Sauvegarder des emplois grâce à la formule coopérative
Depuis sa fondation en 1971, la Caisse d’économie solidaire Desjardins est devenue un maillon essentiel de la société québécoise. Cette coopérative financière accompagne et finance près de la moitié des entreprises d’économie sociale. On compte parmi ses membres plus de 3 500 coopératives, organismes à but non lucratif, syndicats et entreprises privées socialement engagées, comme Atelier 10. Dispersés aux quatre coins de la province, ils s’affairent dans nombre de sphères d’activités, dont la santé, l’habitation et l’information.
Forte de son expertise, la Caisse d’économie solidaire s’est engagée depuis plusieurs années dans le sauvetage d’emplois par la transformation d’entreprises privées en coopératives. Le plus récent est celui des six journaux du défunt Groupe Capitales Médias, menacés de fermeture en 2019: La Tribune, La Voix de l’Est, Le Droit, Le Nouvelliste, Le Quotidien et Le Soleil.
En plus d’avancer une partie des fonds nécessaires aux premières années d’opération, la Caisse a facilité le dialogue entre les diff érents partenaires, préservant ainsi un élément essentiel de notre démocratie. Grâce à cet appui, la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i) a pris le relais du groupe médiatique en décembre dernier. Voici son histoire vue de l’intérieur.
Aider des journalistes à prendre leur destinée en main
En optant pour un modèle coopératif, les six journaux régionaux anciennement regroupés sous l’égide du Groupe Capitales Médias ont «pris leur destinée en main», lance d’emblée Janek Thibault, directeur principal à la Caisse d’économie solidaire Desjardins.
Impliqué depuis le début du processus de reprise et de transformation, ce dernier souligne que tout n’était toutefois pas gagné d’avance. «Il faut comprendre que nous sommes un financier traditionnel qui prête et prend en garantie. Or, il n’était pas certain que ce serait possible dans ce cas», expose-t-il. Ainsi, le rôle de la Caisse a surtout consisté à faciliter le dialogue entre les différents acteurs réunis autour de la table. «Avec le temps, nous avons développé une expertise en matière de coopératives. Nous nous sommes donc assurés que tout le monde parlait le même langage, tout en réunissant tous les éléments pour que le dossier chemine rondement.» Sa nature particulière lui a également permis de trouver les garanties nécessaires à l’octroi d’un prêt substantiel aux travailleurs membres de CN2i. « Cela a été rendu possible parce que nous oeuvrons dans ce milieu depuis longtemps et parce qu’avec le temps nous avons développé des outils adaptés aux réalités complexes des coopératives, résume M. Thibault. Sans notre expérience, le projet n’aurait peut-être jamais décollé.»
Donner aux travailleurs les moyens de devenir propriétaires
Longtemps mis sur la touche par les grandes entreprises de presse, le modèle coopératif gagnerait à faire sa place dans le monde des médias, estime le directeur général de CN2i, Stéphane Lavallée. Ce dernier rappelle d’ailleurs que les difficultés fi nancières rencontrées par l’ancien Groupe Capitale Médias ont failli faire disparaitre l’essentiel de l’information régionale au Québec, ce qui aurait privé une grande partie de la population de ses nouvelles locales. «On le voit depuis quelques années, le modèle traditionnel de l’entreprise privée propriétaire ne marche plus très bien dans l’univers médiatique. Les profits ne sont plus aux rendez-vous, mais les gens ont toujours envie et besoin de consommer de l’information. Il faut se réinventer pour survivre.»
Le modèle d’affaires développé pour CN2i et ses coopératives membres par la Caisse d’économie solidaire et ses partenaires permet de faire des économies d’échelle importantes, notamment en collectivisant certaines tâches administratives. Un autre bon exemple est la transition numérique amorcée par la coopérative au cours des derniers mois. Cette mutualisation n’enlève rien à l’indépendance des différents médias locaux: «On a tendance à opposer regroupement et autonomie, note le directeur général de CN2i. Or, nous essayons plutôt de les allier, en enlevant certaines charges aux branches locales afin qu’elles puissent, justement, se concentrer sur ce qui les distingue.»
Toutefois, la véritable clé du succès de CN2i demeure l’engagement des travailleurs; l’avenir ne fera que le confirmer, Stéphane Lavallée en est convaincu. «La vraie richesse du monde de l’information est dans les salles de rédaction. Ceux qui buchent chaque jour pour informer la population portent un profond amour à leur média. Le modèle coopératif vise à mettre à profit ce sentiment d’appartenance: il fait des artisans les véritables propriétaires.»
- Illustrations: Amélie Tourangeau
Des exemples de transformation d’entreprises en coopératives soutenues par la Caisse
La Caisse d’économie solidaire Desjardins est un acteur de première ligne de l’économie sociale au Québec. Plus qu’un simple financier, elle est au coeur du succès de nombreuses coopératives et organisations créées dans les dernières années. En voici quatre exemples.
Active sur le marché du carbone et dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et de la mobilité, la Coop Carbone est une entreprise née de l’expertise d’un propriétaire privé. Transformée depuis en coopérative, elle réunit aujourd’hui des entreprises membres qui mettent en place des projets visant à réduire notre empreinte écologique sur le territoire. Elle fait également le pont entre ses différents membres pour encourager les projets collaboratifs. Le modèle coopératif permet ici une mise en commun des expertises.
Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec
Active depuis une trentaine d’années, la Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec est l’aboutissement d’une dizaine d’années de revendications et de mobilisation syndicale. Elle regroupe aujourd’hui de nombreux services ambulanciers et compte plusieurs centaines de membres travailleurs. Sa mission est d’offrir un service paramédical professionnel à la population, tout en veillant à protéger les conditions de travail de ses membres.
Anciennement privée, Ambulance de l’Estrie a fait le saut dans le monde coopératif en 2005. Elle compte aujourd’hui 160 travailleurs actionnaires, dont 147 paramédics. Elle veille à la santé et à la sécurité de la population qu’elle dessert en offrant des services de soins préhospitaliers, de transport par ambulance et de transport entre établissements de santé.
En 1992, alors que l’entreprise Plastiques Gagnon se désintéressait peu à peu de sa division imprimerie, trois employés ont manifesté leur désir de reprendre le flambeau pour sauver leurs emplois. C’est au fil des discussions que le modèle coopératif s’est imposé. La coopérative de travailleurs Promo Plastik, installée à Saint-Jean-Port-Joli et spécialisée dans la fabrication d’articles de plastique, compte aujourd’hui près d’une vingtaine de membres travailleurs.
La Caisse d’économie solidaire Desjardins est spécialisée en investissement responsable et le centre d’expertise en financement d’entreprises collectives et d’organisations communautaires. Comptant plus de 15 000 membres, elle investit plus de 660 millions de dollars en économie sociale, partout au Québec. La Caisse d’économie solidaire est la Caisse des citoyens engagés, des entreprises collectives et des mouvements sociaux, et ce, depuis 1971.
Ce contenu, réalisé par Atelier 10 dans le respect de ses lignes directrices, a été commandité par la Caisse d'économie solidaire. Atelier 10 n’est pas une agence de publicité: nous sommes des journalistes et éditeurs, et faisons ici preuve de la même rigueur que dans le reste de nos activités. Nous choisissons les organisations avec qui nous souhaitons travailler. Elles doivent pour cela être en accord avec nos valeurs et apporter une contribution positive à la société québécoise.
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