Un revenu de base pour accompagner le travail
- Publié dans : Nouveau Projet 08
- Dossier : 15 visions du travail en 2015
Le marché du travail subit une transformation majeure. L’automatisation et la délocalisation des industries réduisent la quantité d’emplois disponibles et la qualité de ces derniers. Avec ces pertes, nos revenus et notre pouvoir d’achat diminuent, rendant la création d’emplois encore plus difficile et ceux-ci plus précaires. Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut penser autrement.
Depuis plus de 150 ans, des penseurs, des économistes, des politiciens et des citoyens réclament un revenu de base, aussi appelé allocation universelle ou dividende citoyen. Il s’agit d’un revenu versé inconditionnellement à chaque individu, et dont le montant et le financement sont déterminés démocratiquement.
Un revenu de base assure ainsi un niveau de vie décent à tous et il est cumulable à tout autre revenu perçu. Il permet entre autres à chaque personne de poursuivre ses ambitions, en favorisant «un va-et-vient plus souple, tout au long de la vie, entre les sphères de l’emploi, de la formation et des activités bénévoles, notamment familiale » (Bastié). En d’autres mots, il offre à chacun la possibilité d’envisager l’avenir sans craindre de ne plus être en mesure de subvenir à ses besoins les plus fondamentaux.
Le prochain grand pas après l’assurance maladie
Nous oublions facilement que l’assurance maladie, qui s’inscrit aujourd’hui dans l’identité québécoise, a en son temps constitué une transformation majeure de la société et de notre rapport aux institutions publiques. Elle permet à chacun d’être soigné, quels que soient ses moyens et sans crainte de ruine financière.
Aujourd’hui, les mutations du marché de l’emploi, l’endettement généralisé, le vieillissement de la population et les autres défis du 21e siècle nous obligent à repenser l’État providence québécois. Le revenu de base permet de réduire la lourdeur bureaucratique, d’atteindre plus efficacement les plus démunis et de créer une croissance économique durable. Il répond alors à la raison d’être de l’État providence, qui est d’assurer les droits fondamentaux de tous à la sécurité et à la liberté.
- En Suisse, le groupe Generation Grundeinkommen a réussi à rassembler plus de 125 000 signatures pour forcer la tenue d'un référendum sur la question du revenu de base inconditionnel. Le 4 octobre 2013, on a célébré cette nette avancée en déversant huit millions de pièces—l’équivalent de la population suisse —sur la Place fédérale de Berne.Photo: Generation Grundeinkommen
Partout dans le monde, des initiatives voient le jour pour étudier, tester, éprouver les bienfaits du revenu de base et envisager sa mise en place. Exiger un revenu de base s’inscrit donc dans une dynamique mondiale.
Un revenu de base est un investissement dans la société; si nous voulons libérer l’énergie de nos créateurs, de nos entrepreneurs et de chacun d’entre nous, il faut nous donner les moyens de nous relever et de nous maintenir debout. Il faut remplacer notre filet de sécurité par une fondation solide et profonde permettant à chacun de bâtir son futur sans craindre l’insécurité.
Choisir son travail implique le pouvoir de refuser un travail. La force du revenu de base est justement de séparer le travail de la rémunération. Il nous libèrera en puisant directement dans la richesse commune, et le marché du travail se transformera pour respecter nos choix et notre dignité.
Ce texte a été coécrit par Alexandre Bigot, Jonathan Brun, Alexandre Chabot-Bertrand et Luc Gosselin, de Revenu de base Québec