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Comment redynamiser le Quartier latin?

Photo: Vivien Gaumand
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Comment redynamiser le Quartier latin?

L’UQAM fait partie intégrante du paysage et de la vie du Quartier latin, un secteur emblématique de Montréal qui fait face à des défis de taille. Soucieuse de la vitalité de son environnement, l’Université s’emploie à améliorer la qualité de l’expérience des gens qui le fréquentent.

Priscilla Ananian s’est vu confier une tâche d’envergure stimulante quand elle a été nommée vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin de l’UQAM, en janvier 2024. Dans le cadre de son mandat, elle contribue activement à fédérer les partenaires du secteur autour d’une vision de développement qui prend en compte les dimensions sociale, éducative, culturelle et urbanistique du quartier.

Architecte et urbaniste de formation, elle réfléchit depuis longtemps aux manières dont la planification urbaine doit tenir compte des dynamiques de cohabitation des usages propres à Montréal. Professeure à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM depuis 2012, elle a mené ce type de recherches dans le Vieux-Montréal, Griffintown, le Mile End et l’est de Montréal, et fondé en 2018 l’Observatoire des milieux de vie urbains (OMV). 

À plusieurs égards, son nouveau poste s’inscrit dans une approche de concertation. De fait, Priscilla Ananian s’applique à créer des ponts entre différents partenaires du Quartier latin, des organismes communautaires aux commerces, en passant par les institutions de savoir et de culture et les responsables de projets immobiliers. 

Entrevue avec une femme engagée dans son milieu et animée par des valeurs d’inclusion. 


  • Priscilla Ananian

Avant de devenir professeure à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, et même de compléter votre postdoctorat à l’Université catholique de Louvain, vous avez étudié le design, l’architecture et l’urbanisme à l’Universidade Estadual Paulista Júlio de Mesquita Filho de São Paulo (UNESP). En quoi cette expérience brésilienne teinte-t-elle le mandat que vous menez aujourd’hui?

Pendant quelques années, j’ai eu mon propre bureau d’architecture au Brésil. Entre 2002 et 2006, j’ai travaillé à la revitalisation des façades d’une artère commerciale à Bauru, dans l’État de São Paulo, une rue qui est, en quelque sorte, l’équivalent de la rue Sainte-Catherine à Montréal. 

C’est à cette occasion que je me suis découvert une passion pour la pédagogie active et que j’ai eu envie de passer du privé à la recherche partenariale. J’y ai aussi appris l’importance du logement en ville, aux étages supérieurs des boutiques, pour qu’on s’y sente en sécurité et pour faire vivre un centre-ville habité 24 heures sur 24.


Qu’est-ce qui explique selon vous le déclin observé dans le Quartier latin ces dernières années?

Il faut d’abord convenir de ce qu’on entend par déclin. Les chantiers et le télétravail, tout comme les fermetures de commerces, qui découlent dans certains cas des deux premiers constats, ont également contribué à la dévitalisation du centre-ville et de notre quartier. Par ailleurs, on ressent davantage dans l’espace public les situations que peuvent vivre les personnes en situation de vulnérabilité, auxquelles nous devons être sensibles. 

En revanche, quand on regarde les statistiques des 20 dernières années concernant les personnes qui habitent le secteur, on constate qu’il ne s’agit pas d’une population qui s’est paupérisée. Dans le secteur, les Habitations Jeanne-Mance sont garantes de la mixité sociale intergénérationnelle et ethnique. C’est absolument à préserver.


Pour relancer le Quartier latin, vous indiquez vouloir être en relation avec des organismes communautaires qui travaillent auprès des personnes en situation d’itinérance. Comment vous y prenez-vous pour assurer l’intégration de ces dernières?

Je me vois surtout comme quelqu’un qui propose une vision et facilite les liens. Je collabore étroitement avec les membres du personnel enseignant de l’UQAM qui travaillent avec les personnes en situation d’itinérance, ainsi qu’avec le Service aux collectivités de notre université. Tous ces gens sont déjà en contact avec des organismes communautaires qui viennent en aide aux personnes en situation de vulnérabilité. Mon objectif est de faciliter le maillage et de faire émerger des initiatives et des projets concrets de collaboration. 

Je vise la cohabitation, pas la gentrification ni le déplacement des populations en situation d’itinérance vers le Village, par exemple, qui doit déjà composer avec ses propres défis. Je signale que cet hiver, l’UQAM a instauré une halte-chaleur dans le pavillon J.-A.-DeSève qui nous a permis de recevoir jusqu’à 50 personnes les nuits de grand froid. C’est une initiative porteuse.


On n’a pas toujours un sentiment de sécurité quand on marche dans le Quartier latin. Comment faire pour le renforcer?

Quand on est dans l’espace public, surtout le soir, on veut sentir qu’il y a quelqu’un de l’autre côté du mur, «des yeux dans la rue». Et des yeux, ce sont des façades vivantes, avec des fenêtres et des gens qui sont à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. Pas des débarcadères, des murs aveugles ou des stationnements. C’est aussi une réappropriation des espaces du campus sur la rue Saint-Denis et la rue Berri, par des fonctions plus dynamiques.

L’UQAM veut se doter d’un plan d’aménagement urbain du campus. On ne pourra pas mettre en œuvre tous les projets dès demain, évidemment, mais à moyen terme, on souhaite notamment donner plus de transparence à nos façades pour les rendre vivantes à l’échelle humaine, afin qu’elles améliorent l’expérience des personnes qui fréquentent le campus et le quartier. En travaillant sur nos propres pavillons, on souhaite inspirer d’autres actions et contribuer à la vitalité du Quartier latin. On veut aussi s’inspirer de ce qui a été fait dans le coin, comme à l’ITHQ. 


Votre mandat prendra fin dans cinq ans. À quoi ressemblera le Quartier latin en 2029?

Je ne peux pas le prédire; personne ne le peut, n’est-ce pas? On pourrait subir une autre pandémie, par exemple. 

Je pense que nous côtoierons assurément encore des chantiers, mais des chantiers avec une vision de développement plus pérenne. Dans cinq ans, j’espère qu’on ne parlera plus de la «relance», mais seulement du Quartier latin. Je le vois comme un quartier apprenant où l’on apprend du CPE à l’université, mais aussi en dehors des murs des institutions du savoir; un quartier où l’on facilite l’apprentissage au sein des familles et des communautés locales. Enfin, un quartier où l’excellence de l’apprentissage se conjugue à l’accessibilité. Le potentiel est énorme!

Un vent de renouveau


La réfection des espaces aux abords de l’UQAM dans le cadre du programme Accès jardins de la Ville de Montréal améliore considérablement l’expérience piétonne, notamment avec un élargissement des trottoirs et un revêtement de qualité en pavés de béton. L’été, la rue Saint-Denis est fermée à la circulation et relie la place Pasteur à la cour jouxtant le clocher de l’Église-de-Saint-Jacques de l’UQAM, situé juste en face.  

«On sait que lorsque le revêtement de sol est changé, les gens diminuent leur vitesse, explique Priscilla Ananian. C’est prouvé scientifiquement: dans un environnement différent, les automobilistes vont ralentir. Ça nous permet d’avoir des espaces beaucoup plus conviviaux qui facilitent le passage d’un lieu à un autre, qu’il s’agisse d’une institution culturelle ou d’enseignement, d’un espace vert ou d’un restaurant.»


L’UQAM est une université publique de langue française dont le rayonnement est international. Sa recherche de pointe souvent axée sur les préoccupations sociales ainsi que ses innovations en création ont contribué à bâtir sa renommée. Elle offre 365 programmes d’études, dont plusieurs sont uniques au Québec, au Canada et en Amérique du Nord. L’UQAM est présente dans le Quartier latin depuis cinq décennies.


Texte commandé par l’UQAM et réalisé par le Studio A10 dans le respect de ses lignes directrices.

Pour consulter les autres articles collaboratifs: atelier10.ca/nouveauprojet/type/partenaire

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