Solidarité organique: j’ai donné mon rein à un·e inconnu·e
Le récit d’une collaboratrice qui a entrepris de faire un don d’organe non dirigé de son vivant. Un acte de bienveillance presque radical.
Catherine Martin, enseignante au primaire, revient sur le combat qu'elle a mené contre son cancer dans ce texte empreint de vulnérabilité.
Je savais qu’il était là. Ma coiffeuse me l’avait dit. Ma mère et ma précieuse amie aussi, vendredi dernier. Mais vendredi, c’était soir de fête et pas le moment de s’attarder à ça.
C’est cet après-midi que je l’ai senti pour vrai, en me jouant dans les cheveux. Ce vide, ce trou. Juste de la peau, même pas un petit duvet qui pourrait laisser espérer une repousse. Un trou béant, cicatrice de ce que j’ai vécu. Je suis allée devant le miroir. J’ai utilisé ce que j’avais pour me scruter l’arrière de la tête. Et là, ça m’a frappée. Fort.
Tout est revenu.
La résidente qui m’avait dit que ça arriverait peut-être. Ça, et un paquet d’autres effets secondaires que je fais semblant d’oublier.
Les traitements, chaque jour, pendant six semaines.
Les rendez-vous, nombreux, avec toutes sortes de spécialistes. Qui sont loin d’être finis, qui seront pour toute ma vie.
C’est revenu. Et pour la (presque) première fois depuis le mot «tumeur», j’ai pleuré fort.
Pourquoi maintenant, cinq mois après ma première rencontre avec le médecin, un mois après la fin des traitements?
Parce que ce trou dans le fond de ma tête qu’on ne voit que si on le cherche, il me rappelle que c’est pour toujours. Permanent. Ce mot qui fait peur, que je peine à prononcer. Il est là pour rester.
Mais.
À travers mes cris et mes larmes, je me suis rappelé que ce trou-là, il parle aussi (surtout) de ma famille et de mes amis. Ceux qui ont été là à chaque instant, ont pris des nouvelles, ont gardé mes enfants, m’ont fait rire, m’ont soutenue, m’ont aidée à rester Ninja, m’ont accompagnée à mes rendez-vous, m’ont tenu compagnie avant mes traitements, se sont assurés de me simplifier la vie.
Il parle de mes deux grands garçons, si forts dans tout ça, qui m’ont apporté du beau à chaque instant. Eux qui m’ont tant manqué cet été, que je n’ai pu emmener en vacances, qui se sont satisfaits du peu de temps que j’ai eu à leur offrir.
Il parle des équipes des salles de traitement. Des personnes exceptionnelles qui m’ont accueillie chaque jour avec le sourire, m’ont fait sentir importante, ont pris soin de moi.
Il parle des gens de la salle d’attente. Forts, inspirants. Des combattants que je n’ai parfois vus qu’une fois, cinq minutes, mais avec qui j’ai échangé des encouragements.
J’ai un trou dans le fond de la tête. Je ne pourrai jamais avoir les cheveux courts sans qu’on le voie. Mais comme m’a dit ma précieuse amie, celle qui fait du beau avec les mots: «Tu auras des trous avec des brillants dedans. Pis des perruques avec des couleurs douces!»
J’ai un trou dans le fond de la tête. Et il me rappellera chaque jour que j’ai une vie riche, remplie de gens beaux qui m’ont touchée de près ou de loin. Et que je suis bien chanceuse, au fond.
Catherine Martin est enseignante de 6e année primaire à Longueuil.
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