Les larmes des femmes sont dangereuses
Qui a encore peur des pleureuses en 2025? Inspirée par sa mère qui incarne cet archétype lorsqu’elle porte le deuil, notre collaboratrice sonde notre rapport collectif et intime aux débordements.
Le Carrefour Laval célèbrera ses 50 ans en 2024. Même si la fête de la consommation s’y poursuit, il n’est pas épargné par les questionnements sur un mode de vie et de développement de plus en plus anachronique.
Le gros de mon adolescence s’est déroulé autour de deux lieux: l’école et le centre commercial. De ce côté, à Laval, il y avait du choix. Situé à quelques pas de chez moi, le Centre Duvernay offrait l’essentiel—une librairie et un magasin de disques—, mais on en faisait le tour en dix minutes. Si je voulais l’expérience shopping par excellence, il me fallait monter à bord de l’autobus, prendre mon mal en patience et dépasser les Galeries Laval (miteuses), le Centre Laval (limité) et le Centre 2000 (aussi dépassé que son nom), pour atteindre le terminus. C’est là que se situait le Taj Mahal des destinations magasinage: le Carrefour Laval. J’y ai passé des centaines d’heures à rêver aux meilleurs objets pour lesquels flamber mon salaire de gardienne.
Mais on ne faisait pas que dépenser au Carrefour Laval. J’ai travaillé pendant un long automne à la succursale de Laura Secord qui s’y trouve, à emballer avec une maladresse gênante des boites de chocolats. Alors que je commençais ma vie de cégépienne, j’y ai eu droit à une date, ce qui me rappelle qu’un de nous deux avait alors rangé le Carrefour Laval dans la catégorie des destinations romantiques (l’amour n’a pas été au rendez-vous). Et j’ai perdu un temps infini dans ses couloirs après être allée voir un film au Colossus, juste à côté, en attendant de pouvoir rentrer à la maison, puisque tous les autobus passaient par le terminus du Carrefour. Celui-ci était littéralement au centre de tout dans cette ville.
Mon expérience a été partagée par plusieurs générations d’adolescent·e·s lavallois·es. Le Carrefour Laval a ouvert ses portes en 1974, attirant les masses avec les grands magasins Eaton, Dupuis Frères et Simpsons. La ville de Laval venait de naitre et le concept de centre d’achats de banlieue était encore tout neuf, fringant, moderne: il faisait rêver.
Les centres commerciaux ne suscitent désormais plus le même enthousiasme, alors que nombre d’entre eux, en Amérique du Nord, sont abandonnés ou moribonds. En 2016, je me suis retrouvée à donner des cours de francisation dans des locaux des Galeries Laval loués par le Collège Montmorency. Construits en trop grand nombre autrefois, maintenant phagocytés par le commerce en ligne et les lifestyle centres, les centres d’achats doivent se renouveler ou périr.
Cinquante ans après sa naissance, le Carrefour Laval, lui, n’a rien perdu de sa superbe. Des boutiques populaires comme Aritzia, Uniqlo, Apple Store ou Lego s’y établissent toujours, signe de vitalité indéniable. Mais il n’est pas épargné par les questionnements sur un modèle de consommation et de développement urbain de plus en plus anachronique.
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