Chers gens qui courent,

Vous, fervent·e·s adeptes de cette activité qui consiste à se dépêcher pour aller nulle part,

Je mets ici cartes sur table. J’ai inopinément rejoint vos rangs, même si je ne m’explique toujours pas comment j’en suis arrivée là. Pourtant, j’avais toujours pris soin d’entretenir la petite voix dans ma tête qui me susurrait: «Personne n’aime vraiment le jogging, ce n’est qu’une activité collective de déni avec bonus d’endorphines.»

Mais la vie étant ce qu’elle est, un jour tu te couches, réconfortée d’être une personne saine qui ne trippe pas particulièrement sur le fait de frôler la crise de panique en faisant augmenter son rythme cardiaque, et le lendemain tu te réveilles, étrangement énergisée, avec une montre intelligente au poignet et ces questions qui trottent quelque part derrière toi: «Est-ce que la course n’est pas une énième manière de détester la lenteur? Et si oui, pourquoi diable est-ce que c’est aussi grisant?»