Un procureur pour les animaux
Et si la faune du Québec avait un représentant légal, chargé comme en Suisse de défendre ses intérêts dans les procédures pénales?
Comment lutter contre la corruption, le trafic de stupéfiants et le travail au noir? En éliminant graduellement l’argent liquide, comme le fait la Suède.
Ne retirez pas de couronnes si vous voyagez en Suède: vous aurez de la difficulté à les écouler. Le pays scandinave tourne tranquillement le dos aux paiements en espèces, tant et si bien que nombre de restaurants, de taxis et de commerces refusent dorénavant l’argent liquide. Même à l’église, mieux vaut sortir sa carte de débit ou de crédit pour la quête.
En 2010, 40% des transactions dans le commerce de détail suédois étaient réglées en comptant. Quatre ans plus tard, c’était 20%. Au cours de la même période, la valeur totale des billets et pièces de monnaie en circulation dans l’économie du pays a chuté de 45%. Bien que la décision d’imprimer de l’argent revienne à la Riksbank, la banque centrale, ce n’est pas elle qui a orchestré cette transition, et encore moins le gouvernement. Ce sont les institutions financières.
Depuis le début de la décennie, un nombre croissant d’entre elles ont banni l’argent comptant de leurs coffres. Elles refusent même les dépôts. Les Suédois ont accepté ce changement parce que les banques du pays se sont alliées pour offrir une solution de rechange aux espèces: Swish.
Lancée en 2012, cette application mobile permet de transférer de l’argent à un particulier ou à une entreprise aussi facilement qu’on sort un billet de son portefeuille. Son efficacité, combinée à sa sécurité, a convaincu la majorité des 9,8 millions de Suédois de l’utiliser.
Sans surprise, ce sont d’abord des considérations pécuniaires qui ont poussé les banques à tourner le dos aux espèces. Le transport, l’entreposage et la distribution d’argent liquide coutent une fortune en services de sécurité et en assurances, surtout dans des pays comme la Suède où les braquages sont monnaie courante. Depuis la transition, les vols de banque sont moins fréquents: en 2015, 23 institutions financières ont été cambriolées, une baisse de 70% en 10 ans.
Certes, les braquages sont rares au Canada. Le pays n’en aurait pas moins intérêt à s’inspirer de l’exemple suédois afin de lutter contre le crime à motivation économique.
Pour vendre de la drogue, corrompre un élu ou travailler au noir, il faut de l’argent liquide. À moins d’être un geek à l’aise avec les bitcoins et autres crypto-monnaies, c’est le seul moyen de tirer profit de ces activités illicites, tout en échappant au regard du fisc et des forces de l’ordre. Éliminez la monnaie et les billets, et le quotidien des bandits devient beaucoup plus complexe.
Une transition vers une économie sans espèces doit cependant être planifiée de longue date et survenir graduellement, en tenant compte de ceux qui n’ont pas accès aux nouvelles technologies de paiement—ou ne sont pas à l’aise de les utiliser. Surtout, ne pas faire comme l’Inde, qui a envoyé valser le billet de 1000 roupies (environ 20 dollars canadiens) du jour au lendemain. Mise en place fin 2016, cette mesure devait permettre de lutter contre la criminalité. Ce sont toutefois les plus pauvres, qui cachaient leurs maigres économies dans leur matelas plutôt que dans un coffre de banque, qui en ont payé le prix.
Marc-André Sabourin est journaliste au magazine L’actualité. Il est spécialisé en économie, en technologie et en entrepreneuriat.
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Dans une grande partie de la Scandinavie, les déclarations de revenus sont publiques. Une tradition qui s’avère un excellent désinfectant fiscal.
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