Un procureur pour les animaux
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Nous sommes maintenant sept milliards d’humains sur la planète, et notre impact négatif sur la faune, la flore et l’ensemble des systèmes naturels ne cesse de s’aggraver. S’inspirant de traditions amérindiennes, la Bolivie et l’Équateur ont décidé de donner à la nature des droits légaux équivalents à ceux des êtres humains. Des municipalités américaines ont aussi commencé à faire de même. Une idée à voler, alors que le «développement économique» a encore trop souvent le dessus sur les considérations environnementales?
Le contexte
La Bolivie subit les désastres causés par le réchauffement de la planète: la température moyenne du pays pourrait augmenter de quatre degrés au cours du prochain siècle, ses glaciers fondent et ceux situés à moins de 5000 mètres d’altitude pourraient même disparaitre d’ici vingt ans. Un drame qui aurait de graves impacts sur l’agriculture et l’eau potable dans la région. En Équateur, l’Amazonie, une réserve mondiale de la bio-diversité, est dans la mire des compagnies pétrolières.
Le concept
En 2009, l’Équateur a choisi d’inclure les droits de la nature dans sa constitution. La loi bolivienne, quant à elle, était sur le point d’entrer en vigueur au moment d’aller sous presse. Dans les deux cas, le concept est aussi ambitieux qu’abstrait. Il s’inspire de Pachamama, la déesse andine de la nature; pour certains autochtones d’Amérique du Sud, elle est au -centre de la vie et les humains font partie d’un tout, d’un équilibre. Selon la loi bolivienne, «Mère Nature» a droit à: la vie; la diversité; l’eau; l’air pur; l’équilibre; la restauration des êtres vivants affectés par l’activité humaine; la protection contre toute contamination causée par l’activité humaine.
Le gouvernement bolivien devrait éventuellement créer un ministère de Mère Nature et un poste d’ombudsman, mais les mesures pour appliquer sa loi demeurent floues. Selon la Constitution équatorienne, en revanche, les responsables de la pollution doivent payer une réparation pour les dommages causés.
La Bolivie est aussi derrière la résolution nommée «Harmonie avec la -nature», approuvée par consensus à l’Assemblée générale des Nations unies en 2010. -Cette résolution stipule que les «êtres humains sont une partie inséparable de la nature et qu’ils ne peuvent l’endommager sans s’endommager sérieusement à leur tour». Un peu vague, la résolution demande un dialogue interactif sur les moyens de promouvoir le développement durable et de partager les expériences nationales pour en mesurer les indicateurs et les critères.
Des États américains appliquent aussi ces principes à l’échelle locale. Depuis 2006, le village de Tamaqa en Pennsylvanie reconnait les droits de la nature. Ses habitants en avaient assez de voir des produits toxiques et dangereux déversés sur des terres agricoles. L’administration ou les citoyens du village peuvent maintenant entamer des poursuites au nom de l’écosystème local. Depuis, plus d’une vingtaine de municipalités ont suivi l’exemple aux États-Unis. À Pittsburgh, ces lois interdisent la fracture hydraulique employée pour extraire le gaz de schiste.
Une application universelle?
La présidente du Conseil des Canadiens, Maude Barlow, milite pour un changement radical de paradigme en ce qui concerne la croissance illimitée des marchés. Selon elle, une Déclaration universelle des droits de Mère Nature s’impose, partout sur la planète, pour la protéger.
Elle considère que la survie même de l’humanité est en danger. Après les échecs de la Conférence de -Copenhague sur le climat en 2009, 32 000 personnes se sont réunies en Bolivie, où est née -cette déclaration. Un groupe de personnalités—dont David Suzuki, Margaret Atwood et Desmond Tutu—souhaite que ce document soit enchâssé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le mouvement Rights of Mother Earth espère que la déclaration sera adoptée au Sommet de la Terre de 2012, au Brésil.
Simon Coutu est journaliste et réalisateur indépendant. Il a réalisé des reportages en Haïti, dans les territoires palestiniens, au Kosovo, au Kenya, en Afrique du Sud. Il est de retour du Liban.
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