
- Dossier : Guide du Québec nouveau 10: Laval

Quand science et art contemporain font la paire
À l’affiche jusqu’au 1er septembre 2025, l’exposition Ça chauffe! Cool it prouve qu’il est possible de conscientiser le public aux changements climatiques sans miser sur l’écoanxiété.
Déménagé dans bâtiment connexe au Cosmodôme en janvier 2023, le Musée de la santé Armand-Frappier présente actuellement une exposition conçue pour expliquer l’impact du réchauffement planétaire sur la santé humaine, mais aussi éradiquer le sentiment d’impuissance qui nous habite face à ce triste phénomène. On y apprend, notamment, que l’augmentation des températures est deux fois plus rapide au Canada qu’ailleurs dans le monde1Elizabeth Bush et Daniel S. Lemmen, Rapport sur le climat changeant du Canada, (Gouvernement du Canada, 2019)..
En plus de quantifier l’impact des changements climatiques avec des données scientifiques probantes, l’exposition de l’institution lavalloise propose des solutions concrètes pour les visiteur·euse·s qui veulent diminuer leur empreinte carbone. Ainsi, des initiatives citoyennes inspirantes et portées par des Québécois·es sont mises de l’avant dans des capsules vidéos animées par la militante écologiste et porte-parole de l’exposition Laure Waridel. On y découvre une panoplie d’organismes et d’entreprises qui agissent concrètement, et auxquels tout le monde peut se rallier.
Ça chauffe! Cool it incorpore également des œuvres de l’artiste contemporaine Karine Giboulo, des installations dispersées aux quatre coins de l’exposition qui donnent à voir l’ère de l’Anthropocène sous un jour nouveau, en plus de nous accrocher un sourire au visage. Empreints d’humour noir et de petits détails, les dioramas de la Montréalaise s’imbriquent tout naturellement avec le reste du corpus.
Discussion avec une sculptrice qui s’engage concrètement dans la transition écologique.
Comment est née cette collaboration avec le Musée de la santé Armand-Frappier?
Guylaine Archambault, directrice générale, et Christelle Sachot, gestionnaire des contenus scientifiques et du développement de la programmation, m’ont approchée parce que j’avais, dans mon travail, déjà abordé les impacts des changements climatiques sur la santé. Je trouvais leur idée de combiner art et science innovante. Ça m’interpelait beaucoup.
Justement, d’où vous vient cet intérêt pour les sciences?
Je n’ai pas d’intérêt spécifique pour les sciences, mais bien pour les enjeux auxquels fait face l’humanité en général. J’ai commencé ma carrière il y a 25 ans, et l’environnement a toujours fait partie de mes préoccupations. Je vois l’art comme une manière de m’exprimer sur ces enjeux-là.
- «Perdu dans l’oubli», Karine Giboulo (Photo: Derrière ta marque)
À vos débuts, au tournant du millénaire, on parlait beaucoup moins d’environnement dans l’espace public…
Effectivement. Les gens sont beaucoup plus réceptifs à mon message aujourd’hui. En général, en ce moment, tout le monde est conscient de l’urgence.
Avant, l’impact des changements climatiques était un peu plus flou, mais maintenant, on les voit et on les vit. C’est difficile de ne pas se sentir concerné·e quand on voit des forêts bruler, des rivières qui débordent.
Comment arrivez-vous à garder le moral pour que ça se reflète dans vos œuvres?
Le sujet de l’environnement peut être très anxiogène. Insuffler un peu d’humour dans mes œuvres me permet de désamorcer certaines choses, de me détendre aussi. C’est une manière de ne pas penser au pire, de ne pas céder à l’anxiété, parce que lorsqu’on est paralysé·e, ça devient impossible de passer à l’action.
Au moment de créer une œuvre, qu’est-ce qui vous fait choisir un sujet plutôt qu’un autre?
C’est une bonne question. C’est sûr que, des fois, il y a des sujets qui ne vont pas coller. Je vais y penser pendant plusieurs jours et quand ça reste, mon cerveau commence à réfléchir en images. Les images viennent d’elles-mêmes: je réfléchis en trois dimensions.
La scénographie de l’exposition Ça chauffe! Cool it intègre des objets recyclés et des matériaux biodégradables. De votre côté, comment vos préoccupations environnementales influencent-elles vos choix de matériaux?
Certaines des œuvres présentées au Musée de la santé Armand-Frappier sont tirées d’une autre exposition, Housewarming, qui a été présentée au musée Gardiner de Toronto en 2022 et qui a été créée à partir d’objets que j’avais trouvés sur le bord du chemin. De plus, j’ai utilisé du marc de café pour Verte, mon installation créée spécialement pour Ça chauffe! Cool it.
J’ai utilisé une planche à repasser et un frigo qui avaient été mis aux vidanges, par exemple. Les déchets de mes voisin·e·s se retrouvent dans mes œuvres.
- «Dégât d’eau», Karine Giboulo (Photo: Derrière ta marque)
Vos installations regorgent de petits détails, comme des personnages miniatures en argile qui peuplent les scènes que vous créez. Combien de temps mettez-vous pour chacune de vos maquettes?
Chaque figurine nécessite à peu près une journée d’effort. Ça dépend des œuvres, mais je dirais que le processus de création pour un diorama se calcule en semaines et en mois. C’est un travail de longue haleine.
Je raconte des histoires avec des sculptures, un peu comme quelqu’un qui écrit un livre. C’est laborieux, et il faut écrire un chapitre à la fois.
Qui était Armand Frappier?
Le docteur Armand Frappier nait à Salaberry-de-Valleyfield en 1904. Après avoir vu sa mère mourir de la tuberculose, il décide d’embrasser une carrière en médecine. Sa mission? Éradiquer cette maladie qui fait alors des ravages partout au Québec—faute d’un vaccin pour la prévenir ou d’un traitement pour la guérir.
Ses recherches le mènent à l’Université de Rochester, dans l’État de New York, puis à l’Institut Pasteur de Paris. En 1933, il rentre à Montréal avec, dans ses bagages, un flacon contenant la souche du vaccin développé dans la Ville lumière.
Au cours de sa riche carrière scientifique, le scientifique québécois développera des vaccins contre la tuberculose, mais aussi contre la variole et la poliomyélite.
Le musée qui porte son nom a été inauguré par sa fille, la docteure Lise Frappier-Davignon, en 1994, soit trois ans après son décès.
Situé au 2150, autoroute des Laurentides à Laval, le Musée de la santé Armand-Frappier présente et explique les sciences liées à la santé humaine au moyen d’activités ludiques et d’ateliers scientifiques stimulants. Il facilite la compréhension des thématiques abordées grâce à son approche axée sur le plaisir et l’émerveillement.
Texte commandé par le Musée de la santé Armand-Frappier et réalisé par le Studio A10 dans le respect de ses lignes directrices.
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