Un procureur pour les animaux
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Et si les agriculteurs reprenaient leur rôle d’expérimentateurs? Et s’ils devenaient des acteurs clés dans la révolution verte tant attendue? Des initiatives africaines et européennes prouvent que c’est possible.
Nourrir dix milliards de personnes en 2050? Facile. À condition, bien sûr, de raser les forêts, de puiser plus d’eau, d’inonder les sols de fertilisants et de pesticides. Mais si on veut aussi préserver la planète, il faudra cultiver plus avec moins de ressources—et ce, en tenant compte de l’incertitude pesante des changements climatiques. L’industrie agricole a besoin d’une seconde révolution verte, répètent les experts.
Certes, la productivité agricole mondiale a crû de façon prodigieuse depuis les années 1960. Une étude parue en 2013 dans Nature Communications rapporte toutefois que la production de certains aliments, comme le riz et le blé, stagne depuis près de 20 ans dans plusieurs régions.
Les regards sont braqués sur les biotechnologies. On espère des scientifiques qu’ils nous fournissent des innovations high-tech à l’image de celles ayant porté la première révolution: des cultivars génétiquement améliorés, de nouvelles générations de pesticides, etc. Mais il est permis de douter que la science de pointe nous réserve encore de nombreuses panacées, des technologies multiplicatrices de rendement pour tout agriculteur, où qu’il soit. C’est pour cela que certains observateurs pensent qu’il faut aussi miser sur les percées low-tech, adaptées aux caractéristiques régionales, dont les agriculteurs seraient les fers de lance. Dans certains pays d’Afrique, ces techniques simples (rotation des plants, stratégies de réduction des pertes, etc.) jouent un rôle de plus en plus important, certaines ayant même permis de petites révolutions. Plusieurs projets y encouragent déjà la recherche et la collaboration entre fermiers.
L’approche pourrait aussi être utile dans les pays industrialisés, selon les instigateurs d’une initiative britannique, le Duchy Originals Future Farming Programme, qui forme les fermiers pour qu’ils deviennent des in-novateurs. Jusqu’à présent, 450 d’entre eux ont transformé leurs champs en laboratoires afin d’étudier une vingtaine de sujets: l’avantage économique qu’il y a à laisser les poules pondre une seconde saison au lieu de les abattre, la santé des porcs nourris au fourrage fermenté et l’usage de copeaux de bois comme compost, par exemple. Par ces expériences, les fermiers tentent de -répondre à leurs propres interrogations, liées à leurs propres observations, plutôt qu’aux questions des chercheurs. Ceux-ci les aident alors à mettre en place des protocoles rigoureux permettant d’obtenir des réponses valables et de produire des connaissances solides. Des projets similaires, financés par l’Union européenne, invitent quant à eux les petits producteurs à tester des variétés de maïs, de tomates et de blé qui pourraient croitre avec moins de ressources.
Le succès de ces initiatives repose notamment sur la conviction que les agriculteurs ne sont pas de simples utilisateurs des produits de la science; ce sont aussi des expérimentateurs-nés. Personne ne connait mieux les terres agricoles et leurs particularités que ceux qui les cultivent. Pour assurer la qualité de leurs aliments, les agriculteurs doivent déjà faire face à des problèmes biologiques et améliorer les innovations que les grandes entreprises mettent à leur disposition. À preuve, sur des communautés en ligne comme FarmHack.net, les fermiers partagent des outils de suivi de la température des serres et des moyens de combattre certaines vermines, ou encore cocréent des logiciels de collecte de données agricoles. Pourtant, tout ce travail est peu reconnu, consigné ou financé. Les initiatives bottom-up de champs-laboratoires remettent les outils de la pensée scientifique entre les mains des agriculteurs, ce qui permet de systématiser leur démarche et de la faire reconnaitre. Grâce à la décentralisation de la recherche et de ses moyens, les agriculteurs reprendront leur rôle de créateurs de connaissance et deviendront des acteurs de premier plan dans l’effort mondial pour garnir les assiettes de tous.
Binh An Vu Van est journaliste scientifique indépendante. Depuis 2005, elle est aussi reporter à l’émission Le Code Chastenay, à Télé-Québec. Elle dévore l’actualité scientifique et s’intéresse tout particulièrement à la relation entre les sciences, l’humanité et la société.
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