Le fol amour des Années folles
Quelle révolution des mœurs pour l’après-pandémie?
Nous sommes-nous trop déresponsabilisés de la production de nos déclarations de revenus?
La déclaration de revenus en tant que geste civique. La fiscalité et l’âme d’une nation. L’annexe 9 et la ligne 34900 du formulaire T1. La qualité du débat public.
Le dinosaure en moi frétille d’impatience. Voici venu ce temps béni de l’année où je taille mes crayons et dépoussière ma gomme à effacer et où, si elle n’avait récemment rendu l’âme, j’extirperais aussi de son étui cette fidèle calculatrice s(c)olaire qui avait l’avantage de ne pas perturber un calcul avec des alertes inopportunes comme ce téléphone dont je me contente désormais. C’est la joie, car la saison des impôts est enfin arrivée.
J’entends d’ici vos cris d’orfraie: il n’y a qu’une masochiste pour saliver à la perspective de faire elle-même sa déclaration de revenus. Une masochiste ou une fille de comptable. Je confesse faire partie de cette seconde catégorie. J’ai reçu en héritage le gout des nombres: mon ADN est fait de chiffres et on m’a appris tôt à parler comptabilité. Le gain en capital, l’exonération fiscale, les taux d’amortissement, l’imposition des revenus locatifs et la dépréciation s’invitaient très régulièrement à la table dominicale. Mon père ne croyait qu’aux chiffres et nous faisait communier avec lui en nous enseignant les tables d’impôt. Conversations vulgaires de parvenu mécréant? C’est au contraire la meilleure école de sciences politiques et de sens civique.
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