Trois arguments pour l’amour de l’urbanité
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Malgré leurs politiques fiscales incitatives, plusieurs villes nord-américaines peinent à retenir les familles de partir en banlieue. La problématique n’est pas étrangère au fait que les enfants sont fréquemment négligés dans les processus d’aménagement urbain. Voici sept principes éprouvés pour rendre une ville accueillante, ludique et appréciée des plus jeunes.
Faire de la ville un immense terrain de jeu
Le parc reste souvent l’un des seuls lieux réellement destinés aux jeunes. Pourtant, comme le démontrent plusieurs recherches, dont une réalisée à Montréal-Nord en 2014 («Grandir en ville»), l’attrait d’un quartier auprès des enfants est lié à leur capacité de se projeter dans les rues, les ruelles, les places publiques et les artères commerciales et d’y voir une aire de jeu. Le simple ajout d’une glissoire en bordure d’un escalier ou une balançoire sur un trottoir permettrait de réserver à l’enfant des endroits ludiques dans l’espace public.
Sécuriser le quotidien
En moins de 40 ans, le nombre de jeunes qui marchent ou pédalent pour se rendre à l’école a chuté de 80 à 30%, selon le groupe de recherche Ville et mobilité de l’Université de Montréal. La sécurité routière est l’un des facteurs de cette baisse considérable. C’est pourquoi la mise en place de pistes cyclables isolées du trafic routier ou encore de passages piétons surélevés aux intersections se révèle d’une importance capitale: elle permet aux enfants d’appréhender leur ville pleinement, en s’y baladant librement.
Encourager le design participatif
Afin de répondre aux attentes de la communauté, pourquoi ne pas inclure les enfants dans les processus de conception urbaine? De plus en plus de villes s’ouvrent à des stratégies d’aménagement participatif en mobilisant divers outils de consultation pour imaginer des espaces, comme des blocs Lego. Le gouvernement australien est même allé jusqu’à lancer un concours de design auprès d’élèves de différentes écoles primaires pour concevoir un parc, d’un budget de plusieurs millions de dollars. Les participants étaient invités à soumettre leurs idées en recourant à des jeux vidéos comme SimCity, liés à la conception de villes virtuelles.
Recourir à l’urbanisme tactique
Ce mouvement, dorénavant planétaire, peut s’avérer très utile pour corriger une conception urbaine inadaptée aux enfants. Quelques pots de peinture, des plantes et des palettes suffisent à métamorphoser un lieu et à le rendre plus stimulant pour les jeunes (ne serait-ce qu’en peignant des jeux au sol). Avec plus de moyens, on peut ajouter un mobilier urbain ludique (bancs colorés mobiles, microbibliothèques, carrés de sable, hamacs...), qui favorise la créativité des tout-petits.
Miser sur la créativité
Les équipements pour enfants arborent souvent des formes et des couleurs génériques, tout droit sorties d’un banal catalogue de commande. C’est pourquoi de plus en plus d’architectes et de designers urbains se lancent dans la conception de modules de jeux originaux, plus attirants, mais aussi mieux adaptés aux exigences d’un public diversifié (enfants à mobilité réduite, avec des déficits de l’attention, etc.). De surcroit, l’accès à une grande variété de jeux permet à l’enfant de créer de nouvelles connexions cérébrales mais aussi de développer ses aptitudes sociales.
Penser aux ados
Les adolescents, qui adoptent un mode de vie de plus en plus sédentaire au détriment de leur santé, sont souvent les grands négligés de l’aménagement urbain. La ville doit les inviter à bouger sur une base régulière, en leur réservant des espaces inclusifs, à l’abri du regard parental. Parcs pour planches à roulettes, terrains sportifs, espaces de socialisation en plein air: les options sont multiples pour augmenter leur sentiment d’appartenance à un milieu de vie.
Utiliser l’eau
Moyen simple et efficace, le recours à l’eau comme outil de dynamisation urbaine connait un essor fulgurant à l’échelle mondiale, tant dans les parcs que les places publiques. Le succès est instantané auprès des enfants, qui réussissent à se créer tout un univers narratif en jouant sous des jets d’eau ou dans un bassin. En plus d’être ludique, ce type d’installations vient pallier l’absence d’infrastructures plus dispendieuses, comme des piscines publiques, qui permettent aux familles de se rafraichir lors des grandes vagues de chaleur.
Bachelier en architecture de l'Université McGill, Marc-André Carignan est chroniqueur spécialisé en design urbain et en architecture. Il partage sa passion et son expertise chaque semaine sur plusieurs tribunes, dont MAtv, Radio-Canada et le journal Métro.
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