Réparer notre rapport au deuil

Marie-Claude Élie-Morin
 credit: Photo: Annie Spratt
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Réparer notre rapport au deuil

Ceux qui ont déjà perdu un être cher savent que la véritable empathie est rare. Notre entourage nous sert des platitudes blessantes et s’attend à ce que nous passions rapidement à autre chose. Résultat, le deuil n’a nulle part où aller et crée des ravages souterrains.

C’était un après-midi ordinaire, il y a dix ans. Le soleil était sorti après des jours de pluie et Megan Devine, psychothérapeute de formation, et son conjoint, Matt, avaient décidé d’aller se baigner à leur endroit préféré, le long d’une rivière du Maine. En quelques secondes, tout a basculé. Matt, 39 ans et en pleine forme physique, a été entrainé par le courant et s’est noyé. Pour Megan, le choc de cette mort inattendue a été incroyablement brutal. Mais les funérailles n’avaient même pas encore eu lieu que des amis, des membres de sa famille et d’autres connaissances tentaient déjà d’effacer son immense chagrin. «Tu es jeune et belle, tu vas trouver quelqu’un d’autre.» Ou, plus cruel encore: «Tu verras un jour que cette épreuve était un cadeau de la vie.» Sans parler de l’univers bureaucratique hostile avec lequel elle a immédiatement dû composer alors qu’elle tentait de mettre les affaires de son conjoint en ordre, ou même de son propre domaine professionnel, étonnamment peu armé pour l’aider. «Que ce soit dans mon cercle de connaissances ou au téléphone avec la compagnie de carte de crédit de Matt, je voyais constamment à quel point ma situation et ma peine mettaient les gens mal à l’aise. Personne ne savait comment réagir. Je savais que la mort était un sujet tabou, mais je n’avais jamais réalisé à quel point ce tabou ostracisait les personnes en deuil», raconte-t-elle.

Commence alors ce combat, qu’elle appelle la «révolution du deuil», et qu’elle mène encore aujourd’hui afin de transformer nos attitudes tant sur le plan interpersonnel que du point de vue collectif. «Quand on perd quelqu’un, quand on est dans l’œil du cyclone du deuil, on n’a pas l’énergie pour éduquer les autres sur la manière de nous accompagner. Je parle volontairement de ce sujet difficile tous les jours afin que les personnes endeuillées n’aient pas ce double poids sur leurs épaules», dit-elle. À travers plusieurs textes personnels, un balado, le site web Refuge in Grief et la publication du livre It’s OK That You’re Not OK: Meeting Grief and Loss in a Culture That Doesn’t Understand, en 2017, Megan Devine vient en aide à ceux qui subissent la perte d’un être aimé et partage avec nous quelques pistes d’actions concrètes pour améliorer notre rapport au deuil.

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