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Vaincre l’inertie, un humain à la fois

Illustration: Luc Melanson
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Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI)

Vaincre l’inertie, un humain à la fois

Le ralentissement brutal occasionné par la pandémie devait être l’occasion d’une prise de conscience du poids démesuré que l’activité humaine fait peser sur son environnement. Or, la reprise économique a balayé d’un coup toutes les bonnes résolutions. Alors, par où devrait-on commencer pour transformer enfin nos modes de vie? Depuis plus de 20 ans, le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) apporte une réponse tangible à cette question en valorisant les rebuts de l’industrie québécoise.

Expertise scientifique de pointe et connaissance intime du tissu industriel local sont les piliers de l’action du CTTÉI. Mais pour sa directrice générale, Claude Maheux-Picard, c’est la logique même de concrétisation du changement qui demeure l’enjeu principal. Voici quelques pistes pour réconcilier durablement économie et écologie.


Apprivoiser la matière

Identifier les déchets de l’industrie dans leur immense diversité, tester leurs propriétés chimiques, séparer les composants, confirmer leur innocuité, imaginer des usages nouveaux et à forte valeur ajoutée pour ces résidus, et, au besoin, transformer ou reconditionner, telle est la raison d’être du CTTÉI, chef de file de l’écologie industrielle au Québec. L’objectif: détourner toujours plus de matériaux de l’enfouissement (dont le prix est ridiculement bas au Québec).

En parallèle, le développement de procédés propres peut résoudre des problèmes de contamination parfois complexes, précise Claude Maheux- Picard. Les applications dans la gestion des boues municipales sont un exemple prometteur de ce que peuvent les fluides supercritiques* pour l’extraction ou la dégradation de composés nocifs.


Proposer des solutions rentables

Diaboliser la méchante industrie ne mène à rien. Ici comme ailleurs, le dynamisme économique est nécessaire. Sauf qu’il ne doit pas se faire au détriment de la santé environnementale ni de la qualité de vie.

C’est dans cette optique que le CTTÉI a développé les premières symbioses industrielles au Québec, des réseaux d’échanges construits par filière d’activité ou par territoire, où les déchets des uns deviennent les ressources des autres. Or les membres de ces alliances sont avant tout des partenaires d’affaires, motivés par l’optimisation des couts et la rentabilité des opérations. Le CTTÉI se doit d’apporter des solutions concrètes et viables pour les convaincre de modifier leurs pratiques.

«On entre par le local poubelle, mais on se retrouve assez rapidement dans le bureau des gestionnaires, et avec une tape dans le dos du directeur financier», sourit la directrice.


Briser les silos

Ni l’ingénierie, ni la philosophie, ni l’économie ne pourront porter seules les changements qui s’imposent. L’interdisciplinarité est d’ailleurs inscrite dans l’ADN du centre, où les chimistes et les ingénieurs côtoient les sociologues et les informaticiens dans un esprit d’innovation ouverte.

Cette approche est nécessaire au développement d’une économie circulaire, où les matières premières et l’énergie sont sans cesse transformées et réutilisées au sein d’une boucle reliant non seulement les industriels mais aussi les collectivités, les citoyens et les consommateurs.


Prendre conscience du facteur humain

Le CTTÉI collabore avec plusieurs laboratoires de sciences sociales: en s’intéressant aux modèles de gouvernance des entreprises, mais aussi au niveau de scolarité des décideurs ou à l’implication citoyenne des employés, l’équipe espère affiner sa compréhension des processus décisionnels. Le sentiment de fierté, l’appartenance et la conscience des retombées concrètes de ses actions font déjà partie des moteurs identifiés.

Ainsi, si l’inertie individuelle est un frein majeur au changement, seul l’humain peut la vaincre. Dans le cas des symbioses industrielles, sans un animateur capable de mettre les gens en contact, de convaincre et de communiquer, les maillages identifiés, bien que techniquement pertinents, n’aboutissent pas. C’est pourquoi le centre n’a eu de cesse de développer son expertise relationnelle.


Partager les connaissances

La mise en commun des expériences est indispensable à l’épanouissement de l’économie circulaire. C’est ce qu’a rendu possible la communauté de pratique Synergie Québec, qui documente les retombées des projets, encadre les partenaires et regroupe les besoins. Ses membres travaillent en étroite collaboration avec les chimistes du CTTÉI, mais aussi avec la nouvelle chaire de recherche du centre.

L’un des mandats d’un centre de transfert technologique est de partager son savoir avec la collectivité. En déposant des mémoires, en participant à des tables rondes et en répondant aux consultations publiques, le CTTÉI communique sur les bénéfices économiques, écologiques et sociaux des synergies industrielles et de la valorisation des résidus.


* Quand une substance pure, comme l’eau ou le dioxyde de carbone, est chauffée et comprimée au-delà de son point critique, elle présente un comportement intermédiaire entre l’état liquide et l’état gazeux qui permet d’extraire ou de détruire des composés de façon moins polluante qu’avec des procédés traditionnels. C’est grâce à un procédé au CO2 supercritique que l’on produit du café décaféiné, par exemple.


Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) accroît la performance des entreprises et des collectivités par la recherche et le développement d'approches et de technologies innovantes pour la mise en valeur des matières résiduelles. Associé au Cégep de Sorel-Tracy, le CTTÉI combine la recherche appliquée, l'assistance technique et la sensibilisation à l'écologie industrielle. Son laboratoire de pointe lui permet de développer des procédés propres et son approche multidisciplinaire soutient l'émergence et la croissance des symbioses industrielles et de l'économie circulaire sur le territoire québécois.


Ce contenu, réalisé par le Studio A10 dans le respect de ses lignes directrices, a été commandité par Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI).

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