Quoi faire en Abitibi-Témiscamingue
Photo: William B. Daigle
- Publié dans : Nouveau Projet 28
- Dossier : Guide du Québec nouveau 09: Abitibi-Témiscamingue
Quoi faire en Abitibi-Témiscamingue
Chercher l’or
Peut-on vraiment visiter Val-d’Or sans s’intéresser à ce qui a fait sa renommée? En descendant dans l’ancienne mine Lamaque, accessible aux touristes depuis 1991, on ne peut que se demander comment les travailleurs pouvaient, jour après jour, vivre dans cette nuit sans fin. À 91 mètres sous le niveau du sol, on découvre à quoi ressemble véritablement l’obscurité. Ses derniers puits se situant à environ 1 200 mètres sous la surface, la mine Lamaque était l’une des plus profondes au pays du temps de son exploitation, de 1935 à 1985. Les galeries souterraines ne sont pas les seuls lieux dignes d’intérêt; une fois remonté·e à la surface de la terre, on découvre avec stupéfaction la «salle des pendus», où la disposition des tenues des mineurs rappelle… des pendu·e·s. Avant de quitter la mine, les ouvriers devaient se déshabiller complètement afin de montrer qu’ils n’emportaient aucun trésor.
- La Cité de l’OrPhoto: William B. Daigle
Pour mieux imaginer la vie de l’époque, une visite audioguidée de l’ancien village minier de Bourlamaque, où logeait le personnel, est tout indiquée. Classé site patrimonial depuis 1979 par le ministère des Affaires culturelles du Québec, le village est constitué de demeures en bois rond, qui sont toujours habitées aujourd’hui. Une exposition interactive présentée à la maison historique nous transporte dans les années 1940; on y découvre entre autres les défis des nombreux·euses immigrant·e·s venu·e·s s’installer dans cette région nouvelle, riche et enclavée.
La Cité de l’Or et le site patrimonial du Village-Minier-de-Bourlamaque — 90, avenue Perrault, Val-d’Or
Parcs et pourvoiries
Immense, le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue se découvre en pagayant, en roulant, en skiant et en marchant dans ses nombreux parcs et pourvoiries. Façonnés par des milliards d’années, les paysages du parc national d’Aiguebelle donnent à voir de fascinants phénomènes géologiques, comme des marmites de géant, des cavités naturelles creusées dans un ancien cours d’eau par l’érosion tourbillonnaire de débris de pierres lors de la dernière glaciation. On peut notamment en apercevoir une en empruntant le sentier La Traverse, au sud du lac La Haie. Le territoire du parc national d’Opémican, inauguré en 2019 à la frontière du Québec et de l’Ontario, est aussi riche en histoire. Bordé par les lacs Témiscamingue et Kipawa, il a notamment servi de dépôt forestier, de camp de drave et de chantier naval. À noter que les personnes à mobilité réduite souhaitant pratiquer des activités de plein air peuvent y emprunter gratuitement de l’équipement adapté.
C’est à la pourvoirie du lac Faillon de Senneterre qu’a été pris le célèbre cliché du coucher de soleil de nos cartes d’assurance maladie de jadis. Non seulement le site compte-t-il l’une des plus belles plages de la province, mais il est aussi propice à de nombreuses activités familiales, comme l’initiation à la pêche. La forêt Récréative de Val-d’Or attire pour sa part les amateur·trice·s de vélo de montagne et de randonnée. En hiver, un sentier illuminé de deux kilomètres est aménagé pour le patinage. Aussi à Val-d’Or, mais plus loin de la civilisation, la pourvoirie du lac Matchi-Manitou est accessible par un chemin forestier. Elle abonde en dorés, brochets et truites mouchetées.
Parc national d’Aiguebelle — 12373, rang Hudon, Rouyn-Noranda (accueil dans le secteur de Mont-Brun)
Parc national d’Opémican — 5555, chemin Opémican, Témiscaming
Pourvoirie du lac Faillon — 233, chemin du Lac-Faillon, Senneterre
Forêt Récréative de Val-d’Or — 179, chemin de la Forêt-Récréative, Val-d’Or
Pourvoirie du lac Matchi-Manitou — 500, chemin du Lac-Matchi-Manitou, Val-d’Or
S’imprégner de l’histoire
Incontournable, le lieu historique national d’Obadjiwan—Fort-Témiscamingue raconte l’histoire du territoire, de ses premier·ère·s habitant·e·s et des colons attirés dans la région par le commerce des fourrures. On y apprend, par exemple, la différence entre deux personnages légendaires: le voyageur, qui effectuait le transport des marchandises à bord de canots d’écorce vers les postes de traite, et le coureur des bois, qui négociait directement avec le peuple. À contempler également sur place: les cèdres blancs de la forêt enchantée.
Lieu historique national d’Obadjiwan–Fort-Témiscamingue — 834, chemin du Vieux-Fort, Duhamel-Ouest
- Lieu historique national d’Obadjiwan—Fort-TémiscaminguePhoto: William B. Daigle
Les cinq incontournables de Samian
Rappeur, comédien, animateur et producteur, Samian retourne régulièrement dans la région qui l’a vu grandir. Voici quelques-uns de ses lieux de prédilection.
1. Communauté de Pikogan. «C’est mon village natal. C’est important de dire aux gens qu’ils ont le droit d’y aller. Enfant, je me rappelle que des gens venaient sur la réserve pour nous voir jouer, comme dans un zoo. Ils barraient les portes de leur voiture. On riait et on trouvait ça bizarre… Les gens ont peur d’aller dans les communautés [autochtones] alors qu’elles sont au contraire très ouvertes. Pikogan a des attraits touristiques fabuleux, comme la pointe aux Indiens [renommée Apitipik, ou pointe Abitibi]. L’Abitibi est très riche parce qu’on y retrouve 8 000 ans de présence autochtone. Quand on y pense, c’est plus vieux que les pyramides de Gizeh! Des entreprises comme Bercé par l’Harricana, qui propose un circuit de trois jours en canot, peuvent être de bonnes avenues pour s’initier à la culture algonquine. [Elles] mettent l’accent sur l’histoire, les contes et légendes, la nourriture et les traditions nomades.»
2. Refuge Pageau. «C’est un incontournable. Mon plus jeune, Abraham, est un amoureux des animaux. Il a six ans et rêve de travailler dans une animalerie [rires]. Chaque fois qu’on va en Abitibi, on va au Refuge Pageau. Monsieur Pageau avait une belle vocation. C’est un refuge où l’on prend soin des animaux.»
4241, chemin Croteau, Amos
3. Circuit ANISIPI—À la découverte de l’eau. «J’ai beaucoup aimé ce parcours lumineux créé par Moment Factory. Le soir, on aperçoit le tipi illuminé quand on arrive d’Amos. C’est l’endroit où j’allais jouer quand j’étais enfant. Ce que j’ai particulièrement aimé d’ANISIPI, c’est qu’on mette l’accent sur la signification de Pikogan, qui veut dire tipi. La symbolique est forte. La langue algonquine est imagée. C’est important de le souligner.»
892, route 111 Est, Amos
4. Casse-croûte du Viaduc. «Si tu veux manger une bonne poutine, c’est la place à Amos. C’est la meilleure au monde! Le casse-croute se trouve derrière un petit dépanneur. La recette n’a pas changé depuis mon enfance.»
290, 4e Rue Est, Amos
5. Onibi. «Qui dit Abitibi, dit meilleure eau. Nibi signifie «eau» en langue anicinape [anichinabée]. C’est une compagnie que j’adore et à laquelle je me suis associé. Elle produit de l’eau de source en canette. Il est possible de visiter sa nouvelle usine d’Amos avec un guide pour comprendre le processus de filtration. J’habite aujourd’hui dans les Laurentides, mais j’y fais escale chaque fois que je vais dans le coin.»
98, 1re Avenue Est, La Sarre
- Festival de musique émergente (FME)Photo: William B. Daigle
Trois festivals culturels
Chaque année depuis 2003, au début septembre, le Festival de musique émergente (FME) de Rouyn-Noranda met en lumière les artistes de la relève issu·e·s de la scène alternative d’ici et d’ailleurs. Dès le dernier samedi d’octobre, zoom sur le Festival du cinéma international dans la même ville, au Théâtre du cuivre. Puis, à la fin du mois, le Festival de musique trad de Val-d’Or fait taper du pied jusqu’au début de novembre.
Festival de musique émergente — fmeat.org
Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (Théâtre du cuivre) — 145, rue Taschereau Ouest, Rouyn-Noranda
Festival de musique trad de Val-d’Or — festivaltradvd.ca
Marie-Julie Gagnon est autrice, chroniqueuse et journaliste spécialisée en voyage. Elle a réalisé plusieurs Guides du Québec nouveau pour Nouveau Projet.