Quelques adieux
Nécrologies variées

L’écrivain franco-tchèque, à qui l’on doit notamment L’insoutenable légèreté de l’être et Le livre du rire et de l’oubli, nous a quitté·e·s le 11 juillet à l’âge de 94 ans.
Rideau
Parce que Kundera a férocement protégé sa vie privée et ce qu’il définissait comme son œuvre, comme l’essentiel, du parasitage biographique, je n’ai jamais rien cherché à savoir sur son histoire personnelle, dont je connais à peine quelques petits détails (oui, je me souviens vaguement du visage de Vera, photographiée rigolant avec lui, dans un vieil article que j’ai consulté pendant mes études). Dans le grand testament littéraire qu’il nous a légué, il n’a jamais cessé de nous interdire d’«arracher le rideau» de la vie privée, d’aller fouiller là où son œuvre n’est pas, là où la littérature n’est pas: dans «l’inessentiel», dans la biographie de l’auteur, dans les «poubelles», là où nous ne sommes pas chez nous. Comme il l’explicite dans Les testaments trahis, «la vie sans secrets», le fantasme lyrique de la transparence, de la vie privée exposée, montrée à tou·te·s sans rideau aucun, tient d’une vieille utopie totalitaire à laquelle s’oppose la pudeur, la possibilité de notre liberté, et dont «l’enjeu le plus grand est la survie ou la disparition de l’individu». Si je l’imagine bien sûr, homme de chair et d’os projeté dans -l’Histoire turbulente et parfois loufoque de son époque, et s’il m’est difficile de ne pas lui associer certains traits qui reviennent chez ses personnages (tant masculins que féminins), quand j’écris Kundera, je ne parle jamais que de ce personnage de romancier et d’essayiste que je recrée à partir de ses livres, de l’autre côté de la fenêtre, sans jamais essayer d’arracher les rideaux, de forcer les portes ou les serrures. Je réunis donc ici, de mémoire surtout et de manière élective, en pensant à ses «Quatre-vingt-neuf mots», quelques-uns des mots-clés qui me restent lorsque je pense à son œuvre.
Nouveau Projet, c'est du contenu original et de grande qualité, des privilèges exclusifs, et bien plus encore.
Achetez un accès à cet article ou activez dès maintenant votre abonnement à Nouveau Projet pour lire le reste de ce texte.
Déjà membre? Ouvrir une session.

Ce pilier de notre littérature nationale laisse derrière lui une œuvre foisonnante qui compte plus d’une trentaine de romans, une vingtaine d’essais, de nombreuses pièces de théâtre, ainsi que des séries télévisées marquantes comme «L’héritage» et «Montréal P.Q.» On lui doit aussi la fondation de VLB éditeur et des Éditions Trois-Pistoles.

Avant d’arriver à La Presse en 1972, Pierre Foglia est responsable du cahier des sports de la fin de semaine pour le quotidien Montréal-Matin. C’est là, le 26 février 1972, qu’il fait paraitre ce portrait du jeune Ken Dryden, 24 ans, au lendemain d’une cuisante défaite de 7-3 contre les Rangers.

Guy Rocher s’est éteint à 101 ans, laissant derrière lui un Québec transformé. Pilier de la Révolution tranquille, architecte des cégeps, de l’UQAM et de la Charte de la langue française, il a façonné l’éducation et la langue comme armes d’égalité et d’émancipation. Son héritage continue de battre au cœur du Québec moderne. En 2016, il a partagé avec «Nouveau Projet» les principes qui guidaient sa vie et qui, près de dix ans plus tard, sont toujours aussi éclairants et inspirants.