L’âme virtuelle des métiers d’art
Acheter en ligne, ce n’est pas nécessairement encourager un géant du web en se procurant des produits fabriqués à l’autre bout du monde. Pour le prouver, les artisans d’ici ont pris d’assaut trois plateformes numériques.
Ustensiles et jouets en bois finement sculptés, sacs et portefeuilles en cuir travaillé avec minutie, bijoux en métal ouvré… Ces articles n’ont rien des objets identiques et souvent superflus qui envahissent les grandes surfaces. Ce sont des œuvres uniques, confectionnées une à une de la main d’artisans québécois.
À l’approche d’un Noël où les consommateurs se soucient plus que jamais de l’impact social, environnemental et culturel de leurs achats, ces créateurs ont la cote. Dans le contexte de pandémie qui fragilise l’économie, l’achat local s’impose plus que jamais.
«On encourage les gens à consommer directement dans les ateliers des artisans ou les boutiques près de chez eux», dit Julien Silvestre, le directeur général du Conseil des métiers d’art du Québec. Or, poursuit-il, la pandémie est venue bouleverser tout ça. La disparition (temporaire, on l’espère) des boutiques et des salons, où les artisans génèrent traditionnellement l’essentiel de leurs revenus, représente un obstacle. «Comme d’autres secteurs, celui des métiers d’art accuse un certain retard dans le commerce en ligne, et c’est pourquoi nous nous sommes rapidement tournés vers des partenariats pour être plus présents sur ces plateformes numériques.»
Le marché virtuel Signé métier d’art, par exemple, est le résultat d’un partenariat avec le magasin Simons et sa Fabrique 1840. Cette plateforme est l’une des trois participantes de l’initiative «Faites le plein d’art d’ici» du CMAQ, dont la mission consiste à favoriser l’achat local, responsable et durable. Pour la première fois, cet évènement se déroule entièrement en ligne, jusqu’au 20 décembre.
Le CMAQ s’est aussi associé à l’évènement torontois One of a Kind et y a créé sa propre boutique en ligne appelée Signé métiers d’art. Les consommateurs peuvent parcourir des yeux les œuvres de quelque 300 artisans, qui font tous partie des 1 300 membres du Conseil. «C’est un magnifique rayonnement qui nous permet de parler de différentes pratiques de métiers d’art», ajoute M. Silvestre.
Le renouveau des métiers d’art
L’initiative «Faites le plein d’art d’ici» est née du désir de renouveler l’image parfois vieillotte des métiers d’art. «On a tendance à oublier que nos artisans sont extrêmement modernes et travaillent avec les nouvelles technologies, estime Julien Sylvestre. Ce sont des créateurs, mais aussi des innovateurs.»
Lancé à l’occasion de l’évènement «Plein Art», organisé annuellement à Québec par le CMAQ, le projet a ensuite été repris par la Fédération canadienne des métiers d’art et par d’autres conseils provinciaux. Il s’est ainsi transformé en initiative pancanadienne visant à encourager l’achat local.
«On souhaite décloisonner l’artisan solitaire pour permettre aux individus d’aller à leur rencontre, explique le DG. Tous ces artisans, dont le tiers sont des femmes entrepreneures basées en région, représentent d’importants joueurs économiques qui font vivre ces régions.»
«Faites le plein d’art d’ici» se veut donc un évènement rassembleur offrant une meilleure diffusion de tous les champs de pratique. «Notre mandat consiste à faire rayonner l’ensemble du spectre», souligne-t-il. Ce spectre englobe la matière, donc le bois, le métal, le textile, etc., que l’on peut retrouver sur une double échelle, comme la fonctionnalité (la tasse) et l’expression (la sculpture). Ce sont également des procédés artisanaux et industriels qui couvrent un vaste champ de pratiques, telles que la joaillerie, la céramique, l’ébénisterie, etc.
- Photo: Marc Couture
L’après-pandémie
Le confinement n’a donc pas freiné le Conseil des métiers d’art du Québec pour le déploiement annuel du temps des Fêtes. Il l’a plutôt poussé à développer la présence virtuelle des artisans. Cette présence est vitale, vu la popularité grandissante des achats en ligne.
Cela dit, les métiers d’art, ce sont des disciplines de matière—son contact, son façonnage, sa maitrise… Et une fois la crise sanitaire passée, un retour vers la rencontre physique entre l’artisan et le public sera primordial. «Les plateformes de vente doivent perdurer, insiste Julien Sylvestre. Mais il faut assurer un équilibre entre le numérique et le physique. »
Car contrairement aux objets sans âme qui pullulent chez les géants du commerce, l’œuvre d’un artisan des métiers d’art raconte une histoire. Comment mieux se l’approprier qu’en rencontrant celui ou celle qui la raconte?
Trois marchés virtuels
Marché virtuel Signé métiers d’arthttps://www.metiersdart.ca/diffusion/faites-le-plein-d-art-d-ici/boutique-signe-metiers-d-art/le-marche-virtuel
Les œuvres de plus de 85 artisans membres du Conseil des métiers d’art rayonnent au Québec et ailleurs grâce à ce marché virtuel de la Fabrique 1840, situé sur la plateforme du magasin Simons. «On s’est basé sur nos valeurs communes sur les métiers d’art, et les artisans sont très heureux de cette initiative», dit Julien Sylvestre. Les participants ont été sélectionnés afin de mettre en lumière l’ensemble des pratiques. Toutes les créations québécoises sont certifiées Signé métiers d’art», un sceau du CMAQ qui est gage d’authenticité, de qualité et de maitrise.
Salon des métiers d’art en ligne
Le Salon des métiers d’art du Québec s’associe cette année à One of a Kind, un évènement torontois qui se déroule en ligne pour la première fois depuis sa création en 1975. Une centaine d’artisans membres du CMAQ y sont présents.
Le CMAQ a créé cette boutique en ligne, où seront notamment exposés les artisans que l’on retrouve habituellement à la Boutique Métiers d’art du Québec, à Québec. Comme c’est le cas à la Fabrique 1840, les œuvres portent toutes le sceau Signé métiers d’art.
Métiers d’art: «la production d’œuvres originales, uniques ou en multiples exemplaires, destinées à une fonction utilitaire, décorative ou d’expression et exprimées par l’exercice d’un métier relié à la transformation du bois, du cuir, des textiles, des métaux, des silicates ou de toute autre matière». (Loi S-32.01) Le Conseil des métiers d'art du Québec est le seul organisme reconnu en vertu de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs (Loi S-32.01) pour représenter l’ensemble des artisans professionnels québécois. Après 30 ans d’existence et plus de 1 300 membres, le CMAQ est sans contredit un joueur clé dans le développement et l’épanouissement des métiers d’art au Québec.
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