Faire son LIT

Jean-Martin Aussant
Photo: Flickr/fetenationale
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Faire son LIT

Et si notre futur se dessinait sur la carte d’un Québec souverain? Chose certaine, cet extrait de La fin des exils, notre Document 13, remue les cendres du projet souverainiste.

Un avenir, cela se façonne, un avenir cela se veut.

Raymond Barre

On peut subir l’avenir ou décider de le construire. Il m’est impossible d’écrire sur la fin des exils sans parler de ce qui pour moi constitue le plus grand exil collectif toujours présent dans le paysage québécois: le contrôle incomplet de notre destinée comme peuple. Les peurs, encore elles, ont contribué au fait que si le Québec ne souffre pas d’un manque total de liberté, il souffre néanmoins encore à ce jour d’un manque de liberté totale. Dans tous les contextes, l’existence s’affirme mieux qu’elle se demande.

Précisons-le d’entrée de jeu: la souveraineté du Québec n’est pas un projet anticanadien. Pas plus qu’un Canada souverain face aux États-Unis n’est un projet antiétatsunien. Et il ne faut pas vouloir faire du Québec un pays à cause de ce que d’autres nous ont fait dans notre histoire, mais bien pour ce que nous voulons faire nous-mêmes de notre avenir.

Je n’ai pas de sondage scientifique en main, ni d’étude formelle sur le sujet, mais j’ai l’intime conviction qu’une forte proportion de gens qui ont voté NON aux deux référendums ne l’ont pas fait par attachement profond au statuquo. Dire que ces deux campagnes ont été des champs de bataille remplis d’épouvantails serait un euphémisme. Tous les arguments de peur ont été lancés, marquant des points moins que gracieux, mais efficaces pour maintenir l’ordre établi.

La manufacture de doutes et les fausses promesses politiciennes de réformes sont mises à contribution dès lors que la question se pose à savoir si le Québec devrait contrôler son destin.

Près de 200 autres pays dans le monde le font pourtant déjà. Or, on n’en a jamais vu un regretter son indépendance et vouloir revenir à son ancien état de tutelle. Pourquoi serions-nous les premiers à ne pas apprécier cette souveraineté?


Pour qu’un destin conserve sa grandeur et sa noblesse il faut avoir le choix d’y consentir.

Madeleine Ferron

Il convient d’abord de définir ce qu’on entend par souveraineté. On ne parle pas d’autarcie ou de renfermement sur soi. Il s’agit au contraire d’une affirmation et d’une ouverture sur le monde, basées sur trois choses toutes simples: voter nous-mêmes nos lois; percevoir nous-mêmes nos impôts; négocier nous-mêmes les traités qui nous lient aux autres peuples du monde. Lois, impôts, traités: en d’autres termes, faire son LIT.


Jean-Martin Aussant a étudié la musique, l’économie, la finance et l’actuariat au Québec et en Europe avant de faire carrière dans le milieu financier international. Il a été impliqué en politique active comme député à l’Assemblée nationale de 2008 à 2012, puis comme chef de parti de 2011 à 2013. 


Pour aller plus loin

La fin des exils, le 12e titre de notre collection Documents.

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