Les larmes des femmes sont dangereuses
Qui a encore peur des pleureuses en 2025? Inspirée par sa mère qui incarne cet archétype lorsqu’elle porte le deuil, notre collaboratrice sonde notre rapport collectif et intime aux débordements.
Les infections urinaires, c’est gênant d’en parler. Prise dans les dédales du système de santé québécois, notre collaboratrice rompt le silence pour raconter son chemin (de croix) vers la guérison.
Je garde un souvenir vague de ma première infection urinaire. Ce dont je me rappelle: j’ai vingt-deux ans et je traine une douleur tolérable, vite soulagée par un demi-litre de jus de canneberge et plusieurs litres d’eau. Un problème qui s’expulse à fort débit d’urine, ou pour le dire plus poétiquement: un oiseau de passage. Jusqu’à l’âge de vingt-six ans, je soigne mes quelques infections de cette manière—ma foi—naturelle, jusqu’au moment où l’une d’elles persiste. L’infection rénale, ou pyélonéphrite, pour utiliser le terme médical, m’initie à une nouvelle douleur, beaucoup moins tolérable, qui nécessite une semaine d’alitement et deux semaines d’antibiotiques. À la suite de cette unique complication, je décide de me fier dorénavant uniquement au jugement des professionnel·le·s de la santé, et d’aller voir un·e médecin dès les premiers signes d’une infection.
Un mot rapide sur le jus de canneberge. D’abord, le fait d’en boire à des fins préventives, ou curatives, me semble tout à fait bizarre, sinon suspect, quand on constate à quel point l’institution médicale moderne est méfiante vis-à-vis des traitements naturels. Ensuite, je dirais aussi que n’ai jamais vu un·e Occidental·e se gaver de jus pour régler un problème de nature infectieuse.
Mais je m’éloigne du sujet.
Depuis l’épisode pyélonéphrite, mes infections urinaires ne sont plus de la même trempe, niveau douleur. Même que le délai entre le moment où je détecte la présence d’une infection et celui où je commence à souffrir se raccourcit considérablement. Normalement, en quelques heures, je franchis un seuil et ma douleur devient urgente. J’abandonne alors le projet du jour, le travail, les ami·e·s, et je me précipite en direction de la clinique sans rendez-vous la plus proche, une bouteille d’eau à la main. Une fois dans la salle d’attente, je localise les toilettes en buvant mes litres, en sacrant, en retenant mes envies de vagir et de pleurer.
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