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Cinq mythes à défaire sur la vitalité des rues commerciales

Réaménagée en partie, la rue Turgeon de Sainte-Thérèse, dans les Laurentides, est un exemple inspirant.
Réaménagée en partie, la rue Turgeon de Sainte-Thérèse, dans les Laurentides, est un exemple inspirant.
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Cinq mythes à défaire sur la vitalité des rues commerciales

Le Centre d’écologie urbaine vient de faire paraitre Pour des artères commerciales plus résilientes et sobres en carbone, une publication destinée aux municipalités et aux regroupements de commerçant·e·s de partout au Québec.

Étalées sur trois ans, les recherches du Centre d’écologie urbaine ont démontré les bienfaits d’un aménagement convivial sur la santé économique et environnementale de nos villes. 

Voici des idées à partager avec ceux et celles qui hésitent à modifier leurs habitudes en matière de consommation et de transport, puis cinq arguments mensongers souvent entendus et faciles à déconstruire.



Les piéton·ne·s consomment moins que les automobilistes

Des études menées dans plusieurs villes, dont Londres et Toronto, démontrent que les gens qui n’ont pas de voiture sont de très bons clients. Les données récoltées à Sainte-Thérèse, dans le cadre du projet Local², viennent également appuyer cette conclusion.

Sur la rue Turgeon, dans le centre-ville de cette municipalité des Laurentides, 48% des personnes qui se déplacent à pied dépensent plus de 100 dollars par mois dans les commerces de proximité. Chez les automobilistes, ce chiffre dégringole à 30%. 

À Montréal, la SDC du Mont-Royal a sondé ses membres au sujet de la piétonnisation de l’avenue du même nom, qui a lieu de la fin mai au début septembre. Pour 62% des propriétaires de commerces de l’avenue, la piétonnisation a eu un effet positif ou neutre sur leur chiffre d’affaires annuel. C’est dans les restaurants, les bars et les cafés que l’incidence est la plus forte. En tout, 74% de ces entrepreneur·e·s estiment que la piétonnisation a eu un impact positif sur leur chiffre d’affaires annuel. En outre, le taux de vacance des locaux commerciaux a diminué de moitié entre 2018 et 2024, passant de 14% à 6%. 

C’est quoi, Local²?

Le Centre d’écologie urbaine a lancé en 2022 le projet Local², qui vise, sur la base d’exemples concrets, à démontrer que ce qui est bon pour le commerce local est bon pour la planète (et vice versa), tout en incitant la population à délaisser la voiture pour faire ses courses.



Reverdir les rues ne sert qu’à les embellir 

Les bénéfices vont bien au-delà des considérations esthétiques. Planter des feuillus, des conifères et divers végétaux permet de réduire les ilots de chaleur, d’améliorer la qualité de l’air, de mieux gérer les eaux de pluie. 

Toujours à Sainte-Thérèse, les saillies de trottoirs verdies permettent d’absorber le surplus d’eau lors de pluies abondantes. De plus, il a été calculé que 60 nouveaux arbres contribuent à capter environ 2,6 tonnes de carbone par année—ce qui correspond à un roadtrip entre Yellowknife et Buenos Aires ou à 82 019 épisodes de Game of Thrones sur une plateforme d’écoute en continu.

À Belœil, la revitalisation de la rue Duvernay, commencée en 2020 et soutenue par la Fédération canadienne des municipalités, a permis de planter 200 arbres pour enjoliver le décor (certes), mais également pour réguler les températures pendant les canicules. Là-bas, le potentiel de couverture de canopée s’est amplifié de 20%, ce qui améliore l’expérience des passant·e·s, qui seront incidemment plus enclin·e·s à flâner dans cette rue, et donc à dépenser dans les commerces des environs.  



Les pistes cyclables nuisent aux commerçant·e·s

Les Montréalais·es se souviendront de la levée de boucliers de 2020, au moment où le Réseau express vélo a été implanté sur la rue Saint-Denis1«Des commerçants ne veulent pas du REV sur la rue Saint-Denis», Jeanne Corriveau, Le Devoir, 25 aout 2020.. Quatre ans plus tard, les données de la SDC de cette rue démontrent que le taux d’occupation des commerces du secteur est passé de 75% en 2019 à 85% depuis l’aménagement de la piste cyclable. La vitalité économique se ressent sur le terrain, et les chiffres de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal sont tout aussi parlants: en 2017, il y avait 275 boutiques, restos, cafés, bars et autres commerces sur la rue Saint-Denis. En 2024, après la construction du REV, leur nombre est passé à 3132«“Impact direct” du REV: record du nombre de commerçants sur Saint-Denis», Marie-Laurence Delainey, TVA Nouvelles, 9 aout 2024..  

Le son de cloche est le même à Toronto. Selon une étude menée par l’organisme The Centre for Active Transportation, les dépenses mensuelles par client·e ont augmenté de 32% depuis l’implantation d’une piste cyclable sur la rue Bloor.



Il n’y a pas assez de stationnements aux abords des rues marchandes

Bien qu’à l’échelle de l’ile de Montréal on observe une augmentation constante du nombre de véhicules, 20% des ménages déclarent avoir la volonté de se départir d’un véhicule et 30% d’entre eux vivent déjà sans voiture.

Selon une enquête réalisée dans le cadre d’une étude de la rue Queen Ouest dans le quartier Parkdale de Toronto, près de la moitié des commerçant·e·s interrogé·e·s estiment que leur clientèle est composée à plus de 25% d’automobilistes. Pourtant, parmi la clientèle interrogée, seulement 3,9% déclarent se rendre en voiture sur la rue Queen Ouest.



Les périodes de travaux nuisent à l’économie locale

Lorsque de bonnes pratiques sont mises en œuvre, il est possible de minimiser l’impact des travaux sur l’activité des commerces. En fait, les moments de transition (comme les chantiers de construction) sont propices à l’adoption de nouvelles habitudes, selon le Conseil régional de l’environnement de Montréal, dont les travaux sont cités dans la publication Pour des artères commerciales plus résilientes et sobres en carbone. La transformation d’une rue marchande est un moment clé pour encourager l’achat local, mais aussi le transfert modal. Ces bonnes pratiques subsistent une fois les cônes orange et les pelles mécaniques partis.

  • À Magog, la rue Principale Ouest s’est récemment refait une beauté.

Afin de minimiser les craintes des commerçant·e·s vis-à-vis de la baisse d’achalandage, créer des ponts entre les différent·e·s intervenant·e·s est une étape essentielle. À Magog, par exemple, un comité interdisciplinaire composé de représentant·e·s des différentes équipes internes de la Ville et d’élu·es municipaux·ales a été mis sur pied afin de discuter des différents enjeux de conception et ainsi prendre des décisions concertées sur le projet de réaménagement de la rue Principale. Pendant la phase des travaux, le département des communications assurait le lien entre les gens d’affaires et l’équipe chargée de la réalisation du projet (entrepreneur·euse·s, fonctionnaires, etc.). Des mesures concrètes ont ensuite été prises pour atténuer l’impact des travaux sur la vitalité économique des commerces. Résultat: une zone de livraison a été aménagée pour les magasins, une navette vers le centre-ville a été implantée et une campagne de publicité a été orchestrée.


Le Centre d’écologie urbaine est un organisme à but non lucratif québécois qui propose des pratiques et des politiques pour créer des villes écologiques, démocratiques et en santé.


Texte commandé par le Centre d’écologie urbaine et réalisé par le Studio A10 dans le respect de ses lignes directrices.

Pour consulter les autres articles collaboratifs: atelier10.ca/nouveauprojet/type/partenaire

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