Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme

Nicolas Langelier
Œuvre: John Martin, «Le grand jour de Sa colère» (1851)
Publié le :
Intro

Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme

L’effondrement arrive, a même possiblement déjà commencé. Plutôt que de nier le désastre, il est temps de préparer la suite en y consacrant tout ce qui nous reste de capacité à rêver.

La croissance est lente, mais la ruine est rapide.

Sénèque

Survivre ne suffit pas.

Emily St. John Mandel

Le plus difficile, ce sera le renoncement. Toutes ces choses, ces gens, ces lieux, ces habitudes et coutumes qu’il faudra abandonner, intimement, collectivement.

Et encore, le terme renoncement sous-entend un choix, la possibilité d’opter pour une autre solution. Or, dans ce qui nous attend, le choix sera quasi inexistant. Ce qu’il y aura plutôt: des pertes subites, des adieux forcés, des arrachements aussi cruels qu’imprévus.

Le soleil brillait, les arbres affichaient leur plus beau vert et cette phrase d’Yves Cochet, ancien député européen et ministre de l’Environnement de Lionel Jospin, me trottait en tête: «L’effondrement est certain en 2030, à quelques années près.»

Je quittais Jonquière après avoir assisté au conseil national de Québec solidaire, à la fin mai. La splendeur brute de la réserve faunique des Laurentides faisait du bien, après deux journées de débats souvent houleux et de procédures interminables qui avaient fait soupirer les collègues journalistes. Mais malgré l’importance des enjeux discutés et les menaces pesant sur ce parti nécessaire, j’étais incapable de penser à autre chose qu’à l’absence totale de la crise climatique dans tout ce que j’avais entendu cette fin de semaine là. Aucun renoncement n’avait été envisagé.

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