Quelques adieux
Nécrologies variées

Avant d’arriver à La Presse en 1972, Pierre Foglia est responsable du cahier des sports de la fin de semaine pour le quotidien Montréal-Matin. C’est là, le 26 février 1972, qu’il fait paraitre ce portrait du jeune Ken Dryden, 24 ans, au lendemain d’une cuisante défaite de 7-3 contre les Rangers.
Plus tard, en tant que chroniqueur, Foglia marquera profondément plusieurs générations de Québécois·es. Dryden, lui, jouera un rôle déterminant dans les six conquêtes de la Coupe Stanley par les Canadiens durant les années 1970 et sera considéré comme l’un des plus grands gardiens de but de l’histoire de la LNH. Mais en cet hiver 1972, ils ne sont encore qu’un jeune journaliste sportif et un gardien recrue. Attablés au restaurant Texan, repère des fans et des joueurs à deux pas du Forum, ils mettent leur talent respectif en action.
Les deux hommes nous ont quittés cette année.
Parce qu’il sort de nulle part, parce qu’il étudie le droit à l’Université McGill, parce qu’il a travaillé tout l’été pour le Don Quichotte américain Ralph Nader sur un projet antipollution, parce qu’il n’entre pas, à cause de ses allures d’étudiant, dans le moule bien carré (en anglais SQUARE) des grandes vedettes du sport professionnel, parce que tout cela, Ken Dryden a dérouté le consommateur moyen d’idoles courantes (et swingantes) tout en excitant la curiosité de la confrérie des journalistes sportifs.
Ça ne pouvait pas manquer. Le public qui a besoin d’étiqueter pour s’y reconnaitre dans le choix de ses drogues, le public qui voulait savoir à quelle sauce il fallait accommoder cette nouvelle idole pas comme les autres, le public a exigé des journalistes qu’ils lui apprêtent un Ken Dryden raisonnablement comestible.
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Ce pilier de notre littérature nationale laisse derrière lui une œuvre foisonnante qui compte plus d’une trentaine de romans, une vingtaine d’essais, de nombreuses pièces de théâtre, ainsi que des séries télévisées marquantes comme «L’héritage» et «Montréal P.Q.» On lui doit aussi la fondation de VLB éditeur et des Éditions Trois-Pistoles.

Guy Rocher s’est éteint à 101 ans, laissant derrière lui un Québec transformé. Pilier de la Révolution tranquille, architecte des cégeps, de l’UQAM et de la Charte de la langue française, il a façonné l’éducation et la langue comme armes d’égalité et d’émancipation. Son héritage continue de battre au cœur du Québec moderne. En 2016, il a partagé avec «Nouveau Projet» les principes qui guidaient sa vie et qui, près de dix ans plus tard, sont toujours aussi éclairants et inspirants.

Hommage à un intellectuel singulier, héritier de la vertu civique des Anciens, qui a su mettre en valeur les grands combats démocratiques de notre société.