Lorsque Catherine Genest de Nouveau Projet m’a demandé d’écrire un article sur l’accompagnement des enfants trans, j’ai eu un sourire habité de deux émotions. La première était l’enthousiasme d’écrire pour cette fabuleuse revue et la deuxième, de la mélancolie. Et cette seconde émotion pourrait vous paraitre inattendue, alors je vous explique. 

Bien que je sois une femme trans qui a la chance de s’accomplir dans le milieu littéraire, de vivre de ma passion des mots, il reste que la mélancolie habitera toujours un peu ma vie. Mélancolie de ne pas avoir vécu une enfance trans comme je l’aurais souhaité (pour la petite histoire, j’ai grandi en région dans les années 1990, où même le mot «transidentité» n’avait jamais été entendu ni même lu). C’est en écrivant ces lignes que je me rends compte que les mots ont le pouvoir de sauver des vies. Alors oui, cette mélancolie m’habite, celle de ne pas avoir eu les mots à l’époque, moi qui pourtant suis devenue une femme de lettres. Je suis de ces personnes qui pensent que lorsqu’on accepte nos émotions, elles cessent d’être un poids à porter. D’écrire cet article aujourd’hui est une façon pour moi de guérir un peu, et de défricher ce chemin pas toujours facile pour les jeunes personnes trans d’aujourd’hui, et pour vous aussi, les parents ou les enseignant·e·s.

Je ne prétends pas être une spécialiste du genre, mais je considère que de vivre une transition me donne un certain regard sur la réalité que je vis. Les conseils que je donnerai dans cet article ne sont pas en ordre de priorité et ont pour but de suggérer un plus grand éventail d’approches avec un·e enfant trans. J’espère qu’ils vous apporteront un éclairage bienfaisant.