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Bientôt, toute une génération de jeunes Anglais maitrisera la langue maternelle des ordinateurs. Dans un marché de l’emploi en pleine transformation, la programmation informatique devrait-elle être enseignée à tous?
Lisez-vous le Java ou le C++? Votre ordinateur, votre téléphone les lisent pourtant; bientôt votre laveuse et votre thermostat le feront aussi. De même que toute une génération de petits Anglais: à compter de cet automne, les jeunes de 5 à 16 ans fréquentant une école publique devront suivre des cours de programmation informatique, selon une ambitieuse initiative du gouvernement britannique. Ils y découvriront ainsi la création d’applications, la logique booléenne, la conception d’algorithmes et les simulations de systèmes physiques; ils exploreront également le fonctionnement des réseaux et des appareils électroniques. Le projet s’inscrit dans une mouvance internationale grandissante, celle de l’alphabétisation informatique (code litteracy), dont les défenseurs réclament la démocratisation. Une mouvance à laquelle adhère notamment le président Obama, qui a lui-même, cet automne, écrit ses premières lignes de code, ne permettant certes que de dessiner un carré. «Ne vous contentez pas de jouer avec votre téléphone. Programmez-le!», insistait-il dans une vidéo adressée aux jeunes Américains.
Cette tendance se justifie d’abord par l’évolution ultrarapide du marché de l’emploi. «D’ici 2020, plus de la moitié des emplois en sciences, en technologie et en ingénierie seront liés aux sciences informatiques, alors que la majorité des écoles primaires n’offrent toujours pas de cours de programmation», lisait-on dans un communiqué de presse de la Maison-Blanche publié en décembre 2014. En effet, les bonds de géant réalisés dans la dernière décennie, particulièrement en intelligence artificielle, bouleverseront inévitablement le marché du travail: 47% des emplois existants seront à risque au cours des 20 prochaines années, à en croire une étude récente menée par des chercheurs de l’Université d’Oxford. Aucun secteur n’y échappera, administration, sciences, ingénierie, droit et médecine y compris. «Dans cinq à dix ans, il sera aussi important de savoir programmer que de savoir écrire ou lire. Nous nous demanderons alors pourquoi il nous a fallu tant de temps pour nous en rendre compte», déclare Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, dans une vidéo en soutien au projet An Hour of Code for Every Student, qui initie à la programmation des dizaines de millions d’élèves issus de 180 pays.
Quelques lignes de code suffisent souvent à transformer le quotidien d’une bibliothèque ou d’un cabinet de médecin, à revamper les pratiques d’un détaillant, à bouleverser le marché du taxi ou le processus créatif de l’artiste, à mobiliser les habitants d’un quartier autour d’un projet commun. Aussi faut-il se débarrasser de cette croyance voulant que la fabrication d’outils numériques soit réservée aux programmeurs, à une élite informatisée.
Au-delà des questions de main-d’œuvre, enseigner la programmation, c’est façonner des esprits rigoureux et analytiques. C’est peut-être même l’occasion de revoir entièrement l’enseignement des mathématiques et de la pensée logique. Le technologiste britannique Conrad Wolfram est en croisade: selon lui, les aptitudes mathématiques les plus importantes ne sont pas celles qui figurent en ce moment au curriculum (soit le calcul et l’algèbre à longueur de pages). Il privilégie plutôt la capacité de décortiquer et de traduire des problèmes du quotidien en équations solvables par des ordinateurs, puis d’interpréter les résultats de ces calculs dans la vie. Et vous, cher lecteur, seriez-vous capable d’écrire les équations qui permettent de choisir entre différentes polices d’assurance?
L’Angleterre n’est pas la seule à s’intéresser aux sciences informatiques. La France offre, depuis septembre dernier, des cours de programmation optionnels en activité parascolaire, et la Finlande envisage de les intégrer à l’école primaire. Aux États-Unis, certaines prisons l’enseignent même à leurs détenus pour favoriser leur réinsertion -sociale. Le seul fait que l’idée semble rébarbative pour le Québécois moyen témoigne du retard que nous accusons dans le domaine. Un retard surprenant, considérant que Montréal est une capitale universitaire nord-américaine exceptionnelle, se démarquant par sa scène musicale expérimentale, ainsi que par son industrie des biotechnologies et du jeu vidéo hors du commun. Qu’attendons-nous pour prendre le contrôle de la jungle d’ordinateurs dans laquelle nous vivons?
Binh An Vu Van est journaliste scientifique indépendante. Depuis 2005, elle est aussi reporter à l’émission Le Code Chastenay, à Télé-Québec. Elle dévore l’actualité scientifique et s’intéresse tout particulièrement à la relation entre les sciences, l’humanité et la société.
Photo: Lucélia Ribeiro
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