Un jeu d’enfants

Marie-Sissi Labrèche
Publié le :

Je devrais préparer la lasagne ou du moins penser à un plan B pour le souper, comme une salade ou des foutues croquettes de poulet, parce qu’ils vont avoir faim tantôt, ça va crier, ça va réclamer à manger, mais je n’arrive pas à penser à autre chose, à préparer mon cours de bio pour demain, corriger les copies, faire le ménage, pelleter la neige sur le gazon, non, rien, je l’attends.

C’est comme ça chaque jour vers 16h30, je n’arrive plus à me concentrer sur quoi que ce soit, c’est maintenant fixé dans mon ADN. Je tourne en rond devant la porte comme une folle dans un asile avec la petite chatte qui me suit partout, ou je reste sur le sofa immobile telle une stupide statue à l’affut du moindre pas, les yeux rivés sur la baie vitrée du salon, qu’il faudrait que je lave. J’attends de la voir arriver, minuscule point bleu au loin, trainant des pieds, le sac à dos plus gros qu’une usine bringuebalant derrière la tête, j’attends qu’elle monte les quelques marches qui mènent à la maison, qu’elle tourne la poignée qui perd son étain de jour en jour, laissant des écailles brillantes sur les mitaines, qu’elle entre avec ses grosses bottes pleines de neige et qu’elle me dise ce vers quoi toutes les secondes de mes jours sont désormais concentrées: est-ce qu’on l’a écœurée à l’école aujourd’hui?

Abonnez-vous!

Activez dès maintenant votre abonnement à Nouveau Projet pour lire le reste de ce texte. Du contenu original et de grande qualité, des privilèges exclusifs, et bien plus encore.

Voir les forfaits

Continuez sur ce sujet

Atelier 10 dans votre boite courriel
S'abonner à nos infolettres