Est-Ouest

Gabrielle Roy
Tramway, Sainte-Catherine, 1944.
Tramway, Sainte-Catherine, 1944.
Publié le :
Grands essais

Est-Ouest

1941

En parallèle de sa carrière d’écrivaine, la grande Gabrielle Roy a aussi exercé le métier de journaliste indépendante. Dans ce reportage littéraire publié au début des années 1940, elle nous présente Montréal d’est en ouest, en remontant trois grandes artères de la ville: les rues Notre-Dame, Sainte-Catherine et Sherbrooke. 

Avec une introduction de Charlotte Biron et Alex Noël.

Considéré dans ce texte

Montréal, du Bout-de-l’Île à Westmount, des taudis d’Hochelaga aux courts de tennis de la bourgeoisie anglophone. La frénésie urbaine, les réclames publicitaires, les journaux et périodiques. Les grands efforts de bilinguisme des jeunes filles d’ascenseur et des contrôleurs de tramways. Le piètre sort réservé aux touristes. Les escaliers, encore les escaliers, toujours les escaliers.

À propos de ce texte

En 1939, Gabrielle Roy rentre d’Europe et choisit de s’établir à Montréal, plutôt que de rentrer au Manitoba où l’attend un poste d’institutrice. À 30 ans, la jeune femme rêve de vivre de sa plume. Elle place billets et nouvelles dans diverses publications, avant d’intégrer Le Bulletin des agriculteurs, mensuel à grand tirage de la région montréalaise.

Dans les années 1940, Gabrielle Roy a voyagé de la Gaspésie jusqu’en Alaska pour ses reportages. Elle a suivi le long trajet des draveurs, séjourné dans des familles d’im-migrants de l’Ouest canadien, exploré les mines du nord-ouest du Québec et voyagé jusqu’en Abitibi avec des colons venus des Îles-de-la-Madeleine.

Pour le 300e de la Métropole, elle publie une série remarquable de quatre reportages sur Montréal. En étrangère, Gabrielle Roy l’appréhende comme une ville fourmillante, à la fois ancrée dans son passé historique et tournée vers l’avenir. Dans «Est-ouest», publié en 1941 dans Le Bulletin des agriculteurs, Roy suit trois grandes artères, fait un détour par quelques perpendiculaires, s’arrête sur leurs noms de personnages historiques et littéraires, et nous emmène de Pointe-aux-Trembles à Ahuntsic, en passant par Hochelaga et Westmount. Elle fait courir son regard d’un point à l’autre de l’ile, décrivant tantôt d’un geste large les contours urbains, tantôt le détail d’un coin de rue.

Au gré de sa déambulation urbaine, la journaliste saisit avec acuité le fossé des disparités sociales: l’aisance et le calme de quartiers anglophones en hauteur détonnent avec la misère et les illusions des zones délabrées. Des oasis de paix comme le parc La Fontaine ou le Jardin botanique, aux carrefours les plus babéliens de la ville, c’est un bric-à-brac d’odeurs et de textures, d’étalages, de galeries et de vitrines. Montréal, où s’entrechoquent le français, l’anglais et d’autres langues, est tout à la fois immigrant, voyageur, ambitieux, opportuniste et parvenu.

Pour les lecteurs d’aujourd’hui, «Est-ouest» permet de découvrir les êtres et les rues qui ont inspiré Bonheur d’occasion, mais aussi de se plonger dans une ville en friche, chaotique et délabrée, fourmillante de possibles. Les quartiers que nous connaissons aujourd’hui y émergent progressivement, des journaux comme Le Jour ou La Patrie n’ont pas encore disparu, Radio-Canada n’a pas encore érigé sa tour. Le rythme et la précision du reportage semblent épouser la frénésie urbaine et son désordre coloré. La force du texte réside dans l’écriture. Les reportages de Gabrielle Roy constituent un art à part entière, qui mérite d’être porté à l’attention du grand public. Avec eux, comme le fait remarquer son biographe François Ricard, c’est peut-être la première fois que Montréal tel que nous le connaissons aujourd’hui fait son entrée en littérature.


Charlotte Biron rédige une thèse sur l’histoire littéraire du reportage au Québec, d’Arthur Buies à Gabrielle Roy. Son mémoire de maitrise Mavis Gallant et Gabrielle Roy, journalistes a été publié chez Codicille éditeur en 2016 dans le cadre du prix de la recherche émergente du crilcq. Alex Noël enseigne au cégep et consacre une thèse à la dépossession dans le roman moderne québécois. Il est également lauréat du Prix du jeune écrivain de langue française 2016, pour un texte publié en France chez Buchet Chastel. 

Chargé de cargos, de chalands, de paquebots, de pétroliers, le Saint-Laurent quitte l’ile de Montréal au confluent de la rivière des Prairies. La rue Notre-Dame y entreprend le voyage qui la portera à travers la ville jusqu’à Lachine.

Elle part du Bout-de-l’Île, sans retard, sans ennuis. Un peu plus haut, à la Pointe-aux-Trembles, lui arrive une compagne qui l’aidera à porter les bagages: Sherbrooke. Sainte-Catherine, voie principale, n’est pas encore en route.

Elle se met en marche à Viauville, paroisse assoupie. Encore hésitante et loin de soupçonner le tohubohu, l’éclairage au néon, les minuits bruyants d’Uptown, elle traverse Maisonneuve au petit trot pour entrer dans Hochelaga.

Triste quartier, laid, gris, que dominent les réservoirs de la compagnie de gaz. De nombreuses familles d’ouvriers besognent aux raffineries d’huile, aux usines du Canadien Pacifique, du gaz et au port. Mais une partie de la population végète, secourue par l’Assistance publique.

Quelques rues ombragées, sereines, où des religieuses mènent les élèves à la promenade. Quelques maisons isolées face à des champs incultes. Beaucoup de taudis. Misère chronique.

Du coin de Havre et Ontario, j’aperçois un groupe de maisons qui se délabrent: carreaux défoncés, fenêtres bouchées de guenilles ou de papier. Une porte entrouverte révèle une petite chambre: des lits, des lits.

Devant ces maisons, une pente de verdure qui seule en atténue la misère. Les petits pauvres y vivent au royaume magique de l’illusion. L’espace ne manque pas pour organiser leurs jeux étranges, sans signification à nos yeux, mais qui sont la libération de l’enfance. Ailleurs, dans les allées populeuses, ils jouent à la marelle en pleine rue, sans gaieté.

Et cependant, je me suis trouvée un soir au coin des rues Wurtele et Florian. Entre le remblai d’une voie ferrée et le dos des maisons, un terrain vague. Des hommes, des femmes et des enfants ensemençaient cet espace que la ville réclamera plus tard pour y percer une rue.

Autour de la petite communauté agricole court une clôture bizarre. Fers de lits, ressorts de lits, montures de lits; tous les morceaux de couchettes, rouillés, tordus, s’y enchainent pour former une frêle barricade. Et au-delà de cet enclos d’épaves intimes, si nombreuses, les bienfaits de la terre!

J’ai causé avec un Polonais qui a là sa petite maison, une cour dallée, son clapier et son pigeonnier. Il y vit comme le Robinson de Paris, n’ayant mis pied «en ville» depuis des années probablement.

La rue Sainte-Catherine traverse Hochelaga sans le connaitre. Déjà ambitieuse, elle ne s’offre que des aspects de banlieue commercialisée: chaine de magasins, salles de spectacles, bazars de 5-10-15 où l’on vend surtout à partir de 19 cents, gargotes et tavernes. Elle aperçoit le fleuve de temps en temps par-dessus l’épaule de son ainée, Notre-Dame, et la montagne par-dessus sa rivale, Sherbrooke.

Rien ne laisse encore pressentir le rôle qu’elle s’apprête à jouer. Jusqu’au quartier de Sainte-Marie, elle suit les docks de près. Et puis, la voici qui bifurque à la rencontre de Frontenac et prend un raccourci vers le centre de la ville.

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Elle croise de vieux compères: Iberville, De Lorimier, Papineau. C’est une particularité de Montréal de grouper les personnages selon l’histoire. Montcalm, Wolfe emboitent le pas. Ensuite, Champlain et Maisonneuve. Dans l’ouest, la bonne reine Victoria est accompagnée d’Albert, son fidèle consort. Ailleurs s’assemblent les poètes, les romanciers avec, parfois, un dramaturge: Ruskin et Dickens; Jules Verne et Molière; Goldsmith, Hugo, Milton, Musset, Racine, Ronsard et Shelley.

En géographie? Mêmes scrupules. À Montréal-Nord, à la file: London Avenue, Paris Avenue, Rome Avenue, Bruxelles Avenue. Et même l’avenue Lausanne, image de l’intervention paisible.

Cependant, la rue Sainte-Catherine file et ramasse tout sur son passage: magasins de sous-vêtements, de meubles, d’objets en cuir, étals de bouchers, vitrines de fruitiers, échoppes de savetiers et de ferblantiers, l’Arcade, le théâtre National, La Poune, des clubs de bowling, Amanda et Joseph, des boites de nuit, des tavernes, des temples. Elle n’est ni française, ni anglaise, ni même américaine. Elle reste une rue hybride mêlant les enseignes et les affiches dans un charabia d’anglais et de français.

Elle dira: «Venez au roi du chien chaud», ou «Sauvez vos rebuts», ou encore elle parlera d’un certain tabac «dispendieux». Elle insistera sur la qualité de 100 breuvages. «Buvez du 7up». «Essayez Flirt; c’est un amour». Et elle plonge les gens dans l’abime même de l’incompréhension lorsqu’elle assure: «Vous aimerez It.»

Opportuniste, elle s’encombre de petits commerces errants: charrettes des marchands des quatre saisons, voitures de blé d’Inde soufflé et de frites, tables pliantes, ici aujourd’hui, ailleurs demain, couvertes de cravates, de colle ou de 50 petites inventions que lancent des bateleurs souvent houspillés par la police.

Elle est déjà bien encombrée lorsqu’elle arrive à la rue Saint-Denis.


De partout dans la ville, on a voulu des galeries et des escaliers. Ils se sont propagés comme une trainée de feu. La contagion a couru. Elle menace toute la banlieue. On peut aller à six, sept milles de la ville, vers Ahuntsic ou Cartierville, et là, en pleine campagne, on trouvera encore ces bâtisses enlaidies d’escaliers à tirebouchon.

Rue Saint-Denis et rue Saint-Hubert se distribuent les divers édifices de l’Université de Montréal: l’École polytechnique, l’École des Hautes Études Commerciales, l’École de droit, l’École de médecine, l’École de pharmacie et l’École de chirurgie dentaire. Ces facultés éparses attendent depuis longtemps qu’on les rassemble enfin dans la cité universitaire de la montagne. Avec elles partiront, hélas, la ferveur et la jeunesse de la rue Saint-Denis.

Cette artère voudrait être française. Elle y réussit presque. Au nord de Sainte-Catherine, l’église Saint-Jacques, modernisée, la bibliothèque de Saint-Sulpice, le théâtre Saint-Denis, fidèle aux films français, et quantité de pâtisseries dont l’étalage de brioches, de croissants, de biscottes et de millefeuilles change agréablement des hamburgers et des hotdogs. Mais passé Sherbrooke, et même avant, la rue Saint-Denis se gâte. Timides encore, quelques escaliers apparaissent. Il vaudrait mieux rebrousser chemin, car bientôt nous serons égarés dans une forêt d’escaliers.

Les voilà qui commencent pour de bon. Ici, toutes les petites gens assoiffés d’air pur ont voulu des galeries et toutes les galeries ont demandé des escaliers, encore des escaliers, toujours des escaliers. Quelques-uns tout droits ne perdent pas de temps à monter au deuxième étage. D’autres prennent des détours, s’arrondissent au centre. Des jumelles siamoises partent dos à dos et se séparent plus tard pour aller chacune à leur maison. Tous alourdis d’ornements standardisés. Et tous ardus à grimper. On se sent pris de vertige lorsqu’on imagine les multitudes rentrant au logis par les soirs de gel.

La pensée voyageuse ne peut encore s’arrêter là. Elle spécule tout à coup sur le nombre de marches qu’auront gravies les Saint-Denisois, au cours de leur vie sur Saint-Denis, et cela en luttant souvent contre le grand vent et la pluie. Ce n’est pas tout. Les matins enneigés, il faut nettoyer toutes ces marches; les matins de verglas, les gratter; et tous les jours, presque, les laver à grande eau.

Mais ce qu’il y a de plus navrant, c’est que la rue Saint-Denis a donné le mauvais exemple. Bientôt, de partout dans la ville, on a voulu des galeries et des escaliers. Les escaliers se sont propagés comme une trainée de feu dans les quartiers de Rosemont, d’Hochelaga, de Pointe-Saint-Charles, de Saint-Henri et même de Verdun qu’on avait espéré plus progressiste. La contagion a couru. Elle menace toute la banlieue. On peut aller à six, sept milles de la ville, vers Ahuntsic ou Cartierville, et là, en pleine campagne, en plein champ inculte, on trouvera encore ces bâtisses de brique rouge ou jaune, enlaidies d’escaliers à tirebouchon, les mêmes qu’on a vus rue Saint-Hubert, rue Saint-André, rue Tupper. Là où on aurait pu construire des cottages élégants, on a encore voulu une grande caserne afin d’y mettre des galeries et des escaliers. Et même quand il n’y a pas de galeries, on met des escaliers.

Certaines gens m’assurent que les tirebouchons servent un but utilitaire et ménagent à l’intérieur des appartements une pièce de plus. Cela est fort possible, mais la ville me parait assez éparse pour qu’il ne soit pas nécessaire de la défigurer ainsi par esprit de fausse économie.

Fantasque, la rue Saint-Denis aura péché autrement contre la simplicité et le bon gout.

Un jour, elle a cru bon de poser une affiche à la devanture de ses petites boutiques improvisées au rez-de-chaussée. Le lendemain, tous les gargotiers et marchands de coke--cigarettes-bonbons-gomme eurent des pancartes. Une seule minuscule devanture en compte maintenant une trentaine.

On y est sollicité à la fois par tant de gros-kik, de petits-kik, de petits-sweet, de gros-sweet, d’Alouette, de Lasalle, de Grads, de 7 en haut, de Black cat et de Drink-Cola, de tant de choses qu’on ne sait vraiment plus qu’essayer.

Tout règne en profusion rue Saint-Denis, même les professions. Les avocats y logent en confréries. Les médecins y sont si nombreux, spécialement au coin de Saint-Denis et Sherbrooke, que leurs enseignes se disputent parfois des moitiés de façades. Que Montréal avec tant d’avocats ait encore des démêlés, je le comprends très bien, mais qu’avec une telle abondance de médecins, il y ait encore tant de malades, ça me parait inquiétant.

Plus haut s’ouvre le charmant square Saint-Louis au gout bien français. Une fontaine répand son jet de fraicheur dans un grand bassin et, tout alentour, les fenêtres livrent des visages soucieux ou ardents. C’est un quartier habité par une jeunesse qui a des difficultés avec les logeuses et les blanchisseuses, qui mange dans des petites pensions de famille, au sous-sol, pour 30 sous, et qui se balade le soir, la tête pleine de bouillonnantes idées, prête à réformer le monde... et le gousset vide.

Ce n’est qu’une oasis. Aussitôt après avoir contourné le carré, nous sommes repris par l’obsédante rue Saint-Denis, sa réclame, ses ridicules enfilades de perrons, son vacarme de tramways défilant deux par deux. Quelques pauvres arbres étiolés poussent entre les escaliers. À chercher l’espace, leurs branches se tordent.

À peine isolés de la confusion, des gens se bercent sur leurs galeries si chèrement achetées, allongeant parfois le cou sous la banne pour épier le passant et le détailler sans merci.


Passé Saint-Denis, la rue Sainte-Catherine sombre dans un marais où surnagent quelques efforts intellectuels: La Patrie et Le Jour. Longtemps encore, elle éprouvera des difficultés à se débarrasser de contacts vulgaires. Berger, De Bullion et Saint-Dominique la traversent avec leurs ombres louches, leurs marmots en guenilles. Les devantures lui offrent des étalages monstres de 300 paires de chaussures, de 200 petites bagues de fiançailles. Le rémouleur avec sa meule et ses outils, les photographes ambulants, les allumetiers et vendeurs de fleurs la suivent et l’escortent. Depuis des années, elle offre, aux mêmes endroits, certains visages qu’on ne remarque plus à force de les y voir. Il y a la dame aux perroquets, enfoncée dans le portique de l’église de Chiniquy, brune et farouche comme une Égyptienne. Pour quelques sous, le passant reçoit son horoscope du bec d’un perroquet aphone, et la dame empoche avec un petit sourire chiche. Plus haut, il y a le violoneux d’Ogilvy qu’on verra par tous les temps, poussant l’archet, battant du pied et fumant sa bouffarde canadienne au même rythme. Ses heures d’affaires coïncident avec la poussée de cinq heures et la flânerie d’après huit heures. Son répertoire, à ce qu’il me semble, comprend deux gigues. Mais elles n’ont jamais donné à personne le gout de sautiller.

Tout au long de sa course, la rue Sainte-Catherine vend des journaux. D’abord dans des kiosques grillagés, petites cahuttes vertes qui se ferment complètement la nuit, puis derrière des stands qui déménagent tard, le soir.

Au boulevard Saint-Laurent, elle devient la rue Sainte-Catherine Ouest. Et la voici, tout de suite, qui grimpe une côte pour arriver à De Bleury. La haridelle est devenue cheval de course.


La rue Sherbrooke, entretemps, a filé dans sa beauté première. Ce large boulevard, entré dans la ville au ronronnement des automobiles rapides et des autobus modernes, se tient à l’écart de la bousculade et du grand commerce. Il se refusera à porter les tramways jusqu’à Atwater.

Sa course facile lui ménage tant d’endroits ombreux et doux qu’il semble côtoyer la ville plutôt que de la traverser. Tout de suite, à la sortie de la banlieue, il arrive au Jardin botanique.

J’aime beaucoup ce jardin des plantes. Nous devrions toujours laisser les fleurs nous parler de leur pays d’origine. Ainsi se formeraient des liens d’amitié. Ici, les tulipes m’entretiennent d’une petite Hollande proprette; là, des pruniers roses de l’ile des Nippons. Ailleurs, le jardin de rocaille, les parterres de narcisses et de myosotis me reportent au parc de Hampton Court.

Jamais Montréal ne s’est permis d’oublier ce qu’il est comme à cet endroit. Plus de langue, plus de division, plus de nationalisme. La paix, enfin! Des pergolas ombragées, des allées harmonieuses, des amphores rouges, des bancs de pierre et de chêne et, au fond d’une demi-brousse, un étang naturel que l’on peut traverser à gué. J’ai un souhait: qu’on laisse à cette brousse le caractère des champs communs de Londres, ce caractère un peu échevelé et sauvage. Aussi, puisque le jardin appartient aux petites gens plus qu’aux savants botanistes, que la carte-étiquette des plantes porte le nom vulgaire aussi bien que le nom latin.


C’est un quartier habité par une jeunesse qui a des difficultés avec les logeuses et les blanchisseuses, qui mange dans de petites pensions de famille, au sous-sol, pour 30 sous, et qui se balade le soir, la tête pleine de bouillonnantes idées, prête à réformer le monde... et le gousset vide.

Fraiche et dispose, la rue Sherbrooke arrive peu de temps après au parc La Fontaine, qu’on aime encore, malgré l’attirance du parc de la montagne. Sa fontaine lumineuse, reproduite sur tant de cartes postales, fait toujours la joie des familles et des bambins.

La rue Sainte-Catherine habille, nourrit les hommes, les porte à leurs affaires ou à leurs amusements effrénés; la rue Sherbrooke leur ménage le grand hôpital Notre-Dame, la bibliothèque publique (municipale), le monastère du Bon-Pasteur, derrière une haute clôture: les retraites pour la convalescence, la méditation et la pénitence. Quelques consulats y logent également, mais la plupart sont groupés rue Stanley.

Entre les rues Saint-Denis et Union, elle se rétrécit. Pour la première fois, elle imite Sainte-Catherine. Des buanderies chinoises, des cafés, des échoppes de tailleurs l’enserrent alors. Sur une grande partie de son cours apparait une violente réclame touristique. Mais bientôt elle se secouera pour reprendre son grand air. Elle va devenir la Fifth Avenue de Montréal.


La rue Sainte-Catherine a gravi la côte De Bleury. Aux signaux rouges, elle se repose un peu, puis se plonge en plein tourbillon. Elle a définitivement laissé derrière elle les vitrines d’affutiaux, les étalages de clinquants et les vendeurs de la rue. Elle s’en va fringante vers ce qu’il y a de plus riche, de plus exclusif à Montréal: grands magasins, fleuristes reconnus, boutiques de haute vogue. Éperonnée, harcelée par tous les bruits de la piste, elle passe le square Phillips, Edouard vii, Morgan, des limousines, la maison du diamant, le coffre-fort de l’orfèvrerie, les théâtres à 60 sous la place, les salons de fourrures, les éditeurs de luxe, l’édifice de la Banque de Commerce où loge le poste ckac, le Dominion Square Building, les palais de la mangeaille déguisés en serres chaudes avec leurs baies ornées de plantes et de fleurs, les pet shops, les pharmacies qui résonnent d’un grand bruit de vaisselle.

Ses anciennes boutiques de viande fumée s’appellent maintenant delicatessen; ses petites librairies, The Classics Book Shop; et ses grands bazars populaires offrent des bars nickelés où la foule mange debout, se hâtant pour céder la place à une nouvelle rangée de consommateurs.

La voici qui remorque deux rangs pressés d’automobiles et deux longues files de tramways. Ses débuts modestes ne l’avaient point préparée à pareilles responsabilités. Elle étouffe. Elle devient haletante, tire son fardeau comme un bouleux épuisé, s’arrête pour souffler aux signaux rouges ou sous l’ordre d’un agent de circulation, provoque des embouteillages, se libère, hennit de 1 000 klaxons.

Les tramways la retardent et l’épuisent, véhicules trop lents et trop encombrants pour sa course ardue. Celui-ci part, grince des freins, stoppe et précipite les gens vers l’avant. Il repart, s’arrête pour cueillir un retardataire, démarre, fait halte devant les signaux qui, entretemps, ont encore tourné au rouge, attend avec le plus grand flegme quand justement la voie est libre, reprend tout à coup son élan et bouscule les passagers vers le fond. Il ralentit subitement devant un piéton audacieux, met sa furieuse cloche en branle, sonne la ferraille, s’immobilise pour attendre encore le signal du départ, rebondit, ressasse les gens et conquiert enfin une fraction de mille pour recommencer le même manège à la prochaine intersection.

Née française, la rue Sainte-Catherine tâche encore, au milieu de toutes ses préoccupations, de garder quelques traditions de son passé. Avant d’aller mourir à Westmount, elle fait de grands efforts de bilinguisme. Ses vitrines rivalisent de prouesses linguistiques. À l’intérieur des magasins, même âpre lutte. Les jeunes filles préposées au service des ascenseurs entonnent à chaque étage une ritournelle qu’elles doivent répéter dans leurs rêves agités, les pauvres petites.

«Main-floor-rez-de-chaussée... First-floor-premier-étage... Second-floor-deuxième-étage... Lingerie-millinery-ladies’ coats-hats-dresses-lingerie-manteaux-chapeaux-robes...»

Les contrôleurs des tramways font preuve du même bon vouloir. Ils ne cessent de chantonner, oubliant parfois de changer d’accent en passant d’une langue à l’autre. «Bleury-Park-Avenue-l’avenue-du-Parc... University-Université... Inside, s’il-vous-plait... En avant, if you please... Faites attention... Mind the doors

Avec ça, on a l’impression d’être sur l’eau à entendre les gens se dire gravement entre eux: Je débarque ici. Et vous autres? Non, on débarque plus loin.

Ou encore le contrôleur qui crie comme un gondolier éperdu: Débarquez de ce côté-ci. Attendez pour embarquer. Embarquez des deux bords. Both sides, if you please.

Harnachée d’enseignes brillant toute la nuit, excitée par le va-et-vient et les clameurs de la piste, la rue Sainte-Catherine poursuit sa course vers le but. Elle touche à Peel, qui arrive essoufflée des gares Bonaventure et Windsor et la charge de nouveau roulant. On est au cœur de la ville, au point central d’Uptown.


On est aussi arrivé dans la zone des touristes. Derrière Sainte-Catherine s’élève la gare Windsor, château fort du Canadien Pacifique. Plus bas, rue Saint-Jacques, la bâtisse trapue du Canadien National, qui s’affirme Bonaventure. Plus haut, rue Dorchester, le terminus d’autobus fourbus ou frais et dispos, rentrant à domicile ou s’égrenant vers la campagne.

Des hôtels de tous genres. Pour les trappeurs, les habitants, les permissionnaires, les commis voyageurs et les milliardaires. Queen, LaSalle, Ford, Mont-Royal et le Ritz-Carlton ont commencé à lancer des invitations de loin, depuis la campagne où ils sèment les panneaux-réclames. Les rues Stanley, de la Montagne, Dorchester et Sherbrooke offrent d’anciennes résidences travesties en maisons de touristes avec faux parterres et simulacres de jardinets. Elles font leur réclame à domicile. Et quelle réclame effrontée!

Là, dans une profusion de pancartes, comme on n’en a vu qu’à la rue Saint-Denis, le touriste est alléché par toutes sortes de promesses bizarres. Les quiproquos auxquels se prête un bilinguisme bien intentionné achèvent de le dérouter. Il lit que «trois belles grandes chambres communicatives» attendent son inspection. Ce que ces trois belles grandes chambres ont à se communiquer restera probablement un mystère, mais il y a des jours où je voudrais bien le savoir.

Il est frappé d’une chose insolite: trois appartements avec salle de bains composent un appartement. Plus loin, on l’attire avec la promesse de l’eau chaude courante et d’un matelas Beautyrest. À d’autres endroits, on lui jure que ça ne lui coutera pas plus que 75 cents pour dormir entre deux draps et garer son automobile par-dessus le marché. Et à d’autres encore, on souligne assez clairement le fait qu’il vaudra mieux pour lui être abondamment pourvu d’espèces sonnantes.

Que j’imagine bien l’angoisse du pauvre visiteur cherchant un gite dans cette Babel de bruits, de promesses et de mirages!

Montréal n’est guère adroit dans ses rares efforts d’hospitalité. Il saute à la gorge des gens dès leur sortie de la gare, les empoigne, les pousse dans un taxi, les installe tant bien que mal et, une fois qu’il les a casés, se désintéresse d’eux.

«Allez où vous voudrez, mangez où ça vous plaira; j’ai des restaurants épatants si seulement vous pouvez les dénicher, à l’est et à l’ouest. Buvez aussi, d’abord que ce sera en mangeant. Autrement, je ne vous accorde que la bière. Pourquoi, me demandez-vous? De grâce, pas de question. Je ne le sais pas moi-même. On m’impose de temps en temps des manies de restriction. Ainsi, je vous défendrai prochainement de boire le dimanche. Que voulez-vous! On trouve ça pire de boire le dimanche que la semaine. Mais visitez. J’ai des maisons riches de souvenirs: vous en reconnaitrez quelques-unes à des plaques-enseignes. Pour le reste, je me fie à votre flair. J’ai conservé des vestiges ici et là. J’ai un musée; vous avez surement entendu parler de mon château De Ramezay. Ne m’embêtez pas plus que nécessaire et tâchez de dépenser beaucoup. Je retire un beau revenu de votre visite, mais je ne peux guère débourser pour vous recevoir. Mes finances ont toujours été dans un embrouillamini à n’y rien comprendre. D’ailleurs, mes policiers sont avenants: ils vous renseigneront. Allez, mes enfants; vous êtes chez vous.»

Et la ville met à la disposition des touristes son char observatoire, doré comme un charriot romain et sans protection contre la pluie, ses fiacres et taxis du square Dominion, quelques berlingots qui se vantent d’aller «nowhere» et d’autres autobus tacots qui mènent les gens à Caughna-waga, au Musée de cire, à l’oratoire Saint-Joseph, au cimetière et à Notre-Dame.

Magnanime, elle s’est arrangée avec Ottawa et Washington pour leur faire accorder des exemptions de douane. «Achetez pour 100$, leur suggère-t-elle, et je vous laisserai partir sans percevoir le plus léger bénéfice, à part ma taxe de vente, bien entendu. Et aussi ma taxe d’hôpital que vous paierez tout en mangeant et sans vous en apercevoir. Oh, et j’allais oublier: en arrivant, en repartant et chaque fois que vous quitterez l’ile ou que vous y reviendrez, vous serez bien gentils de passer quelques pièces à mes péagers et de m’aider à payer mes ponts Charlemagne, Jacques-Cartier et Victoria qui m’ont couté cher, vous savez. Je pense que c’est tout.»

Heureusement, le menu peuple a conservé les précieuses traditions d’hospitalité françaises. C’est chez lui qu’on trouvera l’accueil qui vient du cœur.

Socialement, Montréal est une grosse dame parvenue qui a toujours peur de se tromper quand elle lance ses invitations. Elle étudie le pédigrée des étrangers en petits conclaves d’élus et pendant qu’elle se demande s’ils valent la peine d’une réception ou d’un demi-paragraphe dans ses journaux, ils sont déjà rendus à New York. Ou bien elle se chamaille à leur sujet à pleines colonnes. Un clan dit: «C’est un grand homme que nous avons laissé passer chez nous sans même lui tendre la main.» Et l’autre clan répond: «Pouah! Pas si grand homme que ça! A beau mentir qui vient de loin.»

Elle fait cependant exception pour les Tino Rossi, les Reda Caire, les Madeleine Carroll qu’elle va rencontrer à la gare, embrasse à pleines lèvres et conduit en triomphe de poste en poste de radio.

Quand il s’agit de ses propres artistes, elle devient plus que circonspecte, elle attend qu’ils soient reconnus à l’étranger avant de leur ouvrir les bras. Et même quand ils ont brillé en Europe, elle se demande parfois si c’était bien mérité; elle attend encore un peu plus longtemps pour être sure qu’on ne la berne pas... Jusqu’à ce qu’ils meurent un jour. Alors, prise de compassion, elle leur élève des monuments ou, quand la pierre vient à manquer, leur consacre des pages et des pages de larmoyants hommages.

«Bien sûr, dira-t-elle, j’ai eu des hommes célèbres: voyez, j’ai des monuments partout.»


La rue Sherbrooke s’est détachée du quartier des petits commerces poisseux. La voici large et aérée. Le campus de McGill la borde du côté nord. Au-delà de la colonnade en hémicycle, des pelouses et des terrains de cricket, surgit la petite ville studieuse vouée aux recherches médicales, aux expériences scientifiques, aux problèmes économiques, à toutes les choses de l’esprit. Comme l’Art Gallery, comme l’Université de Montréal, McGill est indépendant de l’État. Il subsiste surtout grâce à l’aide de dons privés.

Le Royal Victoria College, plusieurs fraternités annoncent McGill. La magnifique bibliothèque Redpath, une des plus vastes et des plus complètes de Montréal, marque, rue McTavish, sa frontière ouest.

La rue Sherbrooke entre alors dans le Montréal fashion-able. Elle coule largement entre le Berkeley, hôtel à terrasse, les boutiques de haute couture, les appartements exclusifs du Château, le temple de Saint-André et Saint-Paul, les photographes en renom, Holt Renfrew, les salles pour le five o’clock, le Club Épicurien, Watson, marchand de tableaux, les médecins de la société montrant de discrètes enseignes ou des vitrines de bon ton. Puis vient le grand poème en pierre des séminaires de Saint-Sulpice, modèle de sobriété, de recueillement et de pur gout français. Deux vieilles tours et un peu de mur épaulé de contreforts nous parlent d’histoire. Plus loin, devenue grande dame, la congrégation de Marguerite Bourgeoys s’abrite derrière des peupliers.

Mais voici qu’arrivent avec les tramways la houle et l’énervement de Montréal. La rue Sherbrooke a perdu sa sérénité. On la reconnaitra à peine lorsqu’on la reverra à Notre-Dame-de-Grâce, ouverte à la vie modernisée: salons de beauté, pharmacies-restaurants, tearooms, quincailleries où la théière est à l’honneur, stop-and-shop et ennuyeux duplex. Le faubourien croit cependant toucher au paradis lorsqu’il a réussi à s’y installer.


Montréal n’est guère adroit dans ses rares efforts d’hospitalité. Il saute à la gorge des gens dès leur sortie de la gare, les empoigne, les pousse dans un taxi, les installe tant bien que mal et, une fois qu’il les a casés, se désintéresse d’eux.

Depuis sa rencontre avec Peel, la rue Sainte-Catherine a continué son trot victorieux. Elle hume les bonnes odeurs de noix roussies, de bonbons fondants, de vieux cuir, de poulet grillé et de plantes vertes. D’un côté, elle aperçoit de riches tapis de Perse, des tableaux, de grands pianos, des volailles à la broche, des grill-rooms au nom de poulailler ou à l’apparence de petit navire, des étalages de pâtisserie à lui mettre l’eau à la bouche et des Buy-Well, des Ladies-Wear, des invitations à la danse. De l’autre, Ladies’ Everything, de mignons souliers, de fines jambes gainées des plus beaux bas de soie, des mannequins parés pour le bal, d’autres en maillots de bain, et encore le King’s Hall Building à portique noir d’où elle voit justement sortir les vedettes de Radio-Canada.

Elle arrive à Guy et laisse derrière elle la plupart des quotidiens et périodiques de langue française. Depuis longtemps elle a renié ses origines. Encore une petite étape: son Forum engloutit des foules. Et la voici à Atwater. Enfin, elle a pénétré dans Westmount.


Les Montréalais descendants de quakers se sont réunis un jour et ont dit: «Cette ville est vouée à la perdition. Ses gens vont au théâtre, fréquentent les bars, boivent dans les restaurants. Allons-nous-en vite. Construisons une ville sainte où nous serons entre nous à pratiquer le renoncement.» Et ils construisirent Westmount, du côté du soleil couchant.

Il n’y a encore chez eux aucun magasin de la Commission des Liqueurs, aucune salle de spectacle et on lit la Bible le dimanche derrière des stores vénitiens à demi clos.

Il fut même question autrefois, parait-il, d’arrêter le tramway le dimanche. Le projet rencontra beaucoup d’opposition. On envisagea alors une solution mirifique: les tramways passeraient, mais lentement, en rapport avec la sainte gravité du jour.

De bonnes âmes se récrièrent. Ne vaudrait-il pas mieux au contraire que les trams allassent plus vite que de coutume, ce jour-là, afin qu’on en soit plus tôt débarrassé?

Résultat de ces palabres: les tramways vont à leur allure habituelle qui n’est ni si vive qu’elle puisse nuire à la paix dominicale, ni si lente qu’elle puisse paraitre nous conduire à un enterrement. 

Cependant, Westmount fait grise mine pour cacher des aspects bien humains. Il entretient une bibliothèque qui s’enorgueillit non seulement d’un excellent choix de livres anglais, mais encore d’une bonne collection française. Cette bibliothèque, logée au parc Westmount et flanquée d’une serre chaude, m’a bien des fois enchantée. Spacieux salons de lecture, fauteuils confortables, bibliothécaires charmantes et toujours empressées. On y respire le parfum des fleurs par la porte donnant sur les serres; une lueur douce tombe des fenêtres Tudor.

Westmount a de nombreux courts de tennis où ses résidents peuvent jouer gratis, et même le dimanche maintenant. Il a de petites rues provinciales, pleines de chants d’oiseaux et de verdure. Il a ses vieilles dames timorées, qui font venir les brigades de feu pour une flammèche dans leur cheminée, et ces autres vieilles dames encore plus inquiètes, qui s’indignent d’un baiser d’amoureux sous leur fenêtre et alertent la police. Il a ses écureuils familiers, ses ménages de grives, chaque printemps aux mêmes endroits, ses doux peupliers autour du dôme vert de la congrégation de Notre-Dame, ses timides bordures de jonquilles, ses vieilles maisons de chaudes briques rouges agrémentées de clématites ou de lierre, ses rues aux noms chantants, sa politesse exquise. Et puis, son bon vouloir. Il voudrait bien apprendre le français, mais il préfèrerait que ce soit le Parisian French.

D’ailleurs, il fait bon ménage avec sa paroisse canadienne--française de Saint-Léon. Il met le dimanche toutes sortes de cloches en branle. Se croisent alors dans la rue les méthodistes, les séparatistes, les évangélistes, les quakers, les presbytériens, les catholiques, les Christian Scientists, les anglicans du High Church et du Low Church. Côte Saint-Antoine, il a même sa grande synagogue pour le sabbat des juifs riches.

Citadelle de millionnaires, il tient encore les hauts de la montagne, mais par toutes ses pentes montent le commerce, les petits-bourgeois, les parvenus.


Née en 1909 à Saint-Boniface, Manitoba, de colons d’origine québécoise, Gabrielle Roy a reçu les plus hautes distinctions littéraires, dont le Prix du Gouverneur général (1947, 1957, 1978), le prix Ludger-Duvernay (1956) et le prix David (1971). Son roman Bonheur d’occasion a connu un très grand succès à travers le monde et a été couronné par le prix Femina en 1947. Elle a été faite Compagnon de l’Ordre du Canada en 1967. Elle est morte à Québec en 1983.

Ce texte est d’abord paru dans Le Bulletin des agriculteurs, à Montréal, en juillet 1941, puis dans Gabrielle Roy. Heureux les nomades et autres reportages 1940–1945, édition préparée par Antoine Boisclair et François Ricard (Boréal, collection Cahiers Gabrielle Roy, 2007). Il est reproduit avec l’aimable autorisation du Fonds Gabrielle Roy.

Photo: Archives de la Société de transport de Montréal, S5-10-01

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