Lanaudière dans leurs mots

Marianne Duguay
Lac des Pins, à Rawdon
Lac des Pins, à Rawdon
Photo: WikiCommons
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Dans leurs mots

Lanaudière dans leurs mots

Ça fait maintenant vingt ans que les deux veuves ne se saluent que de loin, la Mastigouche marquant une frontière étanche qui empêche les voix de porter. Chacune pour soi. La maison de Jacqueline surplombe le cours d’eau et cet observatoire exceptionnel permet à sa propriétaire d’espionner à l’envi.

André Marois, La sainte paix (2023)

«Or, nous avons besoin d’une jeune religieuse pour assumer ses tâches. Après certaines discussions, nous avons décidé que vous alliez la remplacer. Vous partirez pour ce village de Lanaudière, non loin de Lavaltrie, demain matin. Quelqu’un vous attendra à la gare, puis vous y conduira en automobile.»

Éliane Saint-Pierre, Deux sœurs et un secret (2021)


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Dans les plis de son visage elle préserve ce qui a été: le peuplement de Petite Rivière Maskinongé, devenue Saint-Didace, les premières érablières, le travail agricole, l’arrivée de l’électricité en 1931, en même temps que sa voisine Achillée, et les efforts soutenus du village pour défendre sa tranquillité. Or, le 17 septembre 2016, Saint-Didace est dérangé par la venue d’une tribu dans la maison d’en face.

Marie-Hélène Sarrasin, Douze arpents (2023)

le jour en bordure de tes yeux

sur la trace aérienne de l’un

de tes battements de cils

dans l’ombre de ma paroisse

tu retournes la terre

sur la périphérie

des acres

Hugo Bourdelais, Arraché du paysage (2016)


La boulangerie Ménard étant une perte totale, la présence de Charlotte au fournil n’était plus requise et, pour ses parents, il n’était plus nécessaire qu’elle reste à Saint-Jean-de-Matha. Ils avaient donc décidé qu’elle repartirait avec eux et qu’elle quitterait cette vie tant aimée. […] Voulant à tout prix l’empêcher de quitter St-Jean-de-Matha, [Émile] avait l’intime conviction que c’était maintenant ou jamais qu’il devait lui demander sa main.

Marie-France Daigle, La boulangerie Ménard (2023)

la terre évanouie

craque sous les pas

la forêt se referme

la neige s’amplifie

vivante vitesse

Louise Warren, La ligne d’incertitude (2023)


Les autres membres de la famille Veilleux étaient pendus aux lèvres de l’agriculteur. Depuis 1940, un vaste camp militaire était érigé dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste, à Joliette. Les deux cent cinquante premiers militaires étaient arrivés en septembre de cette année-là. Les habitants du coin avaient un intérêt mitigé pour ce projet auquel ils n’avaient toutefois guère eu le choix d’adhérer.

France Lorrain, Sur la route du tabac T.1: Le temps des récoltes (2022)

L’Assomption a enraciné son âme dans la terre fertile des champs et des boisés où s’épanouissent une flore et une faune variées, semant la poésie à travers l’espace. Nuit et jour, elle aime chanter la vie dans l’alternance du trémolo nocturne des ouaouarons et des grenouilles ou du gazouillis diurne des merles, grives, geais bleus, carouges à épaulettes et cardinaux où se glissent souvent la complainte d’une tourterelle triste.

Lise Cormier, «L’Assomption: poésie d’un espace», L’Assomption, au fil de l’eau et des passions (1999)


Marianne Duguay est libraire à la Librairie Martin, à Laval. Lectrice en série, elle a fait beaucoup de victimes.

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