Ne pas s’ennuyer avec deux hommes à la maison

Éric Leblanc
Photo: Damian Siqueiros
Publié le :
Essai

Ne pas s’ennuyer avec deux hommes à la maison

Ils sont trois, ils s’aiment et forment un trouple. Ils tentent de vivre leur vie avec le plus d’ordinaire possible, malgré les embuches qui s’accumulent et les regards qui s’attardent. Porté par un doux élan de résistance, notre collaborateur signe un texte à la gloire des deux hommes qui partagent sa vie. Pour changer les choses, espère-t-il. Pour ouvrir les esprits, aussi.

Considéré dans ce texte

Le polyamour. Le Vieux-Québec intramuros. La solidité des meubles Ikea. Les entrevues à Ici Première. Le rêve de devenir père.

On est souvent passés proche d’y laisser notre peau.

La première fois, on était cachés entre deux remparts à Québec.

Se rencontrer dans la lumière oblique du coucher de soleil allait de soi.

Vous alliez bientôt rentrer à Montréal, le temps pressait.

Il aurait fallu se toucher, se déshabiller en vitesse,

sortir nos meilleurs moves pour que tout le monde vienne rapidement.

C’est ce qu’on attend de nous:

trois hommes qui ne peuvent pas s’empêcher de se voir

doivent forcément vouloir se faire jouir.

Mais nous restions là,

dans un silence qui habituellement me rend inconfortable.

Simplement assis, main dans la main dans la main,

à gouter la douleur du départ qui se rapproche,

une excitante confirmation qu’il faudrait se revoir,

que nous aurions du mal à arrêter de nous revoir.

Entre les pierres des fortifications, avec la ville à nos pieds,

on a fait le saut sans bouger:

nous avons commencé à nous aimer

autrement que tout ce que nous avions jamais vu

dans nos familles, à l’école, dans les films, dans la rue.

Est-ce que le cœur est assez grand pour deux garçons?

On l’a étiré pour voir, au risque de le déformer, de le crever et qu’il se vide.

Il a tenu bon.

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