Sociabiliser la ville

Gabrielle Immarigeon
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L'urbanisme nouveau

Sociabiliser la ville

Huit principes de base pour créer des places publiques réussies.

Selon Fred Kent, fondateur de Project for Public Spaces, une agence américaine, la création d’espaces publics est une question de destination plutôt que de design. Les lignes épurées et les espaces encerclés ou trop vastes conduisent parfois à des sites délaissés et incompris de la population. Voici donc ses huit règles de base pour créer des places populaires.



Comprendre avant de dessiner.

Le dessin ne doit pas s’imposer au détriment de la fonction de la place : à quoi et à qui est-elle destinée?

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Prévoir des endroits où s’assoir.

L’installation de bancs ou d’endroits pour se poser dans les places publiques semble évidente, mais plusieurs en sont pourtant dépourvues. La qualité est aussi importante que la quantité : l’orientation des bancs, par exemple, joue un rôle déterminant.


Déterminer une utilité.

Pour qu’un lieu public soit utilisé, il doit être une destination en soi. L’art public, l’ombre, le soleil, une fontaine, des spectacles, des jeux pour enfants et la vente de nourriture sont autant de sources d’achalandage.


Créer des lieux de rencontre.

Les places publiques doivent offrir aux citoyens la possibilité de se rencontrer et d’échanger entre eux. Le rapprochement des bancs et leur taille doivent permettre à plusieurs personnes de s’y regrouper.


Définir une entrée claire.

Un lieu public doit être invitant et facile d’accès. Une entrée claire et bien définie est plus attirante pour des citoyens qu’un lieu sombre et cerné d’obstacles physiques.


S’entourer d’un bon voisinage.

Les murs aveugles et les zones vacantes sont à éviter au profit de lieux habités ou de commerces. Ceci est particulièrement vrai pour le réaménagement d’une rue en espace public.


Faciliter l’usage du transport en commun.

Le transport en commun est une partie intégrante du bon fonctionnement des places publiques et ses points de service doivent être accessibles, sécuritaires et vivants.


Prôner une accessibilité universelle.

Si l’espace public répond aux besoins d’une clientèle avec des limitations fonctionnelles, il répond aux besoins de la grande majorité des gens.


Gabrielle Immarigeon travaille pour l’agence de valorisation urbaine Convercité, où elle a développé une expertise en consultation citoyenne et en participation publique. Elle s’intéresse à la place de l’individu dans la mise en œuvre et la conception de projets urbains, ainsi qu’à la création de quartiers écoculturels.

Les places publiques d’ici et d’ailleurs: ils en pensent quoi?


  •  credit: Photo: Bryant Park Corporation
    Photo: Bryant Park Corporation

Bryant Park, New York

«Bryant Park est aujourd’hui une des places publiques les plus réussies de New York. Avant, le lieu était mal défini et insécurisant, et des milliers de gens le contournaient tous les jours malgré son emplacement optimal. Puis, les entrées du parc ont été agrandies et mises en évidence grâce à des kiosques alimentaires. Mille chaises pliantes ont aussi été installées dans le parc. Ç'a été un succès presque immédiat, qui ne fait qu’augmenter depuis, et c’est très facile de comprendre pourquoi: les gens attirent les gens.»

Fred Kent, fondateur et président de Project for Public Spaces.

  •  credit: Photo: Hugo-Sébastien Aubert
    Photo: Hugo-Sébastien Aubert

La place Émilie-Gamelin, Montréal

«Une place publique devient une destination lorsqu’on y retrouve des éléments qui vont susciter un sentiment d’appartenance chez les citoyens. Dans le cas de la place Émilie-Gamelin, le lieu est mal exploité; à l’instar de l'ancien Bryant Park à New York, on y retrouve une vastité insécurisante. Si on mettait en place des points d’intérêt attirants comme une fontaine ou des kiosques alimentaires, la situation changerait rapidement.»

— Claude Cormier, fondateur de l’agence montréalaise Claude Cormier—Architectes Paysagistes.

  •  credit: Photo: Michel Gagnon
    Photo: Michel Gagnon

Le DIX30, Brossard

«Le succès d’une place publique est déterminé par l’ambiance et l’expérience qu’on en retire. Concernant l’avenue centrale du dix30, on remarque qu’elle offre la possibilité de marcher et de s’arrêter; il est toutefois difficile de se l’approprier à cause des grandes bannières commerciales et des bâtiments qui ne sont pas à échelle humaine. Les façades n’évoluent pas au même rythme que les piétons et on s’y sent rapidement perdu.»

Louis-Michel Fournier, fondateur et directeur de l’agence montréalaise L’Atelier Urbain.

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