Les larmes des femmes sont dangereuses
Qui a encore peur des pleureuses en 2025? Inspirée par sa mère qui incarne cet archétype lorsqu’elle porte le deuil, notre collaboratrice sonde notre rapport collectif et intime aux débordements.
Avec la tenue des Jeux olympiques l’été prochain, Paris connaitra l’aboutissement de ses ambitions macroniennes: turbogentrification, antiécologisme et néolibéralisme à gogo.
Paris est une fête, disait Hemingway. «Mon cul», répondent les client·e·s de l’Éden, modeste café du 18e arrondissement où j’aime bien m’attabler pour lire et écrire.
L’Éden est situé près du marché de l’Olive, cœur du quartier de la Chapelle. Pris en étau entre les voies ferrées de la gare du Nord et celles de la gare de l’Est, le quartier est une sorte d’univers cosmopolite parallèle au Paris touristique. Les hommages à la Résistance y côtoient petites familles, camps de crack, nombreuses boulangeries, restos sri-lankais, migrant·e·s et vendeur·euse·s de Marlboro. Un quartier oublié par un peu tout le monde, sauf quand l’extrême droite veut brandir ses habituels épouvantails de la migration, de l’insécurité et du «grand remplacement». À mille lieues du Montmartre d’Hemingway ou du Saint-Germain-des-Prés de Sartre et de Beauvoir, ou même du 11e de Despentes. Le quartier ressemble un peu plus au Belleville de Daniel Pennac et de sa sympathique famille Malaussène, mais au fond, personne ne veut vraiment écrire sur la Chapelle. À ma connaissance, Mathieu Bock-Côté n’y a jamais été aperçu.
Le gérant de l’Éden sert une grenadine à mon fils qui lit les aventures de Marion Duval, jeune héroïne de neuf ans en quête de justice. Nous sortons de la magnifique piscine publique du quartier. On vient de nous annoncer que la température de l’eau sera à la baisse cet automne, car il faut bien se serrer la ceinture. La veille, l’école publique que fiston fréquente a annoncé la fermeture d’une classe entière, faute de moyens.
À Paris, le printemps 2023 a été politique, électrique. Le gouvernement Macron a brutalement imposé sa réforme des retraites, qui repousse de 62 à 64 ans l’âge légal de la retraite des Français·es. Pendant des semaines, les Parisien·ne·s sont sorti·e·s dans les rues, se confrontant à la réalité de la militarisation de la police française. Entre deux affrontements, on a chanté, grillé des merguez et bu des 1664 jusqu’à la place de la République. Les cortèges traditionnels, ceux composés des grands syndicats comme la CGT, ont marché aux côtés de ceux, un peu plus jeunes, centrés sur les questions de genre et manifestant à coups de «Macron! Macron! On t’encule pas, la sodomie, c’est entre ami·e·s». En France, la convergence des luttes se décline maintenant à la mode intersectionnelle.
Activez dès maintenant votre abonnement à Nouveau Projet pour lire le reste de ce texte. Du contenu original et de grande qualité, des privilèges exclusifs, et bien plus encore.
Voir les forfaitsDéjà membre? Ouvrir une session.Qui a encore peur des pleureuses en 2025? Inspirée par sa mère qui incarne cet archétype lorsqu’elle porte le deuil, notre collaboratrice sonde notre rapport collectif et intime aux débordements.
Les cégeps, créés en 1967, ont été des vecteurs importants de mobilité sociale pour plusieurs générations de Québécois·es. Presque 60 ans plus tard, il faut nous demander ce que nous sommes prêt·e·s à faire pour qu’ils le demeurent.
Il faut peut-être vivre une vie de femme pour comprendre que la misogynie n’est jamais ironique.
«La vérité est ailleurs.» La phrase culte de la série «The X-Files» semble être devenue le mantra d’une partie de la population mondiale. Sauf que les théories du complot ne se contentent plus d’interpréter les évènements: elles transforment la réalité qu’elles prétendent décrire. Alors quelles prises aurons-nous encore sur la vérité, en 2025?