«On ne nous tient pas au courant de ça, nous»

Sarah Poulin-Chartrand
Illustration: Laurent Pinabel
Publié le :
Ailleurs à Atelier 10

«On ne nous tient pas au courant de ça, nous»

Couper les enfants des discussions graves ou sérieuses, c’est une forme d’adultisme. Un concept encore méconnu que Sarah Poulin-Chartrand aborde, parmi une quarantaine d’autres, dans Nos enfants auront le dernier mot, premier titre de notre nouvelle collection Le temps debout. En voici un extrait.

Considéré dans ce texte

Les rapports de pouvoir entre adultes et enfants. L’omniprésence des écrans. La foutue pandémie. Les règlements bidons. L’importance de la communication.

Sarah Poulin-Chartrand

Petit souper familial de semaine. Stéphane demande aux enfants s’il y a de nouveaux cas de Covid-19 à l’école. La réponse de Paul? «Aucune idée. On ne nous tient pas au courant de ça, nous.» Son père et moi nous sommes regardé·e·s, sonné·e·s. Paul venait d’énoncer un truc tellement gros, mais tellement intégré que nous n’avions jamais songé à le questionner. Les élèves de cinquième et de sixième année, qui entendaient parler de la pandémie du matin au soir depuis un an, étaient probablement en droit d’être considérés comme des interlocuteurs valides, et qu’on leur transmette certaines informations sur leur milieu de vie, non? Un cas typique d’adultisme.

Proche cousin de l’âgisme, l’adultisme est cette attitude dont nous n’avons à peu près jamais conscience, qui se définit comme l’idée que les adultes sont «meilleur·e·s» que les enfants, ce qui justifierait le pouvoir que les premier·ière·s exercent sur les dernier·ère·s. Un réflexe qui définit presque tous nos rapports à la jeunesse, du moins dans nos sociétés.

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