Les principes qui guident Anne Dorval

Photo: Cindy Boyce
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En principes

Les principes qui guident Anne Dorval

La comédienne nous présente quelques-uns des principes qui guident ses actions et donnent du sens à sa vie.


La générosité

Je n’aime pas le calcul, les choses trop organisées. Je prends un immense plaisir à partager et à donner aux autres. On m’a aidée quand j’étais plus jeune; j’essaie d’aider à mon tour. Je trouve qu’on a besoin de se tenir ensemble, de faire la fête, pour souligner ce qui va bien. Et célébrer la grandeur de l’être humain, des fois. On parle trop d’économie aujourd’hui; il nous faut désapprendre à compter.



La beauté

On sous-estime beaucoup l’importance de la beauté dans nos vies. On la relègue au superficiel, alors qu’elle stimule les sens et répond à un besoin profond. Ça n’a rien à voir avec la richesse ou la pauvreté; c’est une question de raffinement. On a besoin de la nature qui est bien plus forte que nous, on a besoin de poésie, on a besoin de tout ce qui ne sert à rien en apparence, mais qui change quotidiennement notre façon de penser. La véritable beauté nous aide à vivre, à créer des liens entre nous. Il y a trop de vulgarité dans le monde, trop de laideur. Et ce manque de gout atteste d’un manque d’abandon, de réflexion, de culture.



L'exigeance de la durabilité

En tant que société, on n’est pas assez riche pour s’acheter des affaires cheap. On n’a pas les moyens de s’entourer de choses laides, mal conçues et peu durables. Puisqu’elles occupent un terrain volé à la nature, les villes devraient être exemplaires. Je ne comprends pas qu’on ne fasse pas appel aux meilleurs architectes pour chaque nouvelle construction. Faisons moins, ou faisons mieux: less is more.



La spontanéité

Je me suis engagée dans un métier très insécurisant, et je passe beaucoup de temps à avoir peur—peur de l’avenir pour mes enfants, peur des dégradations environnementales, peur de l’avion, peur de la folie des êtres humains. Mais paradoxalement, je suis aussi profondément convaincue du caractère néfaste de l’excès d’anticipation. Le meilleur antidote à la peur est, selon moi, la spontanéité. On devrait l’encourager et valoriser la prise de risque. Partir en voyage quand on n’a pas assez d’argent pour s’acheter un billet d’avion, par exemple. C’est effrayant, oui, mais si on n’essaie pas, il ne se passe jamais rien. Et s’il ne se passe rien, qu’est-ce qu’on fait ici, à part attendre la mort?



La sensibilité

Je suis tannée de me faire dire que je suis trop sensible. On est, à mon sens, une bien meilleure personne quand on délaisse sa carapace—même si oui, c’est difficile. La société célèbre une forme d’insensibilisation, mais il faut refuser de s’habituer à la violence, au manque d’empathie, à l’érosion de l’humanisme et à la cruauté, notamment envers les animaux. Toute vie—végétale, animale, humaine—est importante et mérite qu’on la respecte; on dépend tous les uns des autres. On ne sera jamais, jamais trop sensibles.



L'acceptation

On se doit d’être exigeant envers soi-même, bien sûr, mais cela doit passer par l’acceptation de ses imperfections. Il vaut mieux accueillir ses contradictions que de s’avouer vaincu d’avance. Même si on la sait inaccessible, la perfection reste une belle quête, et la sagesse, encore plus. Elles supposent du temps, du travail sur soi; elles nécessitent qu’on continue à se cultiver et à chérir les choses qui ne sont pas utiles, mais grâce auxquelles on se sent moins seul.



La fois en l'impossible

J’ai toujours en tête cette phrase chère à mon ami Xavier Dolan: «À l’impossible je suis tenu.» Tout se peut, j’en suis convaincue. Y croire, c’est résister. Donnons-nous le droit de rêver, de vouloir changer le système, d’avoir foi en l’impossible, car oui, nous y sommes tenus.


Anne Dorval est une actrice québécoise. À la télévision, elle a notamment joué dans les comédies Le cœur a ses raisons et Les bobos avec son complice Marc Labrèche, de même que dans la série Les parents. Au cinéma, elle a brillé dans J’ai tué ma mère, le premier film de Xavier Dolan—un moment charnière pour celle qu’on a ensuite vue dans Les amours imaginaires, Laurence Anyways et Mommy du même réalisateur. Elle a récemment tourné dans le long-métrage Jalouse de David et Stéphane Foenkinos, dont la sortie est prévue pour 2018. Parmi ses prochains projets: le tournage du Bye Bye 2017 et du film 14 jours, 12 nuits de Jean-Philippe Duval.

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