On y va en téléphérique?

Gabrielle Immarigeon
Modélisation: Alexandre Lapierre
Publié le :
Urbanisme nouveau

On y va en téléphérique?

La ville futuriste des publicités de l’après-guerre ne semble plus si éloignée: se déplacer dans les airs grâce au transport urbain par câble est devenu une réalité pour plusieurs dizaines de villes à travers le monde. De la Colombie à l’Angleterre, le téléphérique fait une percée dans le secteur des transports collectifs.

En fonction depuis maintenant sept ans, le Metrocable de Medellín, en Colombie, est devenu le symbole des adeptes du téléphérique [voir La lettre de l’étranger, p. 26]. Parfaitement intégré au métro de la ville, il a désenclavé des quartiers défavorisés.

Singapour, Londres, New York et Portland figurent parmi les autres métropoles qui ont adopté le téléphérique comme mode de transport collectif.

«Les gondoles sont un bon mode de transport urbain: elles sont sécuritaires, écologiques, peu bruyantes et surtout très rentables», affirme Steven Dale, fondateur de Creative Urban Projects, une entreprise de planification basée à Toronto. «Au tiers du cout d’un système léger sur rail et avec une desserte minimum de 3 000 personnes à l’heure, le téléphérique est très bénéfique pour une ville», ajoute-t-il.

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«Le téléphérique a assurément un avenir en ville, pour autant qu’il soit intégré au système de transports en commun», abonde Paul Lewis, professeur à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal. Selon lui, le cas de Lyon, où on peut prendre le métro et utiliser le même ticket pour monter dans le funiculaire, est un exemple à suivre.

Les détracteurs du téléphérique soulignent que ces installations représentent une pollution visuelle indéniable dans le paysage urbain. «Lorsqu’ils sont bien choisis, les pylônes s’intègrent à l’environnement et ont un faible impact sur le paysage», rétorque Steven Dale. Il suffit de -citer l’exemple de Barcelone, où le télé-phérique s’harmonise parfaitement au paysage urbain, -comme le souligne Paul Lewis.

L’entretien est un autre aspect à considérer, surtout lorsque le téléphérique est utilisé comme mode de transport collectif. Généralement, il faut immobiliser la ligne pendant une semaine, une fois par année, pour procéder à sa réfection.


Survoler Montréal

Un téléphérique pourrait-il être implanté à Montréal? En 2009, l’entreprise Skylink avait présenté un projet de téléphérique reliant la Rive-Sud au Vieux-Port. Mais il a rapidement été rejeté, étant donné sa facture salée (100 M$). De plus, «il partait de nulle part et arrivait nulle part», explique Paul Lewis.

En novembre 2012, Projet Montréal a dévoilé Entrée maritime, un projet à l’est du centre-ville de Montréal, reliant trois rives à l’aide d’un téléphérique. Cette fois-ci, il ferait partie intégrante du transport collectif, puisqu’il serait relié au métro de Longueuil et joindrait une future station de tramway montréalaise. Le projet est évalué à 25 M$.

M. Lewis doute toutefois que les gouvernements provincial et fédéral puissent être convaincus d’investir dans ce mode de transport, étant donné que le métro de Montréal n’est pas utilisé au maximum de sa capacité.

«Le métro a encore de la capacité, et alors?», lance Richard Bergeron, chef de Projet Montréal. «Pourquoi continuons-nous d’exiger du transport collectif une preuve d’utilité dont sont exemptées l’automobile et ses infrastructures?» 


Gabrielle Immarigeon travaille pour l’agence de valorisation urbaine Convercité, où elle a développé une expertise en consultation citoyenne et en participation publique. Elle s’intéresse à la place de l’individu dans la mise en œuvre et la conception de projets urbains, ainsi qu’à la création de quartiers écoculturels.

Quelques téléphériques dans le monde—parcours et achalandage quotidien


Portland (États-Unis) 

parcours de 1 km 

3 700 passagers par jour

New York (États-Unis) 

parcours de 1 km 

5 500 passagers par jour

Medellín (Colombie) 

parcours de 4,5 km 

300 000 passagers par jour

Caracas (Vénézuéla) 

parcours de 1,8 km 

3 000 passagers par jour 

Rio de Janeiro (Brésil) 

parcours de 3,5 km 

10 000 passagers par jour

Grenoble (France) 

parcours de 700 m 

900 passagers par jour

Londres (Royaume-Uni) 

parcours de 1 km 

6 800 passagers par jour 

Coblence (Allemagne)

parcours de 900 m 

5 000 passagers par jour

Singapour (Singapour) 

parcours de 1,6 km 

2 000 passagers par jour

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