dernier titre de notre collection «Documents».
Alexandre Castonguay et Nicolas Lauzon, coauteurs du dernier titre paru dans notre collection Pièces, sont deux artistes rouynorandiens. Leur collaboration, née du désir de confronter la poésie de l’un à la dramaturgie de l’autre, a donné naissance à un puissant drame social.
Avec un Coin jeté dans l’Nord, vous vous êtes lancés l’un et l’autre pour la première fois dans l’écriture d’un texte de théâtre. Est-ce que c’est aussi la première fois que vous écriviez à quatre mains? Que retirez-vous de votre expérience d’écriture?
Alexandre et Nicolas: Écrire ensemble a été un jeu, du début à la fin du processus. Au fur et à mesure que nous avancions, les règles se précisaient, nous les mettions à notre gout selon nos besoins, nos humeurs, afin qu’elles nous ressemblent. Mais toujours, un chronomètre au centre de la table réglé sur 12 minutes, et nous deux, chacun de notre côté de la petite table, écrivant la même scène, avec les mêmes personnages qui vivent la même situation.
Nous jouions, certes, mais nous combattions, aussi. Nous étions rivaux et camarades, chacun s’émerveillant des bons coups de l’autre, mais chacun voulant prendre sa revanche. Douze minutes de tension dans notre petite pièce en haut d’un café bar, la musique d’en dessous et Claude Saucier qui anime C’est si bon en background, la chaufferette bruyante aussi, des livres sur les tablettes, une carte de l’Amérique du Nord sans route ni ville au mur. Finalement, le temps écoulé, les 12 minutes disparues, nous écoutions attentivement, à la fois jaloux et émerveillés, les mots de l’autre. Comment avons-nous réussi à unir nos intelligences sensibles? Peut-être que la réponse réside dans l’intimité du corps à corps des mots.
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