Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme
L’effondrement arrive, a même possiblement déjà commencé. Plutôt que de nier le désastre, il est temps de préparer la suite en y consacrant tout ce qui nous reste de capacité à rêver.
Nous vivons à l’ère des controverses. L’une n’attend pas l’autre, vraiment. La chroni-queuse du Journal de Montréal a écrit quoi? Le président/dg/chanteur -populaire a fait quoi? Le tata de la radiopoubelle a meuglé quoi encore, sérieux? Inepties, scandales, mauvais choix vestimentaires, jugements inconsidérés, consommation de crack déplacée: ça n’a juste pas de fin. Chaque jour, toute la journée, notre indignation est soulevée par une polémique ou par une autre, notre conscience est interpelée, notre fibre morale est heurtée.
Il y a de quoi sentir le citoyen en nous se réveiller. De quoi se sentir vivant. Et tant pis si on se rend compte qu’au final tout ça a bien peu d’importance, qu’une controverse en chasse toujours une autre: ce qui importe, c’est que les motifs de rage ne manquent jamais, nous permettant ainsi de crier notre colère aux réseaux sociaux, d’ajouter une brique de plus à la construction de notre identité personnelle, de notre voilà-qui-je-suis-moi. Je suis en mautadit, donc je suis.
Sauf que.
La médiasphère est en train de nous transformer en l’équivalent politique du gérant d’estrade. Oh, nous ne manquons pas d’opinions sur la stratégie du coach/premier ministre, ou sur la composition idéale du premier trio/gouvernement—des opinions, nous en avons vraiment beaucoup. Mais de là à transformer notre indignation en action concrète, il y a un pas que nous franchissons de moins en moins souvent, on dirait.
Pendant que nous dépensons notre indignation sur la dernière bêtise émise par quelqu’un dont l’avis ne compte pas, des forces plus grandes restent à l’œuvre, des engrenages continuent de tourner silencieusement, des choses autrement plus révoltantes se déroulent sans qu’on les remette trop en question.
On nous annonce déjà une deuxième élection québécoise depuis le Printemps érable, par exemple, et la situation sociale et politique est exactement comme si celui-ci n’avait jamais eu lieu (il n’y a qu’à remplacer le plq par le pq comme objet de notre colère). Au niveau fédéral, malgré ses particularités, le constat reste le même: se profile pour 2015 un face à face entre le Parti conservateur et un dénommé Trudeau, avec le npd en troisième place. Comme une légère impression de déjà-vu.
Durant notre jeunesse, une folle rumeur courait: un pape se serait écrié «Pauvre Canada!», en apprenant le mystérieux troisième secret de Fátima.
En l’an 2000, le Vatican a finalement rendu public ce qu’aurait révélé la Vierge Marie à trois enfants portugais, en 1917 (quelque chose à propos de la persécution des chrétiens et de la tentative d’assassinat de Jean-Paul II). Mais longtemps, auparavant, on avait spéculé sur la supposée réaction papale. Le secret portait-il sur l’éventuelle désintégration du Canada sous l’effet des forces tectoniques du nationalisme québécois? Ou sur une dévastation prochaine, causée par sa situation de jambon dans le sandwich russo-américain, advenant une guerre chaude? Une sombre menace planait-elle sur notre territoire, nos concitoyens, notre hégémonie au hockey?
Ce qu’on n’aurait pu imaginer, cependant, à une époque où le Canada faisait l’envie du monde (hormis quelques matins de janvier à -30 degrés) et où l’unifolié était épinglé sans arrière-pensée sur le voyageur le plus queb-dans-l’âme, c’est le sort qui accablerait un jour une majorité de Canadiens: la honte. La honte de voir notre pays renier ses obligations internationales et le multilatéralisme qui avait suscité l’admiration pendant un demi-siècle. La honte d’être devenus le pays de Stephen Harper, Justin Bieber et Rob Ford, plutôt que celui de Lester B. Pearson, Joni Mitchell et Jean Drapeau.
Ce qu’on n’aurait pu imaginer, à une époque où le Canada faisait l’envie du monde, c’est le sort qui accablerait un jour une majorité de Canadiens: la honte.
Un exemple de honte parmi tant d’autres: on ouvre au hasard le dossier «The World in 2014», de l’Economist, et on tombe sur un texte—«Uncool Canada»—qui rappelle qu’il y a tout juste dix ans, cette même publication déclarait combien le pays était devenu cool, grâce entre autres à son mélange de libéralisme social et de rectitude fiscale, à sa tentative de régler les problèmes des communautés -autochtones et à son projet de décriminalisation du cannabis. Une décennie plus tard, les choses ont bien changé, souligne l’hebdomadaire britannique: le gouvernement conservateur a instauré une série de lois régressives, l’état fédéral et les provinces accumulent les déficits, le mouvement Idle No More démontre que les problèmes des autochtones sont plus criants que jamais, et ce sont des états américains qui, les premiers en Amérique du Nord, ont dépénalisé le cannabis (pendant ce temps, le premier ministre Harper accuse Justin Trudeau, qui veut faire de même, d’«encourager la consommation de marijuana chez nos -enfants»). Sans oublier l’exploitation massive des sables bitumineux et la désastreuse Charte des valeurs du pq, qui met à mal la réputation canadienne de terre d’accueil des immigrants et de célébration de la diversité culturelle.
En fait, la seule chose qui trouve grâce aux yeux de l’hebdo, typiquement, est le taux de taxation des entreprises, réduit du tiers depuis dix ans. Mais, à Nouveau Projet, ce n’est pas le genre de choses qu’on met dans la colonne des plus, alors on n’est pas plus avancés.
Cela dit, on n’avait évidemment pas besoin de l’Economist pour nous alerter à propos de cette triste situation. Et on aurait pu lui fournir d’autres exemples encore de choses qui vont mal, pour l’image internationale du pays de Nickelback: les scientifiques muselés; notre position pro-Israël au Moyen-Orient, région où le Canada avait justement réussi à emprunter une voie différente, basée sur le compromis et la diplomatie; la dégringolade de BlackBerry; l’obsession monarchique des conservateurs; la réduction des subventions pour la promotion de nos créateurs à l’étranger; la destruction du registre des armes à feu; le Cirque du Soleil qui, bien que toujours aussi borderline quétaine qu’avant, n’a même plus le bénéfice de vendre des billets à la pelle. Et puis, bien sûr, il y a l’invraisemblable affaire Rob Ford, qui a sans doute été le sujet canadien dont on a le plus parlé à l’étranger en 2013 (peut-être ex æquo avec le projet d’oléoduc Keystone xl de TransCanada). Comme le journaliste montréalais Matthew Hays l’écrivait dans le Guardian en décembre dernier, Ford est à l’image de ce que le Canada est devenu: grossier, arrogant, incompétent, irrationnel et menteur.
Ce nouveau Canada ne nous convient pas, c’est une évidence que tous les sondages confirment: les priorités gouvernementales vont à l’encontre de celles de la majorité des Canadiens, où qu’ils vivent. Et le pire, on le sait bien, c’est qu’on n’a pas voté pour ça—en fait, pour être très précis, 61% d’entre nous n’ont pas voté pour ça, aux dernières élections fédérales. En trois élections générales, le parti de Stephen Harper n’a jamais réussi à obtenir le vote de plus de deux électeurs sur cinq.
Avec nos programmes sociaux universels, nos chanteuses inoffensives et nos cirques si-tant-tellement créatifs, nous nous considérions comme les bons, les gentils, ceux qui se lançaient au secours du monde avec un casque bleu sur la tête ou des machines à irrigation. Mais les choses ont bien changé, donc, et le Canada semble devenu une nation belliqueuse n’ayant que ses propres intérêts à cœur, un pays retors et borné affichant un swag du plus mauvais gout. On s’ennuie du Canada qui s’excusait après s’être fait marcher sur les orteils.
Surtout à une époque comme la nôtre, celle du soft power (qu’on a décidé de traduire par puissance douce, dans ce numéro), où les nations comptent désormais sur la culture, le multilatéralisme et la -diplomatie pour exercer leur influence dans le monde, plutôt que sur les armes, l’argent ou l’intimidation. Alors que les nations les plus éclairées multiplient les missions culturelles (depuis dix ans, la Chine a inauguré 360 instituts Confucius à travers le monde; l’Allemagne compte 158 succursales du Goethe-Institut, la Grande-Bretagne maintient 233 bureaux du British Council, l’Alliance française a 1 040 implantations dans 136 pays, etc.), investissent dans les arts et misent sur leurs diplomates pour nouer les alliances du 21e siècle, alors que même le Vatican semble s’être mis au diapason d’une nouvelle ère, le Canada se retire des organismes internationaux, investit dans l’armement et demande à ses ambassades de se transformer en bureaux de vente pour le pétrole albertain («On est devenu une diplomatie essentiellement économique», a déclaré une source anonyme à L’actualité). C’est comme si on faisait tout à l’envers.
Le Canada semble devenu une nation belliqueuse n’ayant que ses propres intérêts à cœur, un pays retors et borné affichant un swag du plus mauvais gout. On s’ennuie du Canada qui s’excusait après s’être fait marcher sur les orteils.
Dans ce numéro de Nouveau Projet, on a choisi de consacrer un dossier au déclin d’une certaine idée du Canada, depuis huit ans. Nous l’abordons sous quatre angles distincts: un reportage sur la subordination de notre aide internationale aux intérêts de nos compagnies minières [«Mines contre développement: le nouveau package deal de l’aide canadienne»], une entrevue avec Ryoa Chung, spécialiste de l’éthique des relations internationales [«“Uncool Canada”, ou comment les conservateurs dilapident le capital de sympathie du pays»], un discours de Naomi Klein [«Découvrez le véritable Canada!»] et un texte exclusif de ce grand Canadien qu’est David Suzuki [«Le jour où le Canada se relèvera»], qui nous dit que ce pays est malade, mais que l’espoir est encore possible.
Au Québec, c’est inévitable, toute discussion sur un enjeu canadien est teintée par la question nationale—même les performances de l’équipe nationale de hockey ne font pas exception.
Pour ceux qui souhaitent l’indépendance du Québec, chaque incurie fédérale n’est qu’un signe de plus que cet État n’est pas pour nous, et que nous devrions en sortir au plus vite, sans même essayer de résoudre les problèmes d’ici à ce que la chose se fasse. Mais c’est une très mauvaise habitude que nous avons de voir l’hypothétique indépendance comme la solution à tous nos problèmes. Comme si les lobbyistes qui font la loi à Ottawa n’étaient pas les mêmes que ceux qui trainent dans les corridors de l’hôtel du Parlement à Québec. Comme si la pensée à courte vue, la démagogie et l’obsession de la «croissance» et de la «création de richesse» n’étaient pas aussi présentes à la Chambre des communes qu’à l’Assemblée nationale, au Conference Board du Canada qu’au Conseil du patronat du Québec.
Même chez ceux qui croient en un fédéralisme dans lequel le Québec pourrait être à l’aise, il semble s’être produit un étrange désengagement, au fil du temps. À un point tel que plus personne ne semble vraiment se préoccuper de ce qui se passe hors du Québec. On a souvent l’impression que si l’indépendance ne s’est pas réalisée sur le plan politique, elle s’est quand même faite officieusement, dans les consciences, avec pour résultat que nous n’accordons plus qu’une attention distraite aux enjeux pancanadiens—et encore, la plupart du temps, c’est quand on a l’impression que le Québec est lésé d’une façon ou d’une autre: programmes fédéraux et péréquation, création d’une commission fédérale des valeurs mobilières, sécurité des convois ferroviaires, absence de Martin St-Louis dans l’alignement olympique.
C’est un tel désengagement qui a mené à la désolante situation actuelle. D’accord, le Québec ne manque pas de rouler collectivement des yeux chaque fois qu’il est question de Stephen Harper. Nous avons voté npd en masse, la dernière fois. Nos caricaturistes s’en donnent à cœur joie et, sur les réseaux sociaux, nous n’hésitons pas à relayer l’article sur la dernière bêtise du gouvernement conservateur.
C’est une très mauvaise habitude que nous avons de voir l’hypothétique indépendance comme la solution à tous nos problèmes.
C’est une résistance bien passive, toutefois. Même l’engouement des Québécois pour le NPD, aussi massif qu’il ait pu être, était beaucoup plus un geste de dépit, une boutade, qu’un réel engagement en faveur d’une vision différente de celle des conservateurs. Les Québécois ont voté npd comme auparavant ils avaient voté Bloc: parce que ça leur semblait le moins -mauvais choix. Mais sans avoir l’impression que ça changerait quoi que ce soit.
Ceci dit, en ce qui concerne le déclin d’une certaine idée du Canada, les choses vont bien au-delà de savoir si le pays est plus ou moins cool qu’avant, et si l’unifolié sur notre sac à dos fait aussi bonne impression dans les rues de Barcelone, Bangkok ou Brisbane. La question est d’ordre moral. Ne rien faire pour nous opposer à ce qui se passe à Ottawa—et continuera peut-être de se passer après les élections fédérales de l’an prochain—équivaut à une sorte de manquement éthique, un cas de non-assistance à planète en danger. Il a été impressionnant de voir comment une bonne partie de la société civile québécoise s’est -levée contre la Charte des valeurs; et on applaudit cette mobilisation. Mais dans la vraie vie, cette Charte, aussi malavisée soit-elle, porte sur un élément plutôt mineur de notre vie collective et personnelle. En termes d’importance, elle n’a pas du tout celle de notre -environnement local et planétaire, par exemple, ou de ce qui pourrait être fait avec les milliards que le gouvernement fédéral veut dépenser pour des chasseurs furtifs ou des navires de patrouille pour -l’Arctique dont nous n’avons pas besoin. Le retrait de l’accord de Kyoto—dont nous avions pourtant été parmi les principaux architectes—est un échec pour les défenseurs de l’environnement, mais aussi pour tous les Canadiens qui considèrent que leur pays peut et doit être une force pour le bien, dans le monde. À une époque où les opérations de maintien de la paix de l’ONU sont plus nombreuses que jamais, le Canada ne fournit plus que 115 soldats, policiers et observateurs, sur une force internationale de près de 98 000 personnes.
Le Canada est un pays puissant, il a la capacité d’influencer les choses à une période cruciale de l’histoire de l’humanité. S’il choisit de ne pas le faire, ou de le faire seulement en fonction de ses intérêts économiques ou géostratégiques, alors on touche à un problème moral qui nous concerne tous, détenteurs d’un passeport canadien—quand bien même nous souhaiterions que les armoiries sur ce dernier soient un jour remplacées par celles d’un Québec indépendant.
La question est d’ordre moral. Ne rien faire pour s’opposer à ce qui se passe à Ottawa—et continuera peut-être de se passer après les élections fédérales de l’an prochain—équivaut à une sorte de manquement éthique, un cas de non-assistance à planète en danger.
Notre silence/indifférence/apathie, depuis 2008, a contribué à ce qui est arrivé à ce pays jadis digne de fierté, quoi qu’on en dise. Pour citer Edmund Burke: «La seule chose nécessaire au triomphe du mal est l’inaction des gens de bien.»
Que devrions-nous faire, alors? À chacun d’y voir, bien sûr, en fonction de ses propres moyens et ressources. Nous ne pouvons pas tous faire comme Brigette DePape, cette jeune Manitobaine qui, durant le discours du trône de 2011, s’est présentée avec une affiche en forme de panneau d’arrêt sur laquelle était écrit «Stop Harper!» Mais il serait bon, entre autres, d’essayer de nouer des alliances avec les forces qui, ailleurs au Canada, partagent nos objectifs. Certaines de ces forces se trouvent dans des partis politiques, d’autres dans des syndicats, d’autres dans des organismes, d’autres tout simplement dans des groupes Facebook, des communautés virtuelles.
Cette action ne doit pas nécessairement se livrer dans le combat, dans une lutte contre quelque chose. Il nous apparait qu’il y a beaucoup de place, dans l’environnement actuel, pour un projet stimulant pour quelque chose. Une proposition rassembleuse, des idées inspirantes, quelque chose comme le début d’un grand mouvement. On se souhaite ça, en tout cas. Dans notre dossier, David Suzuki écrit qu’«il ne faudra plus nous contenter de convaincre, il faudra transformer la conscience de nos concitoyens en actions. Il nous faudra nous organiser, dans chaque quartier, dans chaque ville, dans chaque village, d’un bout à l’autre du pays, pour changer les fondements de notre avenir».
Parce que le temps presse. «Vous ne reconnaitrez pas le Canada, une fois que j’en aurai terminé», a déclaré Stephen Harper. Il n’a pas encore fini sa besogne et il a déjà raison. On ne reconnait plus ce pays qui, pour le meilleur et pour le pire, demeure le nôtre. Il serait peut-être temps d’y réfléchir un peu plus -sérieusement, alors qu’on entre dans la dernière ligne droite avant les prochaines élections fédérales. Parce que si rien n’est fait, si tout cela continue et s’aggrave pendant un autre quatre ans, «Pauvre Canada!» n’aura jamais semblé aussi approprié.
En dépit de toutes ces choses navrantes, il ne faudrait quand même pas oublier que c’est le printemps, que la nature et les humains sont prêts pour une bonne dose de renaissance et que oui, il y en a plein, des choses qui vont bien. On vous a préparé un beau numéro, dans notre petit atelier du Mile End, et on espère que vous l’aimerez. Soulignons, entre autres, deux nouvelles rubriques [Libre entreprise, consacrée aux artisans nouveau genre qui se multiplient en ce moment, et En principes, consacrée aux repères éthiques et philosophiques de quelqu’un qu’on aime], une balade touristico-nucléaire du cinéaste Denis Côté [«Lettre de Tchernobyl»], une nouvelle inédite de Kim Thúy [«La goutte»] et une bien belle section Commentaire, avec des textes sur le hockey professionnel, la scène musicale montréalaise, This American Life et le rapport des femmes à l’alcool.
Il y a beaucoup de place, dans l’environnement actuel, pour un projet stimulant pour quelque chose. Une proposition rassembleuse, des idées inspirantes, quelque chose comme le début d’un grand mouvement.
On a deux ans, déjà. Merci d’avoir été là pour nous lire et nous encourager; nous espérons que vous resterez à nos côtés aussi longtemps qu’on aura envie d’essayer de produire le meilleur magazine possible (longtemps). Notre équipe s’agrandit tranquillement, notre réseau de collaborateurs aussi, il y a plein de projets dans nos cartons, notre communauté d’abonnés n’a jamais été aussi grande. L’abonnement, -d’ailleurs, reste la meilleure façon de soutenir notre objectif de publier les meilleurs -auteurs et de soutenir les forces progressistes et novatrices [en plus, on a un beau rabais pour vous]. Abonnez-vous, si ce n’est pas déjà fait, abonnez les gens que vous aimez: on vous promet de belles choses pour la prochaine année.
Lantier, Québec—Février 2014
L’effondrement arrive, a même possiblement déjà commencé. Plutôt que de nier le désastre, il est temps de préparer la suite en y consacrant tout ce qui nous reste de capacité à rêver.
Alors que les frontières se referment et que grandissent la peur de l’autre et le désir de nous retrouver «entre nous», quel espoir y a-t-il pour l’entraide dont nous avons si cruellement besoin, en ce moment critique?
Comment notre époque peut-elle en même temps sembler aussi spectaculairement catastrophique et profondément ennuyante, par bouts?