Sur le fait de donner ce qu’on ne peut garder
Réflexions sur le passage de témoin et la survie de «Nouveau Projet» dans un monde en bouleversement. À travers la fumée des incendies, un quitte ou double sur notre avenir collectif.
L’effondrement arrive, a même possiblement déjà commencé. Plutôt que de nier le désastre, il est temps de préparer la suite en y consacrant tout ce qui nous reste de capacité à rêver.
La croissance est lente, mais la ruine est rapide.
Survivre ne suffit pas.
Le plus difficile, ce sera le renoncement. Toutes ces choses, ces gens, ces lieux, ces habitudes et coutumes qu’il faudra abandonner, intimement, collectivement.
Et encore, le terme renoncement sous-entend un choix, la possibilité d’opter pour une autre solution. Or, dans ce qui nous attend, le choix sera quasi inexistant. Ce qu’il y aura plutôt: des pertes subites, des adieux forcés, des arrachements aussi cruels qu’imprévus.
Le soleil brillait, les arbres affichaient leur plus beau vert et cette phrase d’Yves Cochet, ancien député européen et ministre de l’Environnement de Lionel Jospin, me trottait en tête: «L’effondrement est certain en 2030, à quelques années près.»
Je quittais Jonquière après avoir assisté au conseil national de Québec solidaire, à la fin mai. La splendeur brute de la réserve faunique des Laurentides faisait du bien, après deux journées de débats souvent houleux et de procédures interminables qui avaient fait soupirer les collègues journalistes. Mais malgré l’importance des enjeux discutés et les menaces pesant sur ce parti nécessaire, j’étais incapable de penser à autre chose qu’à l’absence totale de la crise climatique dans tout ce que j’avais entendu cette fin de semaine là. Aucun renoncement n’avait été envisagé.
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Depuis les années 1960, le Québec a vu des progrès spectaculaires se réaliser. Mais cette période majeure de notre histoire est bel et bien terminée. Une nouvelle ère s’ouvre devant nous, plus trouble et difficile, au cours de laquelle, plus que jamais, nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes.
Pour boucler l’année, une sorte de compilation autour de la valeur que nous accordons aux choses, aux idées et aux êtres.
Alors que les frontières se referment et que grandissent la peur de l’autre et le désir de nous retrouver «entre nous», quel espoir y a-t-il pour l’entraide dont nous avons si cruellement besoin, en ce moment critique?