Un procureur pour les animaux
Et si la faune du Québec avait un représentant légal, chargé comme en Suisse de défendre ses intérêts dans les procédures pénales?
Dans une grande partie de la Scandinavie, les déclarations de revenus sont publiques. Une tradition qui s’avère un excellent désinfectant fiscal.
En Norvège, en Finlande et en Suède, le domaine public s’étend jusqu’aux déclarations de revenus; n’importe quel citoyen peut lire l’avis de cotisation de son voisin ou celui d’un politicien. La tradition est particulièrement bien ancrée en Norvège, où les documents sont accessibles depuis les années 1800. Leur consultation est longtemps restée laborieuse, les curieux devant se rendre dans un bureau municipal pour feuilleter d’épais catalogues fiscaux.
La transition des données vers le web en 2001 a simplifié le processus, et les tabloïdes du pays en font depuis leurs choux gras, avec la publication de tops 10 des personnalités fortunées. Heureusement, la société y a gagné quelque chose de plus substantiel: l’honnêteté fiscale.
La transparence n’est certes pas un remède miracle à l’évasion—une centaine d’individus et d’entreprises identifiés dans les Panama Papers proviennent de Norvège—, mais elle lutte contre le mensonge et la fraude. Voici quelques bonnes raisons de s’inspirer de cette pratique, qui profite à l’ensemble du pays tout en respectant la vie privée.
Le 3%
Mentir ou abuser de stratagèmes légaux pour réduire son taux d’imposition s’avère moins tentant lorsque sa déclaration risque de se retrouver sous les projecteurs à tout moment. Après la mise en ligne des données en Norvège, les revenus annuels rapportés par les propriétaires d’entreprises ont augmenté en moyenne de 3%.
Exhiber les voyeurs
Afin que soit évitée une certaine forme de voyeurisme fiscal, la transparence fonctionne dans les deux sens: l’identité de chaque personne qui consulte un dossier est dévoilée à son propriétaire. Seuls les journalistes ont le droit d’accéder aux données de façon anonyme.
Repenser les préjugés
Les riches paient-ils trop peu d’impôts? Les pauvres reçoivent-ils trop d’aide de l’État? La divulgation annuelle des données permet de répondre à ces questions au-delà des préjugés. Surtout, elle maintient le débat sur l’imposition dans l’espace public.
Public-privé
Seules quelques données sont accessibles: les revenus annuels (sans leur provenance), la valeur nette personnelle et les impôts payés. Le reste relève de la vie privée.
Marc-André Sabourin est journaliste indépendant spécialisé en économie et entrepreneuriat.
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Comment lutter contre la corruption, le trafic de stupéfiants et le travail au noir? En éliminant graduellement l’argent liquide, comme le fait la Suède.
C’est le scénario classique: un problème, un appel d’offres, des solutions proposées par un groupe restreint d’entrepreneurs. Et si les citoyens faisaient partie de la réflexion? C’est le pari qu’a pris—avec succès—la Ville de Philadelphie.
Les prisons canadiennes débordent, alors que celles de nombreux pays d’Europe se vident. Même les États-Unis sont à revoir leurs politiques d’emprisonnement. De quoi le Canada devrait-il s’inspirer pour une gestion plus efficace de son système carcéral et, surtout, une meilleure réhabilitation de ses criminels?