Le meilleur des arts vivants en 2025

Photo: Maxim Paré Fortin
- Publié dans : Nouveau Projet 31
- Dossier : Nos recommandations 2025
Le meilleur des arts vivants en 2025
Voici ce que Nouveau Projet et son réseau de collaborateur·trice·s ont vu au rayon des arts de la scène cette année.
Trois humoristes à qui je souhaite secrètement un échec commercial pour pouvoir les engager pas cher à écrire pour moi
selon Colin Boudrias, humoriste et animateur
Sam Boisvert
Sam a un des humours les plus humblement intelligents au Québec. Il a le don de trouver du drôle et une surprenante profondeur à des thèmes qui semblent, pour des esprits comiques moins aiguisés que le sien, anodins. Sam fait une poésie humoristique du quotidien.
Photo: Engage un humoriste
Suzie Bouchard
Probablement la plus mainstream du lot, même si elle ne tombe jamais dans la facilité de «l’humour accessible». Humoriste, autrice, scénariste, improvisatrice, chroniqueuse, animatrice et accessoirement avocate, Suzie a un CV créatif foisonnant malgré une carrière relativement jeune. C’est une humoriste méticuleuse à l’intelligence pointue. Elle rode actuellement un spectacle; ne la manquez pas.
Photo: Eva-Maude TC
Charles Pellerin
Dans une industrie de spectacles trop souvent composés de potpourris d’anecdotes, elles-mêmes liées par un fil conducteur bancal, Charles crée des œuvres uniformes et pensées comme des touts. C’est un humoriste efficace, qui réussit toujours à faire plus que du divertissement. Son indéniable talent pour les gags est secondaire, surpassé par son audacieux souci artistique. Il rode lui aussi un spectacle.
Photo: Alexis GR
Quatre reprises à voir ou à revoir en danse
selon Emmalie Ruest, journaliste
Fé·e·s sans foi
(Georges-Nicolas Tremblay)
Quand la danse contemporaine et la comédie musicale se rencontrent: une ode aux identités queers et à toutes ces fées qui devraient avoir le droit d’exister pleinement.
Photo: Marie-Ève Dion
Cabaret noir
(Compagnie Mayday)
Ce spectacle exutoire de Mélanie Demers, chorégraphe incontournable, a été créé en 2022. Il faut aller voir ces artistes réclamer leur identité noire et se réapproprier le regard qu’on leur porte.
Photo: Kevin Calixte
L’écho des racines
(Compagnie La Sporée)
Sarah Bronsard propose un dialogue entre le flamenco et la gigue québécoise. C’est à la fois une exploration des liens tissés entre ces deux traditions et la découverte de ce qui fait leur singularité.
Photo: Vitor Munhoz
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(Andrew Turner)
Dans cette pièce solo, le chorégraphe et danseur remet en question la fixité de son identité, avec humour et intelligence. Une obsession du hic et nunc qui vient sans cesse troubler nos perceptions.
Photo: Moise Marcoux Chabot
Les artistes en danse à surveiller
selon Laurane Van Branteghem, commissaire et responsable de la programmation à Tangente
Athena Lucie Assamba
Une artiste pluri/interdisciplinaire camerounaise au charisme fou à suivre sur les réseaux sociaux et sur scène. Ses œuvres voguent entre la spiritualité, le stylisme, la neuroscience et le chant, entre autres choses.
Photo: Shalom Chianu
Achraf El Abed
Vous l’avez peut-être vu briller aux soirées Laylit? L’artiste tunisien a fui son pays après avoir reçu des menaces de mort parce qu’il pratique la danse du ventre. Vous pourrez le voir à Tangente, à l’automne 2026 (vous l’aurez appris ici!).
Photo: Ariane Labrèche
Diana León
Cette danseuse issue du ballet contemporain roule sa bosse depuis plusieurs années à Montréal. Sa dernière pièce, Nuit devient jour (aussi présentée à Tangente), qu’elle développe au sein de sa compagnie Vías, explore avec finesse la magie nouvelle et le surréalisme.
Trois pièces qui nous ont fait voyager en 2025
selon Guillaume Chapnick, auteur et acteur
Neige sur Abidjan
(Centre du Théâtre d’Aujourd’hui)
Quelque part entre Sainte-Thérèse et la Côte d’Ivoire, un fils retrouve l’héritage d’un père étranger. Dans ce bouleversant récit de griot contemporain, Iannicko N’doua propose une émouvante chronique de voyage, doublée d’une poignante saga familiale empreinte d’humour et de nostalgie.
Photo: Valérie Remise
Parler mal
(Centre du Théâtre d’Aujourd’hui)
Les voix théâtrales francophones du Canada, hors Québec, se rendent trop peu souvent à nos scènes. Dans cette douce et déchirante lettre d’amour au français vital et inspirant de l’Acadie, Bianca Richard et Gabriel Robichaud mènent une quête de réaffirmation linguistique saisissante.
Photo: Annie France Noël
Helgi
(Théâtre de Quat’Sous)
Un humour profondément noir, typique des œuvres scandinaves, règne dans cette brillante traduction de l’auteur islandais Tyrfingur Tyrfingsson, signée Maxime Allen. Un défunt colosse git sur scène. Des thanatologues dansent en chantant «Et cetera» de Gabrielle Destroismaisons au karaoké. Sombre et hilarant.
Photo: Frédérique Ménard-Aubin
Trois shows qui nous ont tellement fait rire qu’on a mis du temps à réaliser qu’on pleurait
selon Maud Brougère, codirectrice, collection Pièces
La grande mascarade
(Espace libre)
On n’est tellement plus habitué·e·s à cet univers-là sur nos scènes, celui de la farce, du mime, du jeu masqué, qu’on s’en donne à cœur joie. On rit à gorge déployée des mimiques de vicieux de Gabriel-Antoine Roy, la voix éraillée et la main dans le collant, de l’humour de répétition d’Étienne Lou, de ses masques et de son accent forcé. Leur liberté et leur audace nous soufflent et nous emportent. Alors, quand on comprend que c’est de la mort qu’on nous parle, de la passion de vivre comme seul moyen de la tenir à distance, on frémit et on réalise qu’on vient d’en faire l’expérience, tou·te·s ensemble dans la salle. Un moment de grâce.
Photo: Maxim Paré Fortin
Tout ça
(Théâtre de Quat’Sous)
Tout ça, ou «seulement ça», c’est selon. Qu’on soit de l’équipe «verre à moitié vide» ou «verre à moitié plein», on ressort tous et toutes chamboulé·e·s par cette performance extraordinaire qui consiste à faire tenir l’essence d’une vie en une prestation d’une heure sur les planches. La vie d’une femme, depuis ses premiers vagissements jusqu’à son dernier souffle; élans, désillusions, amours et suite d’anecdotes insignifiantes dont la somme constitue, au bout du compte, une existence. Evelyne Rompré s’applique à nous faire marrer tout du long pour desserrer les gorges qui se nouent tranquillement.
Photo: Frédérique Ménard-Aubin
L’affaire Magnolia
(Festival du Jamais Lu)
L’ambiance cabaret décontracté typique du festival et la belle brochette d’interprètes qui se tiennent ce jour-là derrière leur lutrin accrochent immédiatement un sourire sur les faces. Et l’histoire portée par le talent de dialoguiste de Maud de Palma-Duquet ne nous déçoit pas: des ados sous mush déterrent des arbres dans les jardins d’une banlieue cossue, une mère riche et désespérée soudoie un directeur d’école, une cellule terroriste écolo s’autofinance en vendant des muffins et Paul Ahmarani imite un écureuil. Du bon matériel pour se taper sur les cuisses. Sauf que la souffrance des quartiers bétonnés, durant ce printemps de canicule, est bien réelle, et que certain·e·s y laisseront leur peau. Sur scène, la température grimpe jusqu’à l’explosion.
Photo: Joseph Banderet
Trois conceptions théâtrales qu’on voudrait ramener chez soi
selon Émilie Rioux, journaliste culturelle et passionnée de théâtre
Les éclairages éclatants dans Les gens, les lieux, les choses
(Théâtre du Trident et Duceppe)
Le spectre dansant des couleurs psychédéliques, tranchant avec le blanc vif des néons d’hôpital, découpe une fresque de corps qui marque l’imaginaire. La conception lumineuse de Keven Dubois a (presque) volé la vedette à Anne-Élisabeth Bossé dans cette pièce renversante.
Photo: Stéphanie Bourgeois
La crèche géante de La délivrance
(La Bordée)
Pour accoucher dans un huis clos en pleine crise du verglas, quoi de mieux que l’emblématique décor de la Nativité, illuminé de toutes les décorations démesurément kitchs dénichées par Marianne Lebel? Une crèche vivante qui donne l’envie irrépressible d’installer des rideaux de glaçons dans un sapin artificiel.
- Photo: Nicola-Frank Vachon
L’environnement sonore enveloppant dans Le bizarre incident du chien pendant la nuit
(Théâtre du Trident)
Il faut l’audace de Vincent Roy pour composer une chanson chorale avec, pour seules paroles, des nombres premiers. Sa trame sonore chargée d’émotions et de surprises s’arrime parfaitement aux aventures d’un adolescent neurodivergent dans l’imprévisible monde des adultes.
Photo: Stéphane Bourgeois






