Dix nuances de prix
Pour boucler l’année, une sorte de compilation autour de la valeur que nous accordons aux choses, aux idées et aux êtres.
L’effondrement arrive, a même possiblement déjà commencé. Plutôt que de nier le désastre, il est temps de préparer la suite en y consacrant tout ce qui nous reste de capacité à rêver.
La croissance est lente, mais la ruine est rapide.
Survivre ne suffit pas.
Le plus difficile, ce sera le renoncement. Toutes ces choses, ces gens, ces lieux, ces habitudes et coutumes qu’il faudra abandonner, intimement, collectivement.
Et encore, le terme renoncement sous-entend un choix, la possibilité d’opter pour une autre solution. Or, dans ce qui nous attend, le choix sera quasi inexistant. Ce qu’il y aura plutôt: des pertes subites, des adieux forcés, des arrachements aussi cruels qu’imprévus.
Le soleil brillait, les arbres affichaient leur plus beau vert et cette phrase d’Yves Cochet, ancien député européen et ministre de l’Environnement de Lionel Jospin, me trottait en tête: «L’effondrement est certain en 2030, à quelques années près.»
Je quittais Jonquière après avoir assisté au conseil national de Québec solidaire, à la fin mai. La splendeur brute de la réserve faunique des Laurentides faisait du bien, après deux journées de débats souvent houleux et de procédures interminables qui avaient fait soupirer les collègues journalistes. Mais malgré l’importance des enjeux discutés et les menaces pesant sur ce parti nécessaire, j’étais incapable de penser à autre chose qu’à l’absence totale de la crise climatique dans tout ce que j’avais entendu cette fin de semaine là. Aucun renoncement n’avait été envisagé.
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Alors que les frontières se referment et que grandissent la peur de l’autre et le désir de nous retrouver «entre nous», quel espoir y a-t-il pour l’entraide dont nous avons si cruellement besoin, en ce moment critique?
Comment notre époque peut-elle en même temps sembler aussi spectaculairement catastrophique et profondément ennuyante, par bouts?