Le meilleur des écrans en 2024
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Un quart de siècle après la parution d’Enter the Wu-Tang (36 Chambers), quels enseignements philosophiques peut-on tirer du célèbre groupe de hip-hop?
Les 25 ans d’Enter the Wu-Tang (36 Chambers). Les films de kungfu. Staten Island. Les essais de RZA et le taoïsme. Les styles de combat. La mélancolie du hip-hop.
En 2014, j’ai commencé à préparer un tout nouveau cours sur la philosophie du hip-hop. Dans les corridors du collège Montmorency, où j’enseigne, je voyais régulièrement des étudiants arborant un W sur leur T-shirt. Ça m’a mis la puce à l’oreille: Wu-Tang était un des vieux groupes qu’ils écoutaient encore et dont j’avais tout intérêt à parler en classe, un classique qui avait perduré jusqu’à la nouvelle génération des fans du genre.
Vingt ans plus tôt, l’âge d’or du rap tirait à sa fin. À l’époque, Tupac Shakur et Biggie Smalls, alors aspirants rois dans un pays qui leur refusait un véritable rôle politique hors de la marge, faisaient de leur supériorité devant les autres rappeurs une obsession. Issus de Staten Island, quartier new-yorkais souvent oublié, les neuf membres du Wu-Tang ont montré, à l’opposé des deux rappeurs devenus martyrs, la force d’une idiosyncrasie et d’une marginalité dont ils ont fait leur fierté. En 1993, l’année de la parution de l’album Enter the Wu-Tang (36 Chambers), ce groupe bigarré a donné une originalité nouvelle au hip-hop, un souffle toujours perceptible.
Aujourd’hui encore, ces deux voies, celle des rois et reines (Kendrick Lamar, Cardi B) et celle des jokers (Big Freedia, Death Grips), se côtoient. Aucune n’est supérieure à l’autre. Toutes deux, surtout, méritent qu’on prenne le temps de les découvrir. C’est cela, faire la philosophie du hip-hop, ou même faire de la philosophie tout court: comprendre. Un quart de siècle après la sortie d’Enter the Wu-Tang, la vision du monde défendue par le groupe fascine toujours mes étudiants, souvent bien plus que celle de Sartre.
Les enfants d’une autre ile
La plupart des touristes ne visitent Staten Island qu’un instant, avant de rembarquer sur le traversier gratuit qui permet de bien voir la statue de la Liberté depuis la baie new-yorkaise. La distance physique entre l’ile et le reste de la ville est d’ailleurs significative dans le rap du Wu-Tang. En fondant sa propre mythologie en marge, le groupe présente Staten comme s’il s’agissait en fait de Shaolin, une terre lointaine dont les habitants sont préoccupés par l’illumination taoïste et les arts martiaux, plutôt que par la compétition meurtrière et la volonté de suprématie. Ni Brooklyn, ni Queens, ni le Bronx, ni surtout Manhattan: venir d’une autre ile confère une identité propre.
En classe, je fais écouter la pièce «Shimmy Shimmy Ya» pour insister sur cette particularité du collectif, même s’il s’agit d’un solo de feu Ol’ Dirty Bastard (1968-2004). Cet amalgame rappé de baragouinages relativement indistincts rebute certains étudiants. La volonté d’originalité absolue du groupe mine à première vue la transmission d’un message clair. Ma mission de prof est toutefois de montrer que celui-ci n’en est que plus subtil et plus pérenne. Les T-shirts ne mentent pas.
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