Le leurre féministe de «Waitress»

Sophie Pouliot
Photo: Jo Naylor / Flickr
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Le leurre féministe de «Waitress»

De Jean-Philippe Pleau à Édouard Louis en passant par Benoit Jodoin: les transfuges de classe ont la cote en ce moment. Dans un registre plus pop, la version québécoise de la comédie musicale Waitress, mise en œuvre par feu Juste pour rire, puis sauvée par ComediHa!, met en vedette un personnage qui essaie de sortir de la pauvreté. Pour le meilleur, mais surtout le pire.  

Considéré dans ce texte

Rue Duplessis. La représentation des classes dites populaires dans l’art. Le rapport des Américaines à l’avortement. Les tartes. Le prix des billets de spectacles au Québec. Les femmes trop pauvres pour fuir la violence conjugale.

En allant voir la comédie musicale Waitress, je croyais assister à un vivifiant récit d’«empouvoirement», où une femme s’extrairait d’une existence insatisfaisante par sa créativité pâtissière. Après tout, on doit la production originale, inspirée par le film éponyme d’Adrienne Shelly, à une équipe de création entièrement féminine—comprenant notamment l’autrice-compositrice-interprète Sara Bareilles. 

Or, la passivité crasse de son héroïne, qui croupit dans une relation abusive (sur les plans psychologique, physique et financier) et qui subit une grossesse non désirée comme s’il s’agissait du seul choix envisageable, a suscité chez moi un vif malaise. Malaise que n’a fait qu’accroitre la faible probabilité de voir la classe sociale des personnages représentée dans la salle.

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