Biorégion ou barbarie
Et si le projet biorégional pouvait nous aider à traverser l’effondrement? Dans cet extrait de l’essai «Faire que!», récemment paru chez Lux Éditeur, l’auteur et philosophe Alain Deneault appelle à un certain retour à la terre.
Comme bien des membres de la diaspora française qui ont fait leur nid sur le Plateau-Mont-Royal, notre collègue natif de Marseille voue une tendresse particulière aux écureuils.
À mes compatriotes expatrié·e·s et autres membres de ma team issue de l’immigration,
C’est en ma qualité de nouvel arrivant que la question posée dans le titre s’est imposée à moi, et il ne fait aucun doute que vous vous la poserez également—si ce n’est pas déjà fait. Montréal regorge, parmi d’autres merveilles, d’une population importante d’êtres adorables. Non, je ne parle ici ni des brigadier·ère·s scolaires ni des tenancier·ère·s de maisons de bubble tea, mais bien des écureuils. Ils sont duveteux, cutes et agiles. Alors, à force de les prendre en photo, d’admirer leur mignonnerie et de la faire admirer à mes proches qui sont resté·e·s sur le Vieux Continent, j’en suis venu à me laisser emporter par la douce rêverie d’en avoir un chez moi, et de déambuler sur Mont-Royal en le portant sur mon épaule. J’en ferais ma petite propriété poilue, la touche d’élégance qui manque à mon intérieur pop-utilitariste léché, le dernier membre d’une famille tournée vers la modernité, sans faire fi de ses traditions pour autant.
Je m’étonnais alors, au gré de mon intégration à la société québécoise, de ne rencontrer aucun·e propriétaire d’écureuils, ex-propriétaire ou aspirant·e. Pire encore, mes voisin·e·s pointaient du doigt ces animaux en les accusant de tous les maux. Ils seraient nuisibles, une gang de mammifères terrorisant nos fleurs, pillant nos légumes et saccageant notre mobilier urbain. Rien de mieux que des rats, en somme. Mais croyez-moi, personne n’a jamais envoyé de photo de rat à sa grand-mère accompagnée d’un petit mot joyeux: «Bien arrivé! Douces pensées.»
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